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IRAN (RELIGION DE L’)

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vainqueur dans l’avenir. Abrinian, l’auteur de la niorl, étant vaincu, les boranies vivaient dans le bonheur et immortels. Cette idée suffisait avant la réforme et se développait dans le mythe de Yima. Mais les justes qui avaient combattu pour le bien étaient-ils donc délinitivement vaincus par la mort et Orraazd avec eux ? La réstirrection couronnait son triomphe, et, si elle n’était pas exigée par le dualisme, elle cadrait du moins parfaitement avec un dualisme moral.

Ce caractère moral de la résurrection cliez les Perses est contesté par plusieurs savants. Sôdkrblom pense que lu résurrection est pour eux un simple élément constitutif de leur croj’ance naturiste au renouvellement du monde. D’après cette base, il montre que la résurrection chez les Juifs a une origine toute ditférente, le pur sentiment religieux. Nous ne pouvons admettre ce point de vue, d’ailleurs sympathique. La résurrection est mentionnée dans l’Avesla, mais toujours sous son aspect moral. Tous les textes cités par Soderblom ont ce caractère (Friiiituent ll’estergaard, IV, 3 ; Yasiit, XIII, 129 ; XIX, II. 22, 89, g4 s.). Ce qui est plus net encore, c’est que le ressusciteur, Astvat-ereta (littéralement le redresseur des corps), est le Sauveur de l’avenir : i( parce qu’il veut rendre indestructibles les êtres corporels, corps et âme ; afin de repousser la Druj (démon femelle), l’engeance bipède » (Yasht, Xlll, 129). Ce sauveur est incontestablement zoroastrien.

Il est vrai que la résurrection des Perses est toujours une résurrection générale. Mais ce n’est pas une raison pour que le dogme n’ait pas eu son origine dans une foi morale. Il se peut seulement que l’ancienne idée de la pureté absolue de la terre ait joué ici un certain rôle. Elle ne pouvait être complètement renouvelée et purifiée que si elle devenait non puante par la disparition des cadavres (Yasut, XIX, II). Pourtant une pareille idée poursuivie en rigueur eût conduit à la résurrection des animaux.

Ce qui paraît découler plus directement de l’ancien dualisme, c’est que tous les hommes ressuscites sont finalement heureux. Dans le monothéisme, une créature qui est punie parce qu’elle a péché, manifeste la justice de Dieu. Même en péchant elle n’a pas changé de nature. Dans le dualisme, le pécheur est un èlre Alirimanien. Il n’y a plus de place ])0ur lui dans un monde où toutes les œuvres d’Ahriman sont détruites. Il sera donc ressuscité comme les bons et partagera leur sort, sauf la redoutai)le crise du métal fondu. Si le crime est irrémissible, le dualisme, parfaitement conséquent, transforme le pécheur en démon ou en serpent, c’est-à-dire qu’il lui donne en partage la nature d’Ahriman. Uaprès Sôdkrblom (/. /., p. 261), ces pécheurs sont anéantis. Mais nous touchons ici à la théologie du ix<^ siècle.

Nous avons déjà dit que les Gàthas ne parlent pas de la résurrection. Elle apparaît ensuite, sans tàlonnements, comme une doctrine toute faite, issue, non point de l’ancienne religion naturiste, mais desidées de la réforme : il faudra tenir compte de ces points dans une comparaison avec la résurrection des Juifs.

On peut encore se demander si la croyance à la résurrection est en harmonie avec la célèbre coutume des Parsis, qui exposent les morts aux oiseaux de proie pour ne pas souiller la terre par l’inhumation d’un cadavre. Les religions qui enseignent la résurrection l’admettent même pour les cas où le cadavre a été pour ainsi dire anéanti, les cendres jetées au vent, etc. ; mais, d’une façon normale, elles ont le |ilus grand respect pour le corps des morts.

OrUérodoterapporledéjà qu’on n’ensevelissait pas le cadaTre d’un Perse avant de l’avoir laissé déchirer

par les oiseaux et les chiens (HÉn., I, 140). La chose lui paraît tellement énorme qu’il n’ose l’afhrmer expressément, comme une coutume avérée, que desMag « s. D’autres inhument lecadavre après l’avoir enduit de cire. Cette précaution a pour but évidemment de prévenir le contact avec la terre. On comprend ainsi comment Cj’rus et Darius ont pu se faire construire ou creuser des tombeaux. Ces tombeaux n’excluent pas l’existence des coutumes constatées par l’Avesta et que nous n’avons aucune répugnance à croire primitives. L’exposition des cadavres était connue dans llnde aux temps védiques (Oldenberg, La religion du Véda, p. 487). Plus tard la coutume des tours de silence a établi pour tous les mazdéens le même mode de sépulture : il était assez coûteux d’enduire les corps de cire. La tradition ancienne aurait ainsi prévalu, malgré son antinomie partielle avec la doctrine de la résurrection.

Si l’ancienne religion des Perses était une religion comme une autre, son sacerdoce rentre sans difficulté dans le cadre de l’ancienne histoire. Nulle part il ne paraît animé de l’esprit des propliètes, et on ne voit pas non plus qu’il ait conservé l’empreinte d’un grand prophète. Nous avons déjà vu les Mages employés aux sacrifices sanglants pour leur donner un caractère rituel, et au culte du feu. Les Perses étant menacés par la tempête, les Mages font des exorcismes auvent. Dans la même circonstance, leur mazdéisme est si peu intransigeant qu’ils font des sacrifices à Tliétis et aux Néréides, et de préférence à Tliétis parce que les Ioniens les renseignent sur la légende locale (Hér., VU, 191). Naturellement aussi ils expliquent les présages, et nous apprenons même à ce sujet qu’ils tiraient leurs présages de la lune et les Grecs du soleil ; c’était du moins leur opinion (HÉR., VII, 37). Ils savaient, comme de juste, interpréter les songes (Hér., VII, 19). Ils devinaient l’avenir au moyen de bâtons, spécialement de bâtons demj’rte ; on les comparait en cela irrévérencieusement aux Scythes (F. H. G., Il, p. gi ; Schol. Nicandr. Ther. Gl3 : yiyyjt Sk y-y.i S/j6n Mvct/tV’ji ^.ayrîûîv-rai ^-J/w y.y.’i yàû iv TTîyyjt^ tc’tt^i^ pv.’Zô^t^ tjry : ^vJovTv.i* Aff’vwv oè Iv tû Tr/5(ÛTW T^ç TCt’Tïï ; TUVTa^Sûj ; if.vt TTJç y « vT£15 yr, rt Mï ; ’30u ; Ô5tC55t5

/ » a » T ?Jsî9 « c). Pour tout dire, c’est d’eux qu’est venu le nom de magie…, et ce mot était déjà synonyme de sorcellerie au iv’et peut-être au v" siècle av. J.-C. D’après Diogène Laërce, Dinon et Aristote auraient protesté (Prooeni. ^ 8 : Tr.v ôi /ovjtcx/.v //a-/£* « v o’jS’eyvwTy.v, cï7T(y’AptTTCrg’// ;  ; Iv rrZ MayiJîôï xv.i îrj<j]v èv rf, Téy-Tzrrj tûv

eivv.f fr, ^t ôï roOzo /.v.i’Ec^uçôwcsç), et sans doute avec raison, mais l’appréciation des Grecs, si elle était exagérée, ne montret-elle pas du moins que les Mages avaient tous les autres caractères des sacerdoces orientaux ?

Dinon et Hermodore ajoutaient que le nom même de Zoroastre signifiait « sacrificateur aux astres », réhabilitation qui n’est guère dans le sens du Mazdéisme pur.

Notons cependant — et cela est conforme au mouvement vers la culture philosophique que devait amener le contact des Grecs et que nous reconnaissons volontiers — qu’Aristote (.lfe/ « /5/ !., Xlll, iv, 4, éd. Didot) les nomme après les poètes demi-mythiques, demi-raisonnanls, comme Phérécyde, et avant les grands philosophes, comme.-Vnaxagore.

Ed. Mever nous offre de trancher facilement, et d’après des sources certainement authentiques, la question delà religion des anciens Perses : n Chaque mot des inscriptions de Darius nous montre en lui un zoroastrien. n (Geschichte desvlterthums, Z’vol., 1901.) L’auteur rétracte donc énergiquement ce qu’il avait avancé sous l’influence de Darmesteter, et opine