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IRAN (RELIGION DE L’)


table pas sur de pareilles possibilités. Quant à la résurrection générale à la fin des temps, — et c’est, dit-on, la doctrine spéciale des Perses, — il n’y fait aucune allusion, pour cette bonne raison que la résurrection générale n’avait rien à faire avec le cours normal de l’iiistoire.

Le texte de Théopompe est plus formel. Mais comment n’a-t-on pas pris garde qu’il se présente sous trois formes différentes, ce qui veut dire que ses termes ne nous sont point connus ? On dirait même qu’il devient plus clair avec le temps, ce qui serait un indice qu’il a été interprété selon la marche des idées.

Dans Énée de Gaza (ve siècle) nous avons le terme technique de la résurrection de tous les morts, et attribué à Zoroastrel (Fragm. Iiist. græc, I, p. 289 :

D’après Diogènb Laishce (m’siècle) ce sont les Mages qui sont cités par ïhéopompe dans la huitième des Philippiques, et il dit seulement que les hommes revivront et seront immortels (Ed. Didot, Prooeiniuni, Q ; ’O Lv.l « >xCiî07£TÔai x « rà tîÎ/^ Môys-j ; fr^’^'t zgjç, àvffoWTT&u ; zat éVîj^ai àBv.jdxojt LyÀ TV. ovzy. r « ù KÙrûiv è : Tti</v, 7£7(

« i « , u£ « iv). D’après nos idées, l’immortalité est plutôt

la condition de la résurrection : ne serait-ce pas qu’il s’agit ici d’une nouvelle race ? Mais admettons que pour Diogène Laërce les hommes revivent pour ne plus mourir.

Plutarque donne au texte de Théopompe une physionomie sensiblement différente : Théopompe dit que, selon les mages, l’un des dieux tour à tour domine et l’autre est vaincu pendant trois mille ans ; pendant trois autres mille ans on lutte et on se fait la guerre, l’un des deux défaisant ce que fait l’autre ; à la fin Hadès serait vaincu et les hommes seraient heureux, n’ayant pas besoin de nourriture et ne faisant pas d’ombre, et que le dieu qui a combiné cela se reposait et se tenait tranquille pendant un temps qui n’est d’ailleurs pas très considérable pour un dieu : ce qui serait pour un homme un temps raisonnable de sommeil. » (De Is. et Os., 4^, éd. Bernardakis (Teub/ier) : Q^dr^fuTTr^i Si yr, 71 xxtx toù ; Mayou ; « v «  uépoi ronr ; /i>.ta èrv] ziv uh y.paT£tv riv ok /oKTïtj^Kt twv (îfitfiv, 7j.Àa Si zpi.’7-/^i’/x’j, ii.v, ’/j.i^v.i x « ( To’/£[j.ù-j y.’/'t àyyj.ùziv rà toû st£p ^-j rov erepov t£/3 ; S’ùtzcLsitî^tO’xi tsv "Aa-/iVj > : « ( ro’ji pikv cuôpt^Tloii^ sùSv.t’iJiOvKi iVîî^ai, u.r, r£ rpzy/iz ôsouEvyji pr.TZ îxtàv ~515Ûyr « 5* TÔv Si TKùra fvrix’xyc’jv.u.cjov 6sov Ip-p^Zv zat Kjv.7T « ye7Ô « ï -/pd-JO-j, « /y.W5 y£v cù 7TSLjv ûj ; ^£^, ^zTlsp S’caBp(*iT.<ji

Il est vrairueut étonnant qu’on n’ait pas reconnu Yima dans le dieu chargé de préparer l’avenir. On trouve étrange le passé employé par l’auteur grec, et on propose de le remplacer par le futur QA-/-/a."f ! iu. in)/ au lieu de u>î ;  ; « v)î72u£v5v). D’après Sôderblom, c’est obscur. Il lit / « /fl^ au lieu de « y^w ; et au lieu de v ; voudrait lire oiv, ce qui est pour moi inintelligible. On veut couiprendre la dernière phrase du repos du Seigneur après la fraskart. C’est attribuer aux Perses les spéculations théologiques des Parsis. En somme le texte est excellent. La machine de Yima est déjà toute prèle ; il attend le temps marqué. Le Yima des Védas est le roi des morts ; en faisant de Yima le roi d’un peuple souterrain de vivants destinés à repeupler le monde, les Perses n’ont-ils pas plutôt atténué l’idée de la résurrection ? Aussi n’est-il pas question de résurrection.

On a pris l’habitude de bloquer la recension de Diogène Lacrce avec celle de Plutarque pour en faire un tout. Cela est assurément contraire aux règles de la critique. Les hellénistes font très peu de cas du jugement de l’historien des philosophes. Il a pu confondre, comme cela lui arrive souvent, et sa confu sion s’expliquerait aisément s’il avait traduit « tts/ecnii^v.i. Tov "AJy ; / B l’enfer sera vidé ». La même idée est d’ailleurs venue à Boklen (Die VerwaiidisLliiift…, p. 103), mais elle nous semble exclue par le début de l’incise tê/s ; Si qui marque la tin de la lutte. Il serait étrange que Hadès fût pris ici dans un sens différent de celui du chapitre précédent dans Plutarque. Quant à Enée de Gaza, il tablait probablement sur Diogène.

On voit sur quelles bases fragiles on s’appuie quand on décrète, d’après Théopompe, que les Perses admettaient la résurrection générale au n-° siècle avant J.-C. ; — sans parler de la possibilité d’un racontar des Mages à l’historien grec.

Si la résurrection avait été admise par tous sous les.chéménides, les Gàthas devraient en parler clairement. Darincsleter l’y a vue assez souvent, mais à travers le commentaire pehivi. L’insistance de la théologie jjostérieure prouve à quel point elle eût été en situation, si elle avait été soupçonnée. C’est donc une échappatoire insuffisante que de dire avec Sôderblom (I. L, p. 2^2) : « La résurrection peut très bien avoir fait partie de la théologie des prêtres des Gàthas, quoique, dans les fragments ( !) de la littérature gàthique qui nous sont parvenus, ils n’aient pas eu l’occasion d’en parler. »

En réalité ce n’est que r.vesta postérieur qui en est arrivé à la doctrine de la résurrection.

Le texte de Théopompe que nous venons de citer met l’avenir heureux des hommes en rapport avec la lutte des dieux. C’est un point particulier de la religion des Perses, et nous ne songeons pas à en nier l’authenticité, car il découle assez naturellement du dualisme. Mais il n’est pas nécessaire pour cela que le dualisme ait pris son caractère complèlement moral. Il ne l’avait certainement pas au temps de Théopurape, puisque le dieu mauvais dominait l’autre pendant trois mille ans’. Cela était si peu dans l’esprit de l’Avesta que, tout eu conservant les périodes, on les interpréta différemment. D’après le Bundahish, Ahurmazd crée le monde d’iuie façon spirituelle, pendant trois mille ans, et à la suite d’une simple tentative d’Ahriman d’y faire irruption, il crée le monde matériel. Darmesteter III, p. li s.) montre que cette théorie remonte, selon toute apparence, à l’.4.vesta, et les Gàthas se garderaient bien de mettre Ahriman au-dessus d’Orraazd pendant une époque quelconque. Le dualisme est perpétuel : « Et les deux Esprits se rencontrèrent sur le premier créé des êtres, [apportant] la vie et la mort ; et ainsi en sera-t-il jusqu’à la fin du monde… » (Yasna, XXX, 4.)

Ormazd, devenu le dieu bon et le principe même du bien, ne pouvait être vaincu dans le passé ; c’était aussi une raison pour qu’il fût plus complètement

1. Sôderblom (p. 244) a fait un véritable contresens en négligeant cette période contenue dans les mots àvà y-ip’^ ;. .le suis obligé de le nuiintenir malgré les explications fournies dans Encyclopædia of Ucligion and Ethica, 1, 1 : ’*S ; xpv.Tzîv et y-pv-TsTcOvA indiquent ëviderauient que chacun des dieux est vainqueur ù son tour. L’objection de M. Sôderblom. que cela est en contradiction avec le mazdéisme récent, me touche torl peu. Notons encui-e, pour en huir avec Thcoponipe. qu’il ne compte que trois périodes dans l’histoire du monde : deux périodea où règne chacun des dieui, et une période de lutte. Ce qui suit est la consommation de » choses, la fin. Si donc le Bunduhish a ajouté une période de trois raille ; ins, c’est que lu consommation a été prise ptiur l’ère messianique de la prédication fie Zol-oastre, ci, commi ; la fin ne venait pas. on a ajouté trois mille ans en imaginant la théorie des trois sauveurs, fils de Zoroastre. Cela soil dit d’avance pour exclure le rapprochement entre les quatre périodes des Perses et les (luatt-e empires de Daniel (Stave, L’.. p. ISl s.).