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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

1040’organisées par M. Duthoit, avec ces extensions universitaires, grâce auxquelles la bonne parole de l’Aima mater est successivement portée clans toutes les grandes villes de la région ; avec ses étudiants plus unis et mieux groupés que partout ailleurs.

— Angers, aussi indépendante que Lille à l’égard de l’enseignement ofliciel, — il n’y a d’université de l’Etat ni dans cette ville, ni dans les villes voisines, — exposée aux inconvénients qu’entraîne cette situation, nécessité de créer à grands frais tous les moyens de travail, défaut de relations entre les professeurs libres et ceux de l’Etat, mais échappant d’autre part aux multiples désavantages qui résultent du voisinage immédiat et de la concurrence, soit qu’on y résiste, soit qu’on y cède ; l’université d’Angers s’est établie sur un terrain inoccupé ; elle n’a pas été étouffée par une voisine et, si petite qu’elle soit, elle s’impose à l’attention, non seulement parce qu’il n’y a aucun établissement scientifique comparable dans la région, mais par la valeur intrinsèque de l’enseignement que distribuent les quarante professeurs ou chargés de cours de ses quatre facultés, et les dix-sept professeurs de son Ecole supérieure d’agriculture. Celle-ci, création de plusieurs des plus notables propriétaires fonciers de la région, est appelée à rendre, dans ce pays tout agricole, des services analogues à ceux que rend, dans le Nord, l’Ecole des hautes-études industrielles de Lille ; depuis iSgf^, date de sa fondation, cette école a conféré igdiplônies d’ingénieurs d’agriculture et ^5 certificats d’éludés agronomiques. En 1 909, on y a adjoint une Ecole supérieure de commerce. Par les Conférences littéraires de l’Ouest, œuvre due au comte du Plessis de Grenedan, et qui prospère dans quatorze villes, l’université d’Angers est devenue elle aussi un centre important de vie intellectuelle pour tout le pays.

— Lyon a fait surtout œuvre d’école normale pour les départements du Sud-Est et s’est consacrée à cette tâche avec le plus infatigable dévouement, sans oublier, elle non plus, la nature du milieu où elle s’est fondée et ses exigences propres ; c’est ainsi que, parallèlement à l’enseignement supérieur proprement dit, la faculté des sciences a organisé l’enseignement des sciences appliquées en vue des carrières industrielles et commerciales, si nombreuses et si recherchées dans le Rhône, l’Ardèche, la Loire, et que cette même faculté a contribué très efhcacement à la fondation et à la prospérité de VEcole supérieure de la Salle, destinée à l’enseignement professionnel des jeunes ouvriers, école qui compte près de deux cents élèves ; Lyon a ses quatre facultés, où professent quarante-huit maîtres ; son Observatoire magnétique de Founières ; ses cours publics et gratuits du soir pour le droit, ses conférences du vendredi, ses cours déjeunes tilles ; Lyon s’honore justement de la part prépondérante qu’ont eue, dans nos congrès catholiques, tant de ses maîtres et en première ligne le dojen actuel de la faculté de droit, le grand avocat, le grand orateur Jacquier. — Toulouse, après avoir donné, comme les autres, tous les enseignements qui appartiennent à une université, sauf la médecine, et qui a compté, auprès de ses apologistes, des savants et des littérateurs si distingués, s’est vue, par la réforme du cardinal Mathieu, privée de l’enseignement du droit et réduite à une douzaine de chaires littéraires et scientifiques ; mais, en revanche, elle est devenue, sous l’active direction de Mgr BatifTol, l’une de nos toutes premières écoles catholiques dans l’ordre des sciences sacrées ; telle est vraiment sa marque distinctive.

Si chacune de nos universités a ainsi donné sa note propre et travaillé, de préférence, à telle ou telle partie de la tâche qui nous incombe, toutes ont

collaboré à une œuvre commune, très utile, très nécessaire même, et c’est ce que je voudrais maintenant mettre en lumière.

Les universités catholiques peuvent être envisagées à différents points de vue.

Elles sont un moj’en de préservation pour la jeunesse laïque sortie de nos collèges, dont elles continuent l’œuvre.

Elles jouent le rôle d’écoles normales supérieuresde l’enseignement libre.

Elles tendent à former une élite intellectuelle dansle clergé.

Elles sont des foyers chrétiens de haute science et favorisent la formation et les progrès des savants, catholiques qu’elles rapprochent.

Elles ont, eniin, une mission doctrinale qui doit tendre à l’aire d’elles, — non pas, certes, les organes de la vérité religieuse, ce rôle incombe au Pape, aux conciles, aux évêques, — mais les régulateurs de la vie intellectuelle des catholiques et les apologistes de la vérité.

c) Services rendus par les universités catholiques : préservation de la jeunesse laïque. — Quels services ont rendus et rendent, à cliacun de ces points de vue, nos universités catholiques françaises ?


Le premier fut, à l’origine, le mieux compris, je dirai presque le seul aperçu, non seulement de la masse des catholiques, mais même de la plupart des évêques. Faire dans l’enseignement suiiérieur ce que, grâce à la loi Falloux, on faisait, depuis vingt-cinq ans, dans l’enseignement secondaire : tel fut le premier but De là cette préoccupation qui s’est partout manifestée de fonder, avant toutes les autres, une faculté de droit et, s’il se pouvait, une faculté de médecine.

Celle-ci était l’objet des désirs les j)lus intenses, les j)lus vivement exprimés ; on ne s’arrêta que devant l’énorniité des difficultés matérielles et des dépenses ; Lille seule, nous l’avons dit, put aller jusqii’au bout et lit grandement les choses. Elle a envoyé dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais et dans plusieurs de nos provinces un millier de médecins et ])rès de deux cents pharmaciens : « De partout, disait Mgr Baunard, en 1892, on nous demande des médecins chrétiens, des médecins de chez nous. On leur fait de belles oiTres, on leur tend les bras : c’est le salut d’un iiays. Mais nous n’y pouvons suffire, et à ces demandes sans On, nous répondons d’ordinaire : Commencez donc par nous envoyer des étudiants, dont nous ferons des docteurs qui vous reviendront ensuite pleins de science et de foi. » NoJis le disons aux pères et aux mères de famille, à qui l’âme de leur fils est chère plus qu> tout le reste. Nous le disons aux curés : un bon médecin, c’est un vicaire. Nous le disons aux pro|iriétairts chrétiens : ne pourriez-vous vous cotiser jiour donner ou pour avancer seulement à un jeune homme les frais annuels d’études médicales, alin d’assurer plus tard son concours dévoué à la commune que vous habitez ou que vous administrez ? »

A côté de l’œuvre scientifique, l’œuvre charitable et sociale qui forme, elle aussi, le médecin chrétien ; il a été fait à l’hôpital de la Charité, en dix ans, plus de500.ooo visites de malades. Lesàcnx.Vaterni lés ont reçu ensemble 16.000 mères, depuis leur fondation. L’asile des Cinq-Plaies, de 1877 à 1908, a recueilli i.ioo infirmes, et l’hôpital Saiiil-.4ntoine de Padoiie, 4.443 enfants depuis 1890 ; la maison de sauté Sniut-Camille, depuis 1908, a reçu 1.333 malades et la maison Saint-Raphaél, 5.597, depuis 1889 ; les consulta-