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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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du R. P. eliancelier, par notre ministre de l’instruction publique, après entente avec son collègue des affaires étrangères ; le gouvernement français assure le traitement des professeurs qu’il nomme. Les inspecteurs envoyés cliaque année, au moment des sessions d’examen, sont unanimes à loiier l’enseignement des maîtres et le savoir des candidats.

En igoi, le haut enseignement reçut un nouveau complément par la création d’une fucullc orientale. C’est une école de philologie, où l'étude de la langue arabe occupe une place privilégiée. Les ressources particulières offertes par la situation même de Beyrouth en pays de langue arabe et par la riclie bibliothèque de l’aniversité, qui possède loo.ooo volumes imprimés et 3.ooo manuscrits, assurent à l'étudiant européen toutes les facilités pour une étude approfondie et scientiQque de cette langue. En faveur des étudiants qui se destinent à l’enseignement de l’Ecriture sainte, on a fondé, àcôlé descours d’arabe, des cours d’hébreu, de syriaque, d’arcliéologie, d'épigrapliie, d’histoire. La faculté orientale de Beyrouth admet des auditeurs de toute nationalité et de toute religion, pourvu qu’ils justifient des conditions de science et de moralité généralement requises de tout étudiant d’une faculté catholique.

Le rôle scientifique de l’université Saint-Joseph est secondé par l’imprimerie catholique, adjointe à l’université depuis 1853. Destinée, en principe, à la diffusion des ouvrages de classe et de propagande, on n’y a cependant jamais négligé les publications d’un caractère plus relevé. Les manuels classiques sortis de ses presses, deux revues, le Machriq, fondé en 1898, eiles Mélanges de la faculté orientale (<jo(>), (sept volumes actuellement parus) ont conquis la faveur des orientalistes du monde entier. Le P. Sébastien Ronzevalle a été élu correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

Enfin, on annonce, pour novembre igiS, l’ouverture d’une Faculté de droit, filiale de l’université de Lyon, et d’une Ecole d ingénieurs citils.

C’est, de toutes manières, une œuvre vraiment scientifique et c’est aussi une œuvre bien française, que celle qui s’accomplit à Beyrouth.

I>) Shang-hai et Tokio. — Le projet d’une université catholique en Chine, envisagé à diverses reprises par les missionnaires jésuites, a reçu depuis longtemps un commencement d’exécution à Shanghai. H existe aux abords de cette ville des tronçons qui ne demandent qu'à se rejoindre : d’une part un séminaire théologique pour les missionnaires européens et les prêtres indigènes, d’autre part un établissement considérable d’enseignement secondaire, pareillement ouvert aux Européens et aux Chinois ; des observatoires météorologiques et astronomiques, etc.

Plus récemment, des missionnaires jésuites ont été appelés au Japon pour y préparer la fondation d’une université catholique, et se sont fixés à Tokio. Ils y ont fondé une école supérieure qui a obtenu la reconnaissance officielle du gouvernement japonais et a ouvert quelques cours en langue allemande.

IV. Lks UNIVKnSITÉS CATHOLIQUES FRANÇAISES :

Paris, Angkrs, Lille, Lyon, Toulouse

« ) CoDsldérations générales- — Dès 1861, dans

un volume intitulé : Des études religieuses en France depuis le dix-septième siècle jusqu'à nos jours, l’abbé Duilhé de Saint-Projet, qui devait être un jour recteur de l’Institut catholique de Toulouse, après avoir dépeint l'œuvre de l'épiscopat belge à Louvain, .s'écriait : « Que ne ferait point l'épiscopat français,

au sein d’une nation souveraine dans le inonde civilisé ! »

Cette idée que la France devait compter un ou plusieurs Louvain, et que les catholiques de notre pays sauraient en tirer le même parti que leurs frères de Belgique, s'était emparée de l’esprit des plus ardents, des plus convaincus parmi les nôtres, et était destinée à y grandir jusqu’au moment où elle entraînerait, sinon l’opinion générale, du moins les voles des conservateurs et des vrais libéraux de l’Assemblée nationale. Quelques-uns même, se fondant sur la prospérité des collèges libres et ne soupçonnant pas l'étrange puissance de contradiction et d’apathie qui demeure au fond de beaucoup d'àræs catholiques, se faisaient de grandes illusions. Tel le P. d’Alzon qui, dans un rapport de 1872, d’ailleurs plein de vues justes et pratiques sur l’organisation de l’enseignement supérieur lil)re, se demandait, — tout en concluant à l’affirmative, — si des facultés d’Etal devraient et pourraient subsister après la proclamation d’un régime de liberté. Tel aussi M. Beluze qui, fort des mêmes calculs et des mêmes probabilités, escomptait un minimum de cinq cents auditeurs pour les cours supérieurs qu’il fondait au Cercle catholique du Luxembourg en attendant le vote de la loi, et qui fut très surpris de ne pas dépasser vingt-neuf inscriptions, chiffre qui aurait dû donner à réfléchir.

Des cinq universités qui furent fondées aussitôt après la promulgation de la loi du la juillet 1876, — nombre qu’on a depuis trouvé excessif, mais qui ne paraissait pas l'être quand on considérait, en prenant la Belgique pour terme de comparaison, l'étendue de la France et la population des collèges catholiques, — de ces cinq universités, dis-je, aucune n’a joué le rôle total, n’a exercé l’action d’ensemble de l’université de Louvain, et il faut aller jusqu'à reconnaître qu’elles n’ont pas même, à elles toutes, joué ce rôle ou exercé cette action. Seule l’université de Lille a approché du but et rappelé Louvain, ce qui lui a valu d’ailleurs de se heurter à des hostilités plus vives que celles qui ont assailli ses sœurs ; elle s’est constituée dans un milieu analogue à celui de Louvain, dans un pays où les catholiques sont nombreux, puissants, riches, indépendants, groupés ; elle a pu, du premier coup, présenter un ensemble complet de facultés, se sulTire à elle-même, aflirmer son entière autonomie à l'égard de l’Etat ; elle a été une institution régionale, fleur et fruit d’un patriotisme local ardent et éclairé ; celle d’Angers, quoique dans une plus faible mesure, i)rofilait de circonstances du même genre et prenait, dans la région de l’Ouest, une attitude semblable ; mais elle n’a pu acquérir une influence comparable à celle de Lille, parce qu’elle était dans un milieu moins actif, moins industriel, moins riche et moins passionne ; elle a soulTert du petit nombre des élèves et de I’i : isuffisance des ressources ; à Paris, les étudiants, quoiipic plus nombreux qu’ailleurs, étaient pour ainsi dire noyés dans le flot des élèves de toutes sortes qui sui cnt les cours des facultés ou des grandes écoles de l’Etat ; et l’institution même, dans une ville aussi pcui)lée, aussi riche d'établissements prospères et illustres, avait peine à fixer l’attention et surtout : 'i faire naître l’espèce de fierté que suscite, dans une moindre ville, toute institution originale, fût-elle médiocrement l)ien vue de la majorité ; Lyon, toutes proportions gardées, souffrait des mêmes inconvénients que Paris et comptait trop peu d'étudiants pour une région trop vaste ; à Toulouse enfin, de bonne heure, le recrutenumt fut presque exclusivement ecclésiastique. Pour qu’une université arrive à tenir dans un<^ nation la place qu’a Louvain en Belgique et remplisse intégra-