Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/523

Cette page n’a pas encore été corrigée

1033

INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

1034

France : l’université Saint-Joseph, avec ses trois l’acultés : pliilosopliie et théologie, — médecine, — faculté orientale, et son grand collège secondaire classique.

La reprise de la mission de la Compagnie de Jésus en Syrie date de 1831. Huit ans plus lard, les Pères s'établirent à Beyrouth, qui ne comptait ])as alors plus de 20.000 habitants et qui eu a i-io.ooo aujourd’hui ; en iS/Ji, ils y ouvrirent une école. Pour répondre au vœu de la Propagande, et au désir des patriarches orientaux, en S ! ii, à Ghazir, dans le palais d’un émir de la montagne, ils entreprirent la fondation d’un séminaire oriental, fondation qui fut un moment interrompue par la guerre des Druses contre les chrétiens, mais reprit aucromnienccmentde 1846. Neuf ans plus tard, un collège était annexé au séminaire ; les deux établissements firent de rapides progrès ; en 1859, on comptait 80 séminaristes et 120 élèves au collège.

Cependant on sentait bientôt la nécessité de transférer à Beyrouth même, où les Presbytériens américains avaient ouvert, en 1866, une université llorissante, ce collège que sa situation excentrique ne rendait i)as suflisammcnt accessible. La dilliculté de trouver des fonds et d’obtenir le terrain nécessaire retarda de plusieurs années l’exécution de ce projet. Enlin, en 1875, les cours du collège et ceux du séminaire s’ouvrirent à Beyrouth dans les bâtiments qu’occupe encore l’université. Dès lors aussi, on prit ce titre d’université, pour ne pas laisser aux jirotestants le monopole d’un nom qui sonnait bien aux oreilles orientales. Les décrets de 1880, en arrachant les Jésuites à leurs collèges de lrance, leur permirent de multiplier àBeyrouthle nombre des chaires ; l’enseignement de la théologie, de la philosophie, des sciences, atteignit alors son développement normal. L’année suivante, Léon XIII consacrait r(r-uTe accomplie en érigeant canoniquerænt la nouvelle université ; elle recevait le droit de conférer les grades académiques et les diplômes de docteur en philosophie et en théologie, conformément aux usages de l’université grégorienneàRonie. Le séminaire compte environ 70 étudiants répartis entre les divers rites syrien, chaldéen, arménien, copte, maronite, latin. Il a fourni 3 patriarches, le Maronite actuel, le Chaldéen et l’expatriarche des Coptes, 22 évêques et 26/J prêtres.

Les programmes du collège ont été remaniés plusieurs fois depuis sa fondation et suivent d’assez près ceux de France. Aprèsla se])tième, bifurcation : cours

« classique » et cours n français » : celui-ci couronné

par un « certilicat d'études i>, celui-là conduisant au baccalauréat «. Ues « cycles », celui ([ui est le plus en faveur est le latin-langues » ; le grec est enseigné, mais est facultatif. Plus complexe qu’en France, l’enseignement du collège embrasse deux langues principales : français (avec ou sans les langues classiques), et arabe — sans parler des langues proprement accessoires, telles que anglais, allemand, italien, turc. Naturellement les programmes d’examens doivent faire à chacune des deux langues principalesde l’enseignement sa part.

L'équivalence du baccalauréat est reconnue aisément parle ministère de l’instruction publique pour ceux des jeunes Orientaux qui veulent poursuivre en France leurs études de droit ou de médecine. Les élèves de nationalité française peuvent, s’ils le désirent, subir les épreuves régulières du baccalauréat, soit à Smyrne, soil à Constantinople, devant un jury dont la formation est conliée à l’Ecole française d’Athènes, soit à.lexandrie, où le consul de France est autorisé à former un jury d’examen.

Le collège de Beyrouth compte normalement de

450 à 500 élèves. A l’heure présente, près de 3.700 élèves y ont fait leurs études en tout ou en partie et occupent toutes sortes de fonctions, médecins, avocats, ingénieurs, banquiers, agronomes, agents et employés, commissionnaires en marchandises, journalistes, négociants, propriétiiires fonciers. Le ministère des affaires étrangères françaises accordait I 5.000 francs de bourses à des enfants choisis parle consul de France et placés au collège. Cette subvention, réduite de 7.000 francs en igoS, fut supprimée en 1906, à la suite delà néfaste visite de M. Chariot,

Mieux inspirés et plus dévoués aux intérêts français avaient été Gainbetta et Jules Ferry, lorsqu’ils s'étaient intéressés à la création de l'école de médecine qui devait, en 1883, s’ajouter à la faculté de philosophie et de théologie. Le premier règlement, qui est comme la charte de la fondation de l'école, fut communiqué au R. P. Normand, alors supérieur de la mission de Syrie, le 15 septembre 1883, par Jules Ferry. Quatre ans plus tard, le premier cycle d’enseignement était couvert et les examens de doctorat étaient subis en présence d’un inspecteur, le docteur Villejean, professeur à la faculté de Paris, délégué par M. Goblet, ministre de l’instruction publique. A la suite d’une nouvelle inspection et du rapport du docteur Landouzy, qui témoignait, comme son prédécesseur, du bon fonctionnement de l'école et de la nécessité de favoriser son développement, le ministre d’alors, M. Lockroy, par un acte du 6 octobre 1888, réorganisait l’enseignement et décidait ([ue les élèves recevraient un diplôme de docteur en médecine, délivré par son département, sous la signature du ministre de l’instruction publique ; il accordait du même coup à l'école le titre de faculté.

Le diplôme de Beyrouth, reconnu i)ar le gouvernement égyptien (iSgo), ne jouissait [>as de la même faveur en Turquie. Ceux des étudiants qui étaient soucieux de se mettre en règle devaient se soumettre, à Constantinople, aux hasards d’un « coUoquium n qui tournait facilement à l’examen. D’autre part, si le diplôme français était reconnu comme valable pour les colonies, il ne conférait pas de plein droit la licence d’exercer sur tout le territoire de la République. Un nouveau pas fut fait en 1894 : le ministère décida que les élèves de la faculté de médecine de Beyrouth, pourraient obtenir dorénavant, à Beyrouth même des diplômes équivalents à ceux que délivrent les facultés de France. Mais cette faveur créait une difficulté de plus pour la reconnaissance du diplôme par la Porte ; en 1898, après de longues négociations, activement menées par le chancelier de la faculté, le R. P. Cattin, et secondées habilement par M. Camhon, un accord intervint entre Paris et Constantinople : désormais, une commission ottomane viendrait se joindre, à BejTouth, aux délégués du ministère de l’instruction publique pour faire passer les examens ; médecins et pharmaciens recevraient un double diplôme : celui du ministère de l’instruction publique de France et celui de la faculté impériale de Constantinople.

En 1908, la faculté de médecine célébra le vingtcinquième anniversaire de sa fondation. Depuis trente ans, elle a formé 500 médecins ou pharmaciens, actuellement dispersés dans toutes les parties de l’Empire ottoman : Syrie, Palestine, Mésopotamie, Anatolie ; on en retrouve dans les îles de l’Archipel, en Grèce, en Egypte, dans le Soudan, en Abyssinie, au Sénégal, en Amérique, au Tonkin, en France même.

Le nombredes élèves atteint aujouril’liu1300 ; aussi faut-il construire denouveaux bâtiments. A la faculté a été adjointe, en 1907, une école préparatoire (70 élèves).

Les professeurs sont nommés, sur la présentation