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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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paysanne, se laisse, peu à peu, gagner par les mêmes sympathies.

BiBLioGRAi’HiE SOMMAIRE (cf. dans Au sortir de l’école, une bibliograjjliie détaillée). — - Abbé Bozon, Les patrunages paroissiaux (Lyon) ; chanoine Le Conte. Petit manuel pour ta fondation et la direction des patronages ruraux (Chàlons-sur-Marne) ; chanoine Mury, Métliode pratique des œuvres de jeunesse (Paris) ; chanoine Beaupin, L’éducation sociale et les cercles d’études (Paris) ; Max Turnianii, .4u sortir de l’école, les patronages (Paris) ; id., L’éducation populaire : les œures complémentaires de l’école (Paris) ; L. Delpérier, Les colonies de vacances (Paris).

Max TURMANN.

VII. — LES UNIVERSITÉS CATHOLIQUES

I. PRINCIPliS GÉNÉRAUX

La question des universités catholiques est née au xix" siècle. Elle s’est posée, en principe, le jour où les universités d’Etat ont cessé d’être confessionnelles, en fait, à partir du moment où, non contentes de se séculariser, elles n’ont plus tenu un compte suffisant de la religion établie et de la doctrine révélée. Pendant longtemps, le spiritualisme elirétien qui continuait à régner dans les universités d’Etat et la prudence des gouvernements qui ne toléraient pas de trop grands écarts de la part des maîtres avaient fait subsister un certain niodus vivendi dont la masse des catholiques s’accommodait tant bien que mal. L’idéal tle l’Eglise, en effet, c’est l’université d’Etat conformant son enseignement au dogme catholi<[ue, partout où le dogme peut se trouver en cause. A la rigueur, elle se contente du respect ; le jour où leur conscience de croyants est décidément atteinte, les lidéles, malgré l’incontestable inconvénient de faire bande à part, réclament des universités à eux. Et la question se pose dans chaque pays d’autant plus tôt, et avec une acuité d’autant ])lus vive, que ce pays marche jjlus vite dans la voie de la laïcisation, au sens où on entend ce mot aujourd’hui.

Quelques pays, r.llemagne et l’Autriche, par exemple, ont essayé de donner satisfaction aux catlioliques en constituant dans certaines universités des facultés de théologie catholique, autrement fortes par le nombre des chaires et le caractère scientilique de l’enseignement, que ne le furent les nôtres de 1808 à 188/|. Mais qui ne voit que cet expédient est tout à fait insuffisant ? A part quelques cours de vulgarisation qui peuvent intéresser le grand public, les facultés de théologie ne s’artressentqu’aux clercs ; en tout cas, leurs programmes ne comportent que les sciences dites sacrées. La philosophie, l’histoire, les sciences naturelles, les sciences morales, [)olitiques, économiques, juridiques, réparties entre d’autres facultés sont, et à tout le moins peuvent toujours être enseignées dans un esprit tout à fait antichrétien. D’ailleurs, bien qu’en un certain sens il soit vrai que les diverses sciences aient été se spécialisant, il ne l’est pas moins que toutes se soutiennent, s’appellent, se compénétrent. Le christianisme suppose un certain système du monde, une certaine philosophie, une certaine histoire. Si ce système du monde, cette philosophie, cette histoire, sont démontrés fau.K, le christianisme s’écroule. La faculté de théologie catholique, accolée à des facultés rationalistes et antichrétiennes, apparaît dans un isolement ridicule et dangereux : son œuvre est constamment battue en brèche par celle des autres facultés, où l’on

travaille à ruiner les principes mêmes sur lesquels repose son enseignement à elle.

Voilà pourquoi l’unique solution qui puisse donner satisfaction aux catholiques, en dehors de l’université d’Etat totalement confessionnelle, c’est l’université catholique libre et intégrale.

Et ceci nous explique enfin comment, si l’on met à part l’Irlande et la Suisse où subsiste, à côté du principe delà liberté, une répartition territoriale des confessions religieuses, ceci, dis-je, nous explique comment, dans tous les grands Etats modernes, la question des universités catholiques se trouve liée en fait à celle de la liberté de l’enseignement supérieur. Tel est notamment le cas de la France.

11. Les DNiVBnsiTKs catholiques en Europe (moins la France)

a) Louvain. — De toutes ces universités intégralement catholiques, — les seules dont nous voulions nous occuper dans ce travail, — la plus ancienne est celle de Louvain, née, en 1834, de la réaction des catholiques belges contre les tentatives de protestantisation qu’ils avaient eu à subir du régime hollandais. Elle n’est pas seulement la plus ancienne. Elle est le modèle des autres, parce qu’elle est la plus complète et que, grâce aux conditions de son développement, il lui a été donné de remplir, avec plus de perfection, sa triple mission : scientilique, sociale et religieuse.

Moins de quatre ans après la proclamation de l’indépendance de la Belgique, en février 1834, à l’instigation de Mgr van de Velde, évêque de Gand, et de Mgr Sterckx, archevêque de Malines, les évêques belges décidaient d’organiser, outre les cours de théologie, d’autres facultés, voire une uniiersitas studiorum, et, avant même d’en lixer le siège dans la vieille cité brabançonne, ils rappelaient, par une émouvante proclamation au peuple belge, « la gloire dont jouit pendant quatre siècles la célèbre université de Louvain, où la science unie à la foi formait des hommes instruits et de bons chrétiens ».

L’œuvre naissante fut conûée à Mgr de Ram qui, avec une remarquable sûreté de coup d’œil et le sens précis d’un administrateur avisé, la constitua dans tous ses organes essentiels, à commencer par les cimi facultés traditionnelles, de telle sorte qu’il n’y eut plus par la suite qu’à la développer, en tenant compte des progrès de la science, des besoins du pays et des exigences particulières de chaque épo(luc. A Louvain, on compr.t, presque dès l’origine, qu’une université moderne ne comporte pas seulement l’enseignement de « disciplines » purement spéculatives, mais qu’elle est un organe vivant, un cerveau, si l’on veut, destine à donner le branle à la vie intellectuelle sous toutes ses formes. Or, c’est en grande partie au service de la vie économique que se dépense, dans nos sociétés contemporaines, la vie intellectuelle. De cette vérité, nul ne se montra plus convaincu que le successeur immédiat de Mgr de Ram, Mgr Laforêt. Il attacha son nom à la création de plusieurs Ecoles spéciales qu’il put doter de laboratoires et de collections grâce au concours généreux de la grande industrie. Aujourd’hui, l’association des ingénieurs sortis de Louvain compte jikis d’un millier de membres. A deux professeurs de l’école des mines, Guillaume Lambert et André Dumont, revient l’honneur de la découverte du bassin houiller du Limbourg : « Nous vous savons gré, disait, en un langage imagé, l’ingénieur Hubert à André Dumont, d’avoir serti ce brillant noir dans la couronne de perles qui orne le front de notre Aima mater. »