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INSTRUCTION Dfi LA JEUNESSE

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liques ; ils meltent en rapport les unes avec les autres les différentes associations ; les hommes de zèle se g-roupent peu à peu et constatent, parfois avec ctonnement, que leurs ellorts spontanés et non concertés ont abouti à des institutions analogues, quoique présentant des différences d’org-auisation.

Les œuvres de jeunesse prolitèrent de ce mouvement de restauration religieuse. Mais, tout en se développant, elles restèrent quelque temps encore ce qu’elles avaient été à l’oricfine : le fait d’individualités zélées, de plus en plus nombreuses, il est vrai, mais n’ayant pour la plupart dans l’Eglise aucune autorité officielle.

La laïcisation de l’enseignement primaire amena le clergé paroissial à s’occuper avec zèle des patronages ; aussi peut-on dire qu’avec les lois de 1882 commença pour les associations d’apostolat une période de croissante activité et de grand développement.

Toutefois, ce n’estpas du coté des patronages que les catholiques portèrent leurs premiers et plus énergiques efforts : aux écoles neutres de l’Etat, ils cherchèrent d’abord à opposer des établissements confessionnels et libres. Assurément, il se Ut alors de grandes et belles choses, qui resteront l’honneur des chrétiens français.

Mais la générosité et le dévouement eurent beau être admirables, il fallut bien se rendre à l’évidence : dans les établissements congréganistes, on ne pouvait vraimentespérer rassembler tous les écoliers baptisés de France. Il y avait des milliers et des milliers d’enfants qui, pour des raisons diverses, étaient obligés de fréquenter l’école neutre et officielle. L’Eglise ne pouvait abandonner toutes ces âmes juvéniles, irresponsables, aiirès tout, de l’enseignement qu’on leur donnait : pour effacer chez ces pauvres petits a laïques » ce que certains chrétiens regardaient presque comme une sorte de second péché originel, le patronage s’imposait comme une institution baptismale. Le clergé le comprit et l’épiscopat lit entendre d’opportuns avertissements. Bientôt, en effet, un évêque, Mgr de Chàlons, écrivit : u Quel est le but principal des pasteurs ? La iiersévérance des jeunes gens. Quel moyen efficace de l’atteindre ? C’est le patronage ; l’expérience a déclaré les autres chimériques, quelquefois déclamatoires, toujours impuissants. .. Le jditr ou, Il défaut d’aulre tucul, tout curé écrira sur la porte Je sou presbytère ce mot : Patronage de la jeunesse, ce jour-là sera ta date d’une ère nouvelle : nous aurons notre renaissance de la foi. » (Lettre de Mgr l’évéque de Chàlons |22 janvier 1880] à M. l’alihé Le Conte, viciiire général de Chàlons. Cf. Petit Manuel pour la fondation et la direction des patronages ruraux ; Cliàlons-sur-Marne, imprimerie Martin.)

Sans doute, messieurs les curés ne mirent pas tous l’écrileau en <pieslion. (iependant — - les chiffres que nous citons plus haut suffisent à le prouver — beaucoup d’entre eux, sans, pour cela, abandonner leurs écoles libres, adoptèrent et soutinrent de plus en plus l’œuvre du patronage qui permet, relativement à peu de frais, de réparer en partie le mal causé par la déchristianisation de l’école publique. On peut donc allirmer que la laïcisation de l’enseignement primaire, en laissant au clergé toute la charge de la formation chrétienne de la jeunesse populaire, dont une fraction seulement fréquentait les écoles confessionnelles, a rendu indispensable le développement rapide des patronages. Ce développement a pu heureusement se produire, parce qu’au moment opportun il s’est trouvé dans le clergé et parmi les laïques chrétiens un i)ersonnel nombreux, prépai-é et décidé à l’action.

Et d’abord le personnel ecclésiastique compétent et

actif augmenta, en nombre, chaque année : ce fut, en majeure partie, le résultat des conférences d’oeuvres instituées dans les grands séminaires, et dont la plus ancienne est cependant de création relativement récente, puisqu’elle a été fondée à la un de 1871, à Saint-Sulpice.

Le but de ces conférences d’œuvres fut double : voici comment il est résumé dans des « notes » publiées i)ar l’Union des Associations ouvrières (cf. Compte rendu du congrès du.UdHs, octobre iS’jg, p. 201, Aotes sur tes conférences étal/lies dans les grands séminaires pour l’étude des ceuvres ouvrières) : i" produire dans i’àme des séminaristes une conviction très profonde de la nécessité des œuvres ouvrières catholiques à notre époque ; 2" examiner en commun les moyens pratiques de fonder les œuvres ou de les maintenir si elles existent déjà. La première de ces conférences d’œuvres a été établie durant les derniers mois de l’année 1871’. Cet exemple donné par le grand séminaire de Saint-Sulpice a été suivi : en 1873, il existait six conférences, en 18-6, on en pou. vait compter quinze ; en 1881, on atteignait la quarantaine, et dix à douze ans plus tard, il n’y avait peut-être pas, en France, un grand séminaire où n existât, sous une forme ou sous une autre, un groupement d’études sociales. Et ceci explique, en partie, le développement des patronages, surtout pendant les dix dernières années du xix’siècle, car le patronage est assurément l’œuvre dont se sont le plus occupés les membres des conférences d’œuvres.

Les séminaristes et les prêtres ne furent pas seuls à se donner, avec plus d’activité et en plus grand nombre, aux œuvres de jeunesse ; ils trouvèrent dans les laïques des auxiliaires dévoués, et entre ces deux éléments ne larda pas à s’établir une heureuse émulation.

A l’imitation de ce qui se faisait dans les grands séminaires, on organisa, dans beaucoup de collèges catholiques, des conférences d’œuvres dans lesquelles les jeunes gens furent initiés aux principales formes de l’apostolat moderne (sur ces conférences d’œuvres dans les collèges, on peut consulter les Comptes rendus des Congrès de l’Association catlinlique de la jeunesse française, en particulier de r.A.ssemblée tenue à Lyon en 1891). Puis, au sortir du collège, les

« jeunes trouvèrent dans les cercles d’étudiants, les

associations et les groupements di ers de jeunesse catholique, un nouveau stimulant pour la vie généreuse. Parmi les œuvres très nombreuses qui sollicitaient le zèle des jeunes catholiques, les patronages occupèrent certainement le premier rang. « Pourquoi ce mouvement, cette sorte (le prédilection dans les réunions de jeunes gens ? » se demandait jadis un des plus ardents meneurs de cette action (cf. Itote des jeunes gens dans les œuvres de jeunesse, principatemeut dans les patronages, rapport présenté par la Commission des patronages à rvssen)biée des catholiques de Paris, le 1 mai 1891). Et il répondait : o Parce que le jeune honune de dix-h<iit ans a besoin de dépenser son activité et qu’il trouve dans ces œuvres à lui donner une large carrière… Parce qu’il se sent bien vite aimé [lar les enfants et les jeunes gens du patronage. »

De la rencontre dominicale d’un certain nombre d’étudiants parisiens dans les mêmes œuvres, devait sortir, tôt ou lard, un groupement nouveau, une association des jeunes « confrères » : cette association, ce fut la Commission des patronages. EUe ]nnl nvissance, durant l’été de 1889, dans la chambre d’un carabin parisien. Le petit groupe eut vite fait de recruter au quartier latin une douzaine d’adhérents ; il s’affilia dès lors à l’Association catholique de la jeunesse française, qui mit à sa disposition trois ou quatre