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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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Effrayante est donc la progression de ces lycées de lilles, une pièce maîtresse dans l’œuvre scolaire de la troisième République. L’Etat, non pas neutre, mais athée, en multipliant les lycées, collèges et cours secondaires de jeunes tilles, acquiert une influence croissante sur la jeunesse féminine de la bourgeoisie : il lui offre le grand appât, l’appât décisif des bourses, l’avantage d’un prix de pension sensiblement moins élevé que dans les étaljlissements libres qui ne participent pas aux subventions du budget ; il l’impose, entin, à ses fonctionnaires et aux officiers qui, trop aisément, lui abandonnent l’enseignement et l’éducation de leurs lilles, enseignement et éducation uniformes, qu’il s’agisse d’élèves juives, protestantes ou catholiques.

2° Enseignement secondaire libre. — L’enseignement libre des jeunes filles devait, évidemment, éprouver le contre-coup de la loi du21 décembre 1880, qui institua les lycées nationaux et les collèges communaux de jeunes lilles ; mais il demeurait assuré, sur tout le territoire français, par de nombreuses et prospères maisons religieuses, où les traditions de la bonne éducation se maintenaient et se transmettaient de génération en génération. Les familles chrétiennes avaient donc conservé à leur portée des établissements d’instruction transmettant à leurs jeunes filles les croyances qui leur sont chères.

La loi du i »’juillet i go i, aggravée par la loi du 7 juillet igoi, porta de très rudes coups à renseignement secondaire libre. Au lendemain de cette loi, la plupart de ces pensionnats où s’élevait l’élite de la bourgeoisie durent fermer leurs portes, leurs immeubles furent confisqués, le personnel dispersé ou exilé. Il fallait tout reconstituer. Les bonnes volontés ne firent pas défaut. On vit renaître partout des maisons libres d’enseignement des jeunes filles, qui relevaient la tradition de l’enseignement chrétien et recueillaient une bonne partie de leur ancienne clientèle. Le contingent de 80.000 élèves réparties, en igoS, dans les pensionnats et les cours religieux des jeunes lilles, alors que l’enseignement public comptait, à la même date, 28.000 élèves, répond de la vitalité de notre enseignement secondaire féminin. Il fait honneur aux familles ; il prouve que les mœurs chrétiennes sont plus fortes que les mauvaises lois.

La suppression des congrégations religieuses avait jeté un trouble profond dans l’organisation de l’enseignement libre. Elles disparues, il fallut organiser au plus vite des écoles normales ou des cours normaux, où les jeunes professeurs lussent à même de se préparer, par la piété, les cours, les examens et les brevets, à sauver les pensionnats chrétiens encore debout, parmi tant de ruines.

Pour ces écoles ou ces cours, il suffit de quelques foyers dans toute la France. Les Instituts catholiques de Paris, de Lyon, de Lille, d’Angers se trouvent naturellement associés à ces premiers essais, et rendent ainsi aux établissements féminins des services analogues à ceux qu’ils rendirent en pourvoyant de professeurs licenciés les collèges ecclésiastiques et les petits séminaires, bien avant que la licence fût exigée par la loi. Ces institutions récentes sont, à Paris, les écoles normales catholique et libre, respectivement dirigées par Mlle Desrez, en 1906, et par Mme Daniélou, en ign^. L’Institut catholique de Lyon a organisé, depuis 18go, à l’école Gerson, des conférences techniques pour les institutrices, qui conduisent, en deux ans, au baccalauréat, une jeune fille déjà pourvue du brevet supérieur, surtout si elle est, en outre, mûrie i)ar quelque pratique de l’enseignement. Lille possède, depuis 18go, une véritable école normale, avec internai. L’école Freppel,

ouverte à Angers en igog, qui s’est calquée sur les écoles normales libres de Paris, réalise tous les desiderata : ses étudiantes doivent leur formation intellectuelle aux professeurs de l’inslitut catholique de l’Ouest, et leur éducation à une maison de famille. Clermont-Ferrand, avec son école Fénelon qui remonte à igoS ; Besançon, avec son école supérieure de jeunes filles annexée au pensionnat Notre-Dame, se recommandent par les mêmes services.

Certains cours et pensionnats de Paris et de nos grandes villes donnent, aujourd’hui, l’enseignement classique et conduisent leurs élèves à tous les baccalauréats. Mais l’indétermination même de cet enseignement à l’heure présente, aussi bien que la diversité des maisons d’éducation chrétienne, empêchent de produire une situation rigoureusement exacte de l’enseignement secondaire libre féminin.

On sait que de prochaines destructions menacent de nouveau l’enseignement libre féminin. Le projet Massé, qui érige le monopole, est l’arme destinée à porter le coup suprême aux maisons d’éducation et aux cours catholiques. Pour parer ces nouvelles attaques, la Société générale d’éducation et d’enseignement conslHuail. en 191 1, un comité réunissant, sous la présidence du vice-recteur de l’Institut catholique de Paris, à côté de jurisconsultes exercés, des professionnelles de l’enseignement féminin. Ce comité se propose de resserrer les liens déjà existants entreles diverses institutions chrétiennes pour l’éducation des jeunes filles françaises.

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