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INSTRUCTIOX DE LA JEUNESSE

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cation des lilles, nous avons insisté, en 1 849 et en ' ^°' pour la fondation nécessaire d'écoles de lilles dans les communes de plus de Son âmes ;

« 4" KUe a permis largement la coneiirrence ; 
« 5" J’ajoute qu’elle a placé l’enseignement primaire en dehors de la politique. Celle loi, soit pour

l’enseignement primaire, soit pour l’enseignement secondaire, est une loi de liberté et de concurrence. Ecjuitalile dans ses principes, elle fut<.T*(^nde dans ses résultats ; conservatrice sans réaction et libérale sans mensonge, elle fut, avant tout, sociale. » (Essai critique sur l’enseignement primaire en France de 1800 à igoo, par Emile Gossot, pp. 227-228. P. Téqui, lyoï.)

Malheureusement, la politique n’a pas tardé à remcltrc la main sur l'école. La loi du 14 juin 1854 conliail aux préfets le pouvoir de : ionimer les instituteurs et institutrices, alors que la loi de 1850 donnait le droit de nomination aux conseils municipaux (art. 31).

La loi du 15 mars 1850 fut, dans la plus haute acception du mot, une loi de liberté et de concilialion, un véritable traité de paix qui aurait dû mettre d’accord tous les partis. C’est liien ce qu’en pensait l’illustre Père Lacordaibe, lorsque sur son lit de mort, il disait : « La loi sur la liberté de l’enseignement est redit de Nantes du xix' siècle. Elle a mis tin à la plus dure oppression des consciences, établi une lutte légitime entre tous ceux qui se consacrent au sublime ministère de l'éducation et de l’enseignement, et donné à tous ceux qui ont une foi sincère le m03'en de la transmettre saine et sauve à leur postérité. » (Essai critique sur l’enseignement primaire en France de 1800 à 1900, par Emile Gossot, p. 286.) Le plus bel éloge que l’on puisse ajouter, c’est de rappeler les attaques incessantes qui lui viennent chaque jour des adversaires de la liberté de l’enseignement ; c’est de mesurer l’abîme creusé entre l'école publique ancienne et la législation que les sectaires imposent présentement au pays !

La loi de 1850 ne tarda pas à recevoir des atteintes. — Elleavaitplacé les instituteurs congréganistes et les instituteurs laïques sur le pied de l'égalité. Les congrégations religieuses subirent vite une première atteinte dans leurs intérêts matériels. Le Conseil d’Etal, api'ès avoir exprimé « la haute conûance que lui inspiraient les associations religieuses et l’estime particulière qu’il avait pour l’excellent esprit qui les animait et les méthodes de leur enseignement », retirait à leurs membres le bénéfice de la loi de 1853 sur les pensions civiles, a considérant qu’on ne saurait ranger dans la classe de ceux qui sont voués aux fonctions ])ubliques, ou, autrement dit, des fonctionnaires publics, des hommes dont la vocation première et essentielle est de ne remplir qu’une fonction de charité » ! … (Avis, en date du i 1 mar.s 1854). — Quelques mois après, au autre Avis du Conseil d’Etat allait tarir la source des donations faites aux fabriques paroissiales pour les aider à fonder et à entretenir des écoles, sous le prétexte nouveau que cellesci (I sont complètement en dehors des attributions conférées aux fabriques par la législation existante, et que, dès lors, elles sont sans qualité pour accepter les libéralités qui s’y rapportent » (Avis, en date du 6 décembre 1854). — Deux autres Avis du Conseil d’Etat, en date du 10 juin 1863 et du 22 novembre 1866, allèrent plus loin ; ils transportèrent à la commune non dénommée par le testateur le bénélice des legs faits aux fabriques, consistoires et établissements religieux, à la charge de fonder des écoles.

Ces atteintes à l’impartialité. — que l’on proclamait bruyamment, vis-à-vis des maîtres de l’enseignement libre, — n’empêchaient d’ailleurs ni le Conseil,

ni le Ministre de l’instruction publique de mettre à proht l’expérience acquise par ces mêmes maîtres, grâce à leui' indépendance à l'égard des j)rogrammes olliciels, quand cette expérience avait ouvert une voie nouvelle dans les méthodes ou dans la direction des classes. C’est ainsi, par exemple, que l’enseignement mutuel, sous le long ministère de V. Duiiuv (18631869), était remplacé par l’enseignement simultané donné par les Frères des écoles chrétiennes. C’est encore ainsi que Duruy, après avoir visité le pensionnat dePassy, dirigé par ces mêmes religieux, créait l’enseignement secondaire spécial, d’où est sorti l’enseignement moderne. Dans son rai)port sur l’enseignement technique, ce ministre écrivait : « C’est à l’abbé de la Salle que la France est redevable de cet enseignement. Bientôt, de ce premier essai, sortit un enseignement qui, s’il eùlétc généralisé, aurait avancé d’un siècle l’organisation des écoles d’adultes et même de l’enseignement secomlairespécial. « — Cette sincérité honore sans doute Duruy ; mais alors, pourquoi, inconséquent avec soi-même, témoigner tant d’inquiéludes en présence des progrès des congrégations enseignantes ? N’est-ce pas le même Duruy qui, dans un mémoire sur l’instruction primaire, daté de 1864, consacrait un paragraphe à « l’envahissement de l'éducation primaire par des congrégations religieuses >i de 1843 à 1863. « En 1843, écrivait-il, les congréganistes avaient moins du quart de toute la population scolaire, ou 22 "/, , ; ils ont aujourd’hui plus du tiers, ou 37/o ». Et Duruy exprimait une crainte qu’il ne devait certes pas éprouver sérieusement, quand il concluait : « Il est aisé, d’après cette marche, de calculer l'époque où il n’y aura plus une seule école laïque en France. r> C’est exactement le contraire qui s’est réalisé dans l’enseignement public. Au prix de quelles violences exercées sur les familles, on le dira ci-dessous.

Loi du 'J7 février ISSO. — C’est cette loi qui donna le premier coup de sape dans lédilice de 1850. Elle modifiait complétemenl l’organisation du Conseil supérieur de l’instruction publique. Evcques, pasteurs, rabbins, magistrats, représentants de l’armée, étaient devenus suspects au Ministère de l’instruction publique pour le but de laïcisation qu’il se proposait. J. Ferry considérait, en effet, le Conseil comme un obstacle à tout progrès, à toute réforme ; il voulait avoir les mains absolument libres : et ne plus rencontrer d’obstacles à la laïcisation des maîtres et des programmes. — En même temps que le Conseil supérieur, les conseils départementaux avaient été modifiés : évêques, pasteurs, magistrats en étaient aussi exclus.

Loi du 16 juin 1881. — La première des deux lois promulguées à ce jour établissait la gratuité absolue dans les écoles primaires et dans les écoles maternelles publiques ; cette gratuité fut même étendue aux écoles primaires supérieures ainsi qu’aux écoles d’apprentissage. Jusqu’alors, la gratuité n'était accordée qu’aux enfants dont les familles étaient reconnues hors d'état de payer la rétribution scolaire ; de plus, les communes, depuis la loi de 1867 présentée par Duruy, avaient la faculté d’entretenir une ou plusieurs écoles entièrement gratuites. En 1881, on espéra enlever un grand nombre d'élèves aux écoles congréganistes qui étaient gratuites. On se trompa. — A cette mêmedate était aussi promulguée la loi relativeaux titres de capacité del’enseignement]>rimaire. Cette loi porta suppression de la lettre d’obédience ainsi que de toutes les équivalences du brevet de capacité ; un membre de l’Institut, un docteur es lettres, un élève de l’Ecole normale supérieure, un évêque, un docteur en théologie, un curé, un élève de l’Ecole polytechnique, ne peuvent plus ouvrir une école