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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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l’allemand sur la i ! , ’édil., Paris, t. I (iS8 ;)et Ail (1907) ; Briistlein, Luihers Einfluss auf dus Volksscliulireseii, léna, 1858 ; de SchælTer, iJe l’influence de Lutlier sur l’éducation du peuplo, Strasbourg-, 1853 ; Ad. Planck, Melanchton præceptor Germaniae, Nordling^en, 1860 ; Cli. Schiuidt. La iiV et tes irai^’aux de Jean Stuim, Strasbourg, 1855 ; Bucliholtz, Ferdinand /", t. YIII, etc. ; André Schimberg, L’Education morale dans les collèges de la Compagnie de Jésus en France sous l’ancien régime (xvi*, XVII’, xviii" siècles) (avec notes et pièces justificatives), Paris, H. Champion, ig13.

F. Sagot.

V. — L’ÉCOLE LIBRE EN FRANCE

l. Enseignement primaire. — II. Enseignement secondaire des garçons. — III. Enseignement secondaire des jeunes filles. — Bibliographie.

l. Enseignement primaire. — Sous l’Ancien Régime, les écoles et les collèges étaient des entreprises privées ou municipales, placées sous le contrôle de l’autorité ecclésiastique ou universitaire. L’instruction publique n’étant devenue service d’Etat que depuis la Révolution, l’Etat n’avait pas d’écoles avant la Révolution.

L’enseignement primaire adopté par l’Etat, il y a quatre-vingts ans, et qui eut pour véritable cbarle la loi de 1833, est devenu une institution à part, qui est comme le patrimoine commun des classes déshéritées ; il leur appartient, par les énormes sacrilices qu’elles se sont imposés pour l’augmenter et le perfectionner ; on n’eût donc dû y toucher que pour l’enrichir encore, sans entreprendre sur les limites indiquées par la condition même des enfants qui fréquentent l’école.

C’est avec toute son autorité d’historien que Guizot proclamait à la Chambre des députés la supériorité de l’instruction en France avant la Révolution.

« Avant 178g, il y avait, en France, une grande et

active concurrence entre tous les établissements particuliers, toutes les congrégations, toutes les fondations savantes, littéraires, religieuses, qui s’occupaient d’instruction publique. Cette concurrence était très active, très elVicace, et c’est à cette concurrence qu’ont été dus, en grande partie, les bienfaits du système d’éducation de cette époque, et la vitalité, cette vitalité énergique qu’il a manifestée à différentes époques. » (Séance du 15 mars 1835.) — Avant 1789, en matière d’instruction, la France n’avait pas de rivale dans le monde, tandis que, à l’heure présente, elle n’est supérieure, sous ce rapport, à aucun des grands Etats de l’Europe.

Qu’est-ce donc qui appartient en propre à la Révolution française en matière d’instruction ? Une conception absolument fausse, celle de l’Etat enseignant, du monopole et de la centralisation universitaire. Mgr Fheitel a fait cette démonstration en ces termes :

« L’Etat enseignant.’A moins que nous ne sojons

fatalement voués au plus elTrayant et au plus aJjsurde de tous les despotismes, j’espère bien que dans cent ans d’ici, on ne comprendra plus qu’une pareille erreur ait pu s’emparer de l’esprit d’un peuple. Je l’ai dit vingt fois à mes contemporains, sans avoir jamais trouvé une réfutation, et je ne cesserai de le répéter : quoi qu’aient pu en dire Condorcet, Lakanal, et tant d’autres, la fonction éducatrice n’entre nullement dans l’idée de l’Etal, qui est un pouvoir de gouvernenient et non pas un pouvoir d’enseignement. On a beau presser en tous sens les divers pouvoirs qui constituent l’Etat, le pouvoir législatif, le pouvoir

exécutif, le pouvoir judiciaire, jamais l’on n’en fera sortir la fonction éducatrice. Que l’Etat exerce à cet égard une mission de surveillance, d’encouragement et de protection, à la lionne heure ; mais vouloir enseigner toute la jeunesse d’un paj’S et la jeter dans un seul et même moule, alors que l’on n’a pas et que l’on fait profession de ne pas avoir de doctrine d’Etat, ni en religion, ni en philosophie, ni en histoire, ni dans tout le reste : c’est le comble de l’absurdité. Celte absurdité, inhérente au système d’éducation de la Révolution française, a pour conséquences nécessaires le monopole et la centralisation universitaù-es. » (La Liévolution française, à propos du centenaire de 1789. Paris, Roger et Chernoviz, 1889.)

C’est cette conception, propre à la Révolution française, que l’on va suivre dans ses développements logiques en analysant succinctement la législation scolaire des soixante dernières années.

Le cadre de cette étude nous impose de ne dire qu’un mot de la loi du 28 juin 1833 sur l’instruction primaire qui, en organisant l’école publique et en donnant la liberté à l’école privée, a marqué l’une des dates les plus importantes de l’enseignement populaire en France.

1° Législation.

Loi de 1850. — Les procès-verbaux des séances de la commission extra-parlementaire, composée d’universitaires et de journalistes, de catholiques et de protestants, présidée par Thiers, font foi de l’esprit de conciliation et d’impartialité avec lequel fut préparée la loi du 15 mars 1850, qui pendant plus de trente ans a été le code de l’enseignement en France.

Par 450 voix contre 148, l’instruction morale et religieuse restait la base de l’enseignement dans les écoles publiques et libres de tous les degrés. Dans certaines de ses parties, la loi de 1850 a accordé un peu plus au clergé que le clergé lui-même n’aurait voulu, car on sait que Thiers insistait pour que l’instruction primaire fût tout entière dans les mains des Frères des écoles chrétiennes. Mais on ne peut oublier que l’abbé Dupanloup s’y opposa énergiquement.

Cette loi, à l’exemple de la loi de 1833, a voulu simplement faire une part égale à l’école eongréganisle. Tout ce que l’on pourrait lui reprocher, serait d’avoir suivi trop servilement la loi de Guizot, en maintenant les lettres d’obédience pour les institutions congréganistes. C’était un privilège, et l’on a pu soutenir qu’une loi de liberté, comme était la loi de 1850, n’en devait pas admettre. Certains esprits ont également blâmé — nous lui en ferions plutôt honneur — l’introduction des évêques dans le Conseil supérieur de l’instruction publique. Il convient de signaler, à la louange de cette loi : la restitution aux directeurs et aux directrices des écoles communales d’une autorité sur leur personnel, égale à leur responsabilité ; la consécration définitive et officielle de l’existence des écoles de filles. Quant à la mainmise de l’Etat, que n’avait pu obtenir Guizot, sur les salles d’asile et écoles nxaternelles, il n’y a pas lieu de s’en féliciter : il valait beaucoup mieux en laisser aux communes l’administration. Mgr Dupanloup a excellemment résumé les grands services que la loi de 1850 a rendus à l’Instruction primaire :

« I" Elle a doublé le traitement des instituteurs, et

elle a bien fait. Ne nommez pas des instituteurs laïques, ou bien assurez-leur une position qui leur permette d’être toujours honnêtes ;

(( 2" Elle a prescrit en leur faveur la création d’une caisse de retraites ;

« 3" Elle a rendu obligatoire la fondation d’écoles

de filles. Nous, qu’on accuse de ne pas favoriser l’édu-