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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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France dale-i-etle de la Réolution ? Paris, igia, in-32 ; Guiraud (Jean), Histoire partiale, histoire vraie, 1. 1, i). 189 et 3ag, Paris, 191 1.

A. Clkrval.

IV. — L’ÉGLISE ÉDUCATRICE, EX REGARD DE LA RENAISSANCE ET DE LA RÉFORME

<i La Renaissance n’allait pas être seulement un élargissement du savoir, mais une transformation delà culture. Elle prétendra s’opposer au moyen âge, s’attaquer aux idées qu’ilafaites siennes, comme aux pratiques qu’ila développées.enun mot, renouveler la religion comme la pensée. » (Imuart de laToir, Les Orig. de la Réforme, t. II, p. Sog.) On sait commentles

« réformés « interprétèrent le mouvement dit

de la Renaissance. A ses jeunes compatriotes, le <i réformateur », Luther, apparaît comme le représentant de la civilisation et du progrès, le précurseur d’une ère nouvelle et pleine de promesses (cf. Hergenroether, Histoire de l’Eglise, t. V, p. 234-2cS5). Toute question de dogme mise à part, est-il vrai que la Réforme ait eu cette vertu ? Doit-on, en un mot, lui attribuer tous les progrès réalisés par l’éducation dans les pays chrétiens ?

Voici, à ce sujet, l’antinomie de principe posée par le protestantisme : a Le protestantisme proclame, d’une part, le droit de l’individu à l’instruction et à l’éducation morale et religieuse, et, d’autrepart, l’obligation de la société à ses différents degrés (famille, commune. Eglise et Etat) de pourvoir à l’éducation et à l’instruction de tousses membres. Ce droit de l’individu et cette obligation de la société envers lui, le catholicisme ne les reconnaît pas. L’homme, à ses yeux, est un mineur et doit rester sous tutelle. Il est incapable de penser et de saisir la vérité, incapable de vouloir et de diriger sa conduite. L’Eglise, représentée par sa hiérarchie sacerdotale, pense et veut pour lui. Il n’est donc pas nécessaire de lui fournir les moyens de s’éclairer et de se guider. Mais l’Eglise n’est pas seulement l’autorité suprême, elle est, en même temps, le bien suprême, et son triomphe est le but auquel tout et tous doivent constamment tendre. Aussi l’école et la famille ont elles pour première tâche de façonner la jeunesse à l’obéissance envers l’Eglise et de la préparer au service de l’Eglise. » [F. Buisson. Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, i’" partie, t. II, 1887, p. a^ôi (article Protestantisme ).]

Les faits corroboreraientces déclarations. « L’école populaire ou primaire est… une création du protestantisme, elle appartient plus particulièrement aux protestants et s’est surtout développée dans leur sein. » (Ibidem, p. 2467 ; cf. dans F. Buisson, Nouveau Dictionn. de pédag.et d’instr. prim., 191 1, p. 858 (article Instnielion publique) une assimilation de fait de l’Eglise catholique et de l’Eglise réformée à ce point de vue : comme l’Eglise du moyen âge, la Réforme a créé ses écoles populaires avec une pensée et dans un but avant tout religieux ; quelque importance qu’elles aient eue, si utiles qu’elles aient été à la cause de l’éducation populaire, les écoles de la Réforme, pas plus que celles de l’Eglise romaine, n’ont constitué un système général d’instruction publique.) Aussi bien Luther ne voulait-il pas qu’il y eût, « dans chaque localité, les meilleures écoles possible pour les garçons et pour les filles " ? (Luther, /.e(<re circulaire aux bourgeois et conseillers des villes.) la Réforme, encore, les plus beaux succès dans l’ordre de l’enseignement secondaire et supérieur.

Les faits vont répondre. En Italie, en France, en

Allemagne, notamment, l’Eglise catholique a accompli de grandes choses aux trois degrés de l’enseignement, et l’instruction féminine surtout a reçu une extension sans précédent.

1. Italie. — Deux points de vue s’olfrent ici : la protection accordée par les Papes aux humanistes ; l’œuvre du concile de Trente, de saint Charles Borromée, et les congrégations enseignantes.

i" {.es Papes et l’Iiumanisme. — A l’avènement de Nicolas V, le mouvement intellectuel agitait tous esprits. Doué d’une intelligence vive et très cultivé, le nouveau Pape se plaça à la tête de la Renaissance artistique et littéraire. Ses libéralités sont connues, A bon droit on l’a appelé le premier des Papes protecteurs des lettres et des arts. Dès le début de son pontificat, il fit des démarches de toute sorte afin de réunir autour de lui le plus grand nombre possisible de savants et de littérateurs.

Citons : le pieux Manetti, des profanes tels qu’Alberti, Poggio et Valla. Détail frappant : presque tous ces humanistes étaient étrangers à Rome et la trouvèrent à peu près dénuée de toute activité savante. Grâce à Nicolas V, elle devint un centre artistique et littéraire. La connaissance du grec était alors peu répandue. En demandant surtout aux humanistes des traductions d’auteurs helléniijues, il rendit d’immenses services. Il est enfin, tant il l’enrichit, le véritable créateur de la Bibliothèque Vaticane. Parmi les manuscrits qu’il fit venir à grands frais, nous noterons ceux des Pères de l’Eglise, objet de sa prédilection (Pastor, Hist. des Papes, t. II, p. 151, 179, 180, 183, 190, 198).

Poète, historien, humaniste. Pie llrendit auxlettres un service nouveau, qu’appelait en quelque sorte la conduite même suivie par son prédécesseur : il se montra d’un goût très dillicile. Il craignait pardessus tout la fausse Renaissance et jusqu’au simple soupçon d’un retour au paganisme : la composition de sa bibliothèque, ses écrits en témoignent (Pastor, llisi. des Papes, t. III, p. i- et 34-3 ;). « L’œuvre pédagogique la plus considérable entre celles des humanistes chrétiens du xv’siècle, est due â la plume d’un ami du Pape Pie II, Maffeo Vegio. Dans ses six livres sur l’éducation, imprimés pour la première fois à Milan en 149’, il ne perd pas un instant son temps â l’exposition d’idées stériles… S’il trace les règles d’une éducation conforme â la raison, il cite les philosophes de l’antiquité ; s’il traite de l’éducation chrétienne, il emprunte ses règles aux vérités révélées, â l’Ecriture sainte, aux écrits des Pères, aux exemples des saints. » (Ibid., t. V, p. 30.)

Auprès de Paul II, nombre de savants trouvèrent appui ; il favorisa de tout son pouvoir l’introduction et la diffusion de l’imprimerie en Italie (B-vudrillart, L’Egl. cath., la Renaiss., le Protestantisme).

Sixte IV, son successeur, reprit la tradition de Nicolas V. Treize ans durant, à travers les troubles politiques et religieux, il la poursuivit. Il est resté un des Papes les plus populaires. La Bililiothèque Vaticane compte à sa mort plus de 3.500 >olumes ; plus volontiers encore que les auteurs classiques, il y a amassé les auteurs religieux et c’est à lui que les hommes d’étude doivent d’être admis â y travailler. Rome voit alors un cercle d’humanistes des plus brillants. Tandis que Pomponius Lætus s’adonnait à peu près uniquement à l’enseignement, Plalina écrivait son Histoire des Papes. La poésie n’est pas moins en honneur. Pie II avait écrit l’histoire de son époque. Parmi ses imitateurs. Sigismond de Conti mérite d’être cité en première ligne, avec une Histoire du T’émis (Pastor, t. IV, p. 40’-404, iSio, ’1’Bav DRILLART, p. g^-gS).