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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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son mémoire sur la condition de la classe agricole en Normandie. On y enseignait à lire et à écrire, car on en avait besoin ponr les divers contrats d’un usage journalier même dans les dernières classes de la société. On trouve des actes de cette époque antérieurs à la Renaissance avec la signature des paysans. Nous avons ]ilusieurs pièces signées de Jeanne d’Arc.

Dans les unes et les autres de ces écoles, on apprenait plus ou moins bien, tant à cause de la négligence des maîtres que de celle des discii>les. Guil-LALMK DE Macon, évèipic d’Amiens, par une lettre circulaire à ses doyens, de 1305, se plaignait d’avoir constaté dans sa tournée pastorale que, dans beaucoup d’endroits, les écoles étaient tenues par des maîtres ignorants, et ordonnait qu’à l’avenir nul ne jiourrait enseigner sans avoir été d’abord examiné par lui ; il défendait même aux parents d’envoyer les enfants près de maîtres qu’il n’aurait pas éprouvés. Cette lutte contre l’insullisance des maîtres dans les campagnes n’est pas un cas particulier dans l’histoire de l’instruction et ne peut pas être spécialement reprochée an moyen âge. Au contraire, elle prouve qu’alors il y avait des écoles même dans les ^ illages, et que l’Eglise les voulait bonnes et s’ell’or-Vait de les bien pourvoir (A.a vie paroissiale en France au XIII’sièc/e, d’après les actes épiscopaux, parOLGA’UOBIACHE UoJDESTVENSKV, p. l65).

r Nous arrêtons cette étude au seuil du xvie siècle. A partir de la Renaissance, il n’est pas douteux, pour quiconque connaît quelque peu le mouvement intellectuel des derniers siècles, qu’il n’y ait eu partout, non seulement des Universités dans les grands centres, des collèges dans les villes grandes ou petites, mais encore des petites écoles dans toutes les campagnes. L’organisation de l’instruction fut moins centralisée qu’après la Révolution, et de ce fait elle put souffrir, selon les circonstances de temps, de lieux, de personnes, quelques imperfections. Mais très généralement, l’école était moralement obligatoire, vraiment gratuite parce qu’assurée par des fondations, religieuse, patriotique et libérale, parce qu’elle enseignait les éléments nécessaires à la vie matérielle, sociale et morale. Nombreuses étaient les congrégations qui s’étaient fondées pour l’enseignement ; vigilante était la surveillance de l’Eglise sur ce point. Il serait à souhaiter que, pour cette dernière époque, il y eut un inventaire des documents déjà publiés, et uneindication des sources où l’on » ourrait trouver ceux qui restent.

Nous ne tirerons d’autre conclusion de tout ce travail que celle-ci : à toute époque l’Eglise assura, non seulement à ses clercs et religieux ou religieuses, une instruction religieuse et profane comparable à ce que nous appelons l’instruction secondaire et supérieure : mais elle assura ce même bénéfice à une élite nombreuse de laïques ; et à tous les enfants du peuple, elle offrit, par des curés, des vicaires, ou des clercs, surtout à partir de Gharlemagne, un minimum de connaissances religieuses d’abord (ce qui implique déjà un minimum de vie intellectuelle et de pensées morales appréciable), puis un minimum de connaissances élémentaires utiles à la vie pratique, comme la lecture, l’écriture, l’arithmétique, le chant et l’histoire sainte. Les différentes vicissitudes subies par l’enseignement, en raison des circonstances générales ou particulières, ne le compromirent jamais essentiellement — et l’on peut dire que constamment et malgré tout l’Eglise a bien rempli le rôle que les peuples lui avaient confié : d’institutrice de la France.

BinLioGRAruiE.

La Bibliographie du sujet est

très abondante. M. A. Silvy a publié en 18y2 VKssai d’une bibliographie historique de l’enseilinenient secondaire et supérieur en France avant la Révolution, en l’iQ pages, qui, bien qu’excluant l’enseignement primaire, est très précieuse. Elle a paru danse Bulletin de la Société générale d’éducation et d’enseignement. Nous y renvoyons ceux qui vovulraient surtout connaître les monographies d’écoles ou d’universités. Elle mériterait d’être continuée depuis qu’elle a paru. Nous renvoyons aussi aux listes importantes données par M. l’abbé U. Cuevalieh, dans sa Topo-hibliograpltie, sous différents titres.

Nous nous contenterons d’indiquer ici quelques ouvrages généraux des plus sérieux sur la matière : pour les établissements d’instruction locaux, il faudra recourir aux listes citées plus haut, ou aux catalogues biljliographiques intéressant particulièrement chaque pays.

L’Histoire littéraire de lu France est l’ouvrage capital, avec ses 32 volumes : les Discours sur l’état des sciences et des lettres, qui précèdent chaque siècle, sont à consulter d’abord, parce qu’ils sont de larges et complets résumés sur l’état de l’instruction dans une période donnée. Pour les quinze premiers volumes, qui vont jusqu’au xiii’siècle, C. Rivain a fait une Table générale par ordre alphabétique, qui est très utile ; y voir surtout le mot : Ecoles. Demème, les préfaces de Mabillon aux Annales Ordinis Sancti Jienedicti, qui sont aussi distribuées par siècle, sont importantes, comme l’ouvrage entier, Paris, i ^031739, 6 V. in-fol. ; Vallct de Viriville, Histoire de l’instruction publique en Europe et principalement en France, depuis le christianisme jusqu’à nos jours, Paris, 18^9, in-^o ; Théry, Histoire de t’éducation en France depuis le Vle siècle jusqu’à nos jours, Paris, 1858, 2 v. in-8° ; Ampère, Histoire littéraire de la France avant Charlemagne, Paris, 1867, 2 v. in-S" ; Ozanam (.. F.), Œuvres complètes, t. IV : J.a civilisation chrétienne chez les Francs, Paris, 1872, in-12 ; Pitra (dom). Histoire de S. Léger, évéque d’Autan, au vu’siècle (voir l’introduction), Paris, 1846, in-8° ; Ebert (..), Histoire générale de la littérature du Moyen Age de l’Occident, trad. franc, 3 v., Paris, 1883 ; Roger (M.), L’enseignement des lettres classiques, d’Ausone à Alcuin, ^ars, uj05, in-S" ; Bourbon (G.), I.a licence d’enseigner et le rùle de l’écolàtre au Moyen Age (Revue des questions historiques, 1876, p. 513) ; AUain, l’Instruction primaire en France avant la Hévolution, Paris, 1881, 1 v. in-12 ; Bernard (R. P. C), De l’enseignement élémentaire en France aux XI" et XII’siècles, Paris, 1894 ; Maître (Léon), Les écoles épiscupales et monastiques de l’Occident, depuis Charlemagne jusqu’à Philipjie-.luguste, Paris, 1866, in-8° ; Montaleml )ert(Cli. de). Les moines d’Occident, b vol., Paris, 1863-1868, in-8° ; Monnier (Kr.), Alcuin et Charlemagne, Paris, 1864, in-32 ; Robert (G.), Les écoles et l’enseignement de la théologie pendant la première moitié du XII’siècle. Paris, 1909, in-8° ; Jourdain (Charles), De l’éducation des femmes au Moyen Age (Mémoires de V Académie des inscriptions et belles-lettres, 187^, t. XXXVIII, p. 131) ; Denifle, IJie Universitiiten des Mittelalters bei l’iOO, Berlin, 1885 ; du Boulay, Ilistoria l’niversitates l’arisiensis, 6 vol. Paris ; Kéret (P.), La Faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres, Paris, 6 premiers vol. 1900 ; Lavisse et Rambaud, Histoire de l’^rance, voir les chapitres consacrés à l’instruction aux différentes époques ; Le Ménestrel (Charles), L’instruction en