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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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abbés de Cluny et de CIuillaume de S. Bénignb de Dijon, grandissent pendant près de trois siècles. Leur apogée s’étend >fénéralemcnt du milieu du xi « au milieu du xii= siècle jusqu’à l’époque où les écoles de Paris et de quelques autres villes centrales commencent à attirer vers elles les meilleurs maîtres.

Dans le Nord, on voit dès le x" les écoles épiscopales de Cambrai, Laon, Reims, auxquelles s’ajoutent dès le xie celles de Lille, an xii « , celles d’Arras.

Et à c6té d’elles, dans la même région, fleurissent les écoles monastiques suivantes : dès le x^ celles de S. Amand, Corbie, Abbeville ; au xi « celles de S. Bertin, S. Riquier. S. Vaast d’Arras, de S. Rémi, de S. Nicaise et S. Thierry à Reims.

Elles avaient pour voisines les grandes écoles épiscopales deGand, Liége, Tournay, el les écoles monastiques non moins fameuses de S. Trond, Slavelot, Gembloux, Lobbes.

Dans l’Ouest, la Normandie, à partir du début du XI" siècle, se couvrit d’écoles. Elle en eut d’épiscopales ou canoniales, à Bayeux.Gæn, Lisieux, Avranches, et au xii’à Rouen et à Séez. Elle en eut de monastiques fondées ou réformées par Guillaume, abbé de S. Bénigne de Dijon, à Fécamp, Jumièges, S. Ouen de Rouen, au Mont Saint-Michel. Il y en avait encore à Sainte-Catherine de Rouen et surtout au Bec, et l’on peut affirmer que, dans les autres monastères très nombreux de cette province, il y avait des écoles intérieures pour les moines et extérieures pour les clercs et les laïques : c’était une règle que Guillaume de S. Bénigne imposait à tous ces couvents.

La Bretagne, le Maine, l’.Anjou, le Poitou avaient aussi leurs écoles épiscopales à Rennes, au Mans, Angers, Poitiers, et leurs écoles monastiques à S. Florent de Saumur, à Maillezais, à S. Gildas, à Fougères au XI" siècle, à la Porte de fer d’Angers, à Laval, à Chàteau-Gontier, à Savigny au xii*, à S. Cyprien et S. Hilaire de Poitiers et à Loudun au xi" siècle, au Dorât, à Déols, un peu plus lard.

Le Centre était de toutes les régions la plus fertile en écoles : Paris, Chartres, Orléans, Sens, Auxerre, avaient leurs écoles épiscopales dès le x’siècle ; Troyes, Bourges, Tours, eurent les leurs dès le xi’ainsi que Soissons, Noyons et Chàlons-sur-Marne. On en voit au xii’à Beauvais et à Meaux ; de même à Melun, Corbeil, Blois, il y avait des écoles ecclésiastiques.

Les écoles monastiques ou collégiales apparaissent dès le x" siècle à Aurillac, à Mici, près d’Orléans, à Marinoutiers près de Tours, et en général dans la plupart des dépendances de Cluny.

Elles fleurissent à Paris, à S, Germain-des-Prés, à S. Victor, à S" Geneviève, à S. Denis ; dans l’Orléanais, à Fleury et Meung-sur-Loire ; en Touraine, à Cormery, Bourgueil, Chinon ; dans le Berry, à Bourg-Dieu ; dans le paj-s de Sens, à S. Rémy et S. Pierre-le-Vif de cette ville, à Vézelay ; autour de Paris à Clermont-sur-Oise, S. Germain-de-Flaix, à S. Quentin, à S. Médard et S. Crespiii de Soissons, à Lagny, à Argenteuil ; du côté de la Champagne, à Moutier-la-Celle, au Paraclel ; près de Chartres à Thiron, à Vendôme, à Blois.

L’Est, voisin des grands évèchés et monastères du Rhin, ne le cédait guère au Centre. Les cathédrales de Metz, Toul, Verdun, Strasbourg, dès le x’siècle ; de Langres, Besançon, Dijon, Autun, Chalon-sur-Saône, dès le XI’ ; les églises de Chaumont et de Chàlillon-sur-Seine, au xii* siècle, avaient de brillantes écoles capitulaires ou ecclésiastiques. De même les monastères de Metz, Gorze, S. Mihiel, Mouliers-en-Der, Moyen-Moiitiers, Luxeuil, Cluny, Tournus, Lyon, au x’siècle : ceux de S. Evre de "Toul, de

S. Etienne et S. Bénigne de Dijon, de Vassor de Metz, au xiii^ siècle.

Enfin dans le Midi, l’on voit des écoles à Narbonne au xe ; à Limoges, Angoulême, Périgueux, le Puj-, Carcassonne, Maguelonne, Avignon, au xi"" ; à Saintes, Bordeaux, Saint-Flour, Montpellier, au xii « siècle ; de môme près des monastères d’Aurillac et de Castres au xe siècle ; de la Sauve-Terre, de S. Augustin et S. Martial de Limoges, de la Chaise-Dieu, de S. Gilles de Niines, de S. Ruf près d’Avignon, de Montniajour, de S. Victor de Marseille, de S. Pons, au xK siècle.

Ce ne sont là que des énuméralions, mais qui pourtant ne manquent pas d’éloquence ; surtout si l’on pense qu’elles sont très incomplètes.

Il faudrait parler plus au long de quelques-unes de ces écoles. Toutes ou presque toutes ont une histoire, mais les principales sont celles de Reims, de Chartres, du Bec, de Laon, de Paris.

L’école de Reims, qui apparaît dès la fin du x’siècle, fut développée par l’évêque Foulques (882-goo) etpar deux grands maîtres Rémi d’Auxerre et Huc-BALi > DE S. Amand (898-901), et elle compta parmi ses disciples l’historien Flodoard (900-960) et surtout Gkrbert, le futur pape Silvestre 11 (966-99.5). Gerbert eut pour élèves deux princes, le roi Robert le Pieux et l’empereur Otton III. L’historien Richer, l’évêque de Chartres Fulbert, l’abbé de Fleury Abbon, sortirent des écoles de Reims. On sait que Gerberl s’acquit une grande réputation dans les mathématiques,

Abbox donna de l’éclat aux écoles d’Orléans en j’cultivant spécialement le comput, la liturgie et la géométrie. Ces écoles produisirent entre autres Hel-GAUD, historien de Robert le Pieux, et les moines qui fondèrent l’école de Cambridge.

Fulbert fut la gloire des écoles de Chartres, qui existaient déjà avanllui. Ses élèves, dont plus de 60 sont encore connus par leurs noms, venaient de tous les pays : citons entre autres Adklman, de Liège, plus tard évêque de Brescia, Fra.nçox de Cologne, .scELiN, Raoul Mala Coroxa, et surtout Berengeb. A Chartres, on faisait de la théologie selon les Pères et même un peu de philosophie platonicienne ; on y cultivait aussi les lettres, la musique et la médecine : c’était une véritable académie.

Les écoles charlraines brillèrent d’un nouvel éclat au xiiiî siècle sous l’évêque Yves de Chartres elplus tard encore sous des maîtres tels que Bernard db Chartres, Thierry, Gilbert de la Porréb, etc. : elles étaient alors presque rivales de celles de Paris.

Après l’école de Chartres, la plus glorieuse au xi< ! siècle fut celle du Bec, illustrée par Lanfranc de Pavie, plus tard archevêque de Cantorbory, et par Anselme son successeur. Nombreux furent leurs élèves dans toute la Normandie et jusqu’en Italie. La controverse de Lanfranc avec Bérenger et les grands essais de théologie rationnelle tentés par S. Anselme sont bien connus dans l’histoire des idées et des méthodes dogmatiques.

Deux élèves de l’école du Bec, Anselme et Raoul, rendirent célèbre l’école de Laon par leur enseignement scripturaire. Ceux-ci virent au pied de leur chaire Abélard, Gilbert de la Porrée, Guillaume DE Champeaux, Hugues Metel, Ai.beric db Reims, etc. et d’autres que l’on retrouve dans les écoles de Paris.

Ces écoles, qui brillaient dès le xi’siècle, furent très florissantes au xii’siècle. Les unes se tenaient près de la cathédrale, lesautres près de Sainte-Geneviève : il y en avait aussi de très courues chez les Victorins. On connaît les grands noms de Roscblin, d’Abê-LARD, de Guillaume de Ch-^mpeaux, plus tard de Pierre Lomb-vrd, Jean de Salisburv, etc. C’est