Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/481

Cette page n’a pas encore été corrigée

<149

INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

950

l’oueltés et contlamiiés au pain et à l’eau. Il fallait <ral)ord les savoir en lalin, mais on se contenta pour les personnes âgées de leur langue maternelle. (Juaul

; iux enlanls, l’ohlisalion du latin siil)siste et en 813

on réitéra l’ordre de les envoyer à l’éeole pour y Apprendre leSymhole et l’Oraison dominicale. Cliarleniaj, ’ne favorisait l’instruction religieuse en même temps que l’instruction profane ; il obtenait la seconde par la première.

Son lils Louis le Débonnaire ne comprit pas d’al)ord toute sa pensée. Théologien par goût, très porté pour les moines, ennemi du monde et de sa sagesse,.il voulut qu’on étudiât les sciences ecclésiastiques seules et pour elles-mêmes, et l’on put se jdaindre de son temps même que les arts n’étaient plus cultivés comme sous son auguste père. Sur son ordre, Benoit d’.

iane soumit tous les monastères

de France à une règle unique qui en excluait tout ce qui ne se rapportait pas à la vie monacale. Ainsi l’on décida qu’au lieu de deux il n’y aurait plus <]u’une école, celle des oblats. Le concile d’.ix-la-ChapcUe de 817 ralilia cette mesure restrictive. On avait constaté sans doute que les écoles extérieures troublaient la vie religieuse et dissipaient les maîtres et les no ices.

Il fut fait de même pour les chapitres et les écoles cpiscopales ou cai>itulaires. Le concile d’Aix-la-Chapelle ol)ligea tous les chanoines à suivre la règle de S. Clirodegang, à n’accepter pour leurs élèves que les futurs lévites ou chanoines, et à ne leur enseigner que les sciences ecclésiastiques. Par suite <le cette double mesure, inspirée par une réaction d’ascçtisnie exagérée, les arts libéraux, au dire de Skrvat Loup, ne furent plus cultivés, les enfants du peuple ne trouvèrent plus d’accès dans les écoles paroissiales, puisque les curés eux-mêmes ne purent plus demander l’instruction aux écoles capilulaires.

Mais une réaction en sens contraire ne se lit pas attendre. Cinq ans après le concile d’Aix-la-Chapelle, les évêques réunis au concile d’Attigny déclarèrent (pi’on s’occupait trop peu depuis quelque temps de l’instruction populaire et cherchèrent le moyen de donner à ceux qui ne voulaient être ni prêtres ni moines la facilité de s’instruire. Après bien des hésitations, ils décidèrent d’abord que

« lans tous les évêchés il y aurait pour quiconque

voudrait être prêtre des établissements où se trouveraient des maîtres instruits. Les parents et les seigneurs au besoin fourniraient aux élèves les moyens d’y subsister. Si le diocèse était trop grand pour <pron pût réunir tous les élèves en un seul lieu, on érigerait des écoles dans deux ou trois endroits, ou même plus s’il le fallait.

C’était un commencement. En 828, Louis le Débonnaire lui-même rappela aux é^ cques le projet qu’ils avaient conçu à Attigny de mettre l’instruction à la portée des fils et serviteurs de l’Eglise. Au concile de Paris en 824, les Pères reconnurent que le devoir de chaque évêipie était d’entretenir des écoles : car il importait à l’Kglise d’avoir des défenseurs éclairés, et ils statuèrent que les écolàtres seraient appelés aux conciles provinciaux pour y être examinés. Le pape Eugkne II (824-82’ ;) écrivait : cGn doit s’efforcer d’établir des professeurs capables <renseignerles arts libéraux et la foi catholique dans tous les évêchés et dans toutes les paroisses, u

Continuant ce retour aux idées de Charlemagne, le concile de Paris en 829 demanda de nouveau à Louis le Débonnaire d’instituer, à l’exemple de son glorieux père, trois écoles modèles dans les villes les plus importantes du royaume. Les fonda-t-il ? On sait que l’école du Palais florissait encore de son

temps, sous Claude, évêque de Turin, sous Aldehic et .V.MALAiHE DE Metz. Mais la renaissance fut arrêtée, senible-t-il, par les guerres ci^ iles d’alors. Le diacre Florus, Paschase Radisebt, Lot p dk Feiihièues, tracent un triste tableau des lettres en Gaule de 830 à 842.

Sous Charles le Chauve, il y eut un nouvel essai de restauration. L’école du Palais reçut comme jadis une troupe d’Irlandais, parmi lesquels on cite le fameux philosophe ScoT Erigène, qui savait le grec, M.vnnon, qu’on venait entendre d’Utreeht, Hélih, évcque d’Angouléme. Cette école fut fort vantée par Ilerric d’Auxerie et Paschase Hadbert.

Les autres écoles jouirent-elles de la même prospérité ? En tout cas, les conciles de Meaux, 8^5, de Paris en 846, de Valence, Hérard, archevêque de T0IUS en 858, Gauihier, évêque d’Orléans, HI.^< ; -MAR, évcque de Reims, rappelèrent instamment aux prêtres les règles ([ui les concernaient. Le concile de Saponniéres en 85g renouvela encore les prescriptions législatives sur ce sujet : (Jue partout, dit-il, soient constituées des écoles publiques, atin que le fruit de la double instruction divine et humaine puisse toujours croître dans l’Eglise. » (Labbe, Coucil. , Vin, j42, 037, 674.)

C’est le dernier édit de ce genre que l’on possède jusqu’au xii’siècle. La chose dut entrer dans les mœurs ; évidemment, les invasions des Arabes et des Normands en entravèrent plus d’une fois l’exécution : mais elles ne supprimèrent pas le droit qui, chaque fois que les circonstances devinrent favorables, tendit à se retrouver dans les faits. Odon de Cluny (-J- g43), Adbox de Fleury, Gerbert de Rei.ms, dès le second quart du triste.x’= siècle, et dans la suite, apparaissent à la tête d’écoles monastiques. Dès la seconde moitié du x* siècle, on trouve des écoles épiscopales florissantes à Reims, à Chartres, et ailleurs. Entin les écoles presbylérales elles-niênies semblent avoir subsisté. Elles sont signalées à Soissons avec Uiculphe, à Verdun avec l’évêque Dadon, à Trêves avec l’évêque Heracle. Et dans le premier quart du xi" siècle Burchard de Worms, dans son recueil canonique, insère une prescription qui les concerne, comme faisant partie de l’ancien droit qu’il codifie : « Que tout prêtre, qui gouverne le peuple, ait un clerc qui chante avec lui l’épître et la leçon et qui puisse tenir l’école : qu’il avertisse ses paroissiens d’envoyer leurs enfants à l’église pour y apprendre la foi et qu’il la leur enseigne en toute chasteté. » Ce canon semble être une reproduction, mais plus extensive, du canon du concile de Vaison, 529.

III. L’instruction, du XI* au XIII’siècle. — Les invasions des Normands, a^ons-nous dit, et les autres misères du x « siècle ne firent « pie suspendre pour quelques années l’élan donné par Charlemagne aux écoles. Dès la fin du x" siècle jusqu’à la fin du xii^ siècle, ce mouvement ne cessa de prendre de la force et de l’étendue.

L’enseignement primaire continuait d’être donné dans les écoles presbylérales, comme en font foi les textes de droit canonique que répètent, après BuRchard de Won.MS, les compilateurs, entre autres Yves de Chartres.

Il l’était aussi dans un grand nombre d’écoles monastiques et épiscopales, comme préparation à l’enseignement secondaire qui était leur objet le plus direct.

Ces écoles épiscopales et monastiques se voient presque par toute la France dès l’aurore de la dynastie capétienne. La plupart se soutiennent et même, surtout dans les monastères dépendant des