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INFANTICIDE EN CHINE

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dieu national), le hérém était considéré comme un acte de religion. Voilà pourquoi il est dit de Samuel qu’il mit en pièces le roi Agag j devant Jahvé >'. lJ(eg., XV, 33. On retrouve encore cette expression à propos des sept lils de Saiil crucitiés par les Gabaonites

« devant Jahvé ». Il lieg., xxi, g.

Le droit des gens était à peu de chose près chez les Hébreux ce qu’il était chez leurs voisins. En temps de guerre, on ne se faisait pas scrupule de recourir à la fourberie et de violer la parole donnée. Jaliel est expressément louée dans le cantique de Debbora {Jiii !., V, 2^-27) pour sa conduite envers Sisara. D’ailleurs, on ne doit pas perdre de vue que certaines actions, si répréliensibles qu’elles soient en elles-mêmes, peuvent mériter, à plus d’un égard, l’admiration et l’éloge. S. Thomas, 11’II", q. 1 10, a. 3, ad. 3, fait remarquer que les louanges données par l’Ecriture aux sages-femmes égyptiennes qui épargnaient, par un mensonge, les enfants des Hébreux, ^.corf. 1, 20 ; à Judith se pré[)arant à séduire et à décapiter Holopherne, Judith, x, 4 ; à Kazias.se perçant de son épée, pour ne pas tomber entre les mains des pécheurs, Il.Vaccli., XIV, 3 ; -46, s’adressent à l’amour de la religion et de la patrie qui éclate dans ces courageuses actions.

Bibliographie. — Abbé de Broglie, Questions hitiliquex, 1897. P. J. Brucker, Questions actuelles d’Ecriture sainte, iSgS ; L’Eglise et la critique biblique, KjO"). P, Lagrange, l.a méthode historique. surtout à pmpos de l’Ancien Testament, 1903 ; Eclaircissement sur la méthode historique, igoS. P. Fr. de Huinmelauer, Ejcegetisches zur Inspirationsjrage, igo^. X. Peters, Die grundsdtzliche Stellung der kathol. Kirche zur Bihelforschung, igoS. Bonaccorsi, Questioni liihllche, igO). P. A. Delatlre, Autour de la question biblique, igo^. P. L Fonck, Der Kampf um die Wahrh>it der heil. Schrift seit 25 Jahren, igoS. P. L. Murillo, Critica y Exegesis, igoô. Clir. Pesch, De Inspiratione sacræ Scripturae, 1906. P. Dorsch, dans la Zeitschrift fiir kutholische Théologie (Inashruck), Igoô, p. 631 ; igo6, p. 56, 22’j.

Les traités dogmatiques de l’Inspiration, les traités d’Herméneutique sacrée et les Introductions générales à l’Ecriture sainte traitent incidemment, et à des points de vue différents, de l’inerrance biblique.

Alfred Dlr.vnd.S. J.


INFAILLIBILITÉ. — Voir Eglise et Pai-k.


INFANTICIDE EN CHINE. — On a accusé les missionnaires d’avoir inventé cette fable. Voici quelques textes qui n’émanent pas de missionnaires, et qui prouvent que la prétendue fable est une triste réalité. — i" Marco Polo, qui passa près de vingt ans en Chine vers la fin du xii" siècle, a écrit ce qui suit : J.e Livre de Marc Pol, chapitre 138, comment le grand Kaanconquesta la province de.l/rtn : i (Chine centrale),

« En ces provinces getent les enfans tantost comme

il sont nez ; et ce fait le menu pueple qui ne les piieeiit nourrir. Et le roy les faisoit touz prendre et faisolt escripre de chascun en quel signal et en quel planète il esloient nez ; et les faisoit nourrir par phiseurs lieus. Et quaiit uns riches homs n’avoit nul enfant, si aloit au roy ; et s’en faisoit donner tant comme il vouloit. Et quant il estoient graiiz, si marioit le masle à la femelle, et leur donnoit du sien assez. »

— 2" Le premier empereur de la dynastie dernièrement régnante, Ciiobn-tchr, donna en 165g l’édit sui vant. J’avais déjà entendu dire que (dans les provinces centrales) on noyait les petites filles, mais je n’avais pas voulu le croire. Maintenant le censeur Wei-ikié m’ayant adressé un mémoire détaillé sur cette coutume exécrable, j’ai dû me rendre à l’évidence. L’affection paternelle et maternelle étant un effet de la nature, elle doit s’étendre aux filles aussi bien qu’aux garçons. Alors que naturellement tout homme digne de ce nom s’émeut quand il voit l’enfant d’autrui en danger de mort, se peut-il qu’il y ait des parents assez dénaturés pour oter froidement la vie à leurs propres enfants ? De quoi ne seront pas capables ensuite ceux qui ont pu commettre un pareil crime 1 Le Sublime Souverain aime à donner la vie, et veut que les êtres en jouissent, sans se faire de mal les uns aux autres. Le forfait des parents qui détruisent leurs enfants est donc contraire à la loi céleste. Si, depuis plusieurs années, nous sommes atlligés par les inondations, les sécheresses, les épidémies et la guerre, n’est-ce pas en punition de ces crimes ? L’infanticide est défendu. Peut-être le peuple ne le sait-il pas. Que les mandarins locaux mettent donc en œuvre tous les moyens pour le lui faire savoir, pour réveiller en lui les sentiments naturels, et faire cesser la barbare coutume de noyer les filles. « 

— 3° En 1774, le quatrième empereur de la même dynastie, ICikn-lonc, sanctionna la requête suivante du Grand-Juge et lui donna force de loi : « La détestable coutume de noyer les petites filles est comnmne dans le Kiang-si. Certaines familles pauvres craignent les dépenses qu’il faudra faire pour les élever. D’autres, qui ne sont jias pauvres, redoutent les frais qu’il faudra faire pour les marier. D’autres enfin, qui comptaient sur un garçon, appréhendent que, si la mère nourrit la petite fille, la réalisation de leur vœu ne soit retardée ; ils noient donc l’enfant, pour en avoir ])lus tôt un autre. Ce crime doit être puni de la même peine que la mise à mort injuste d’un enfant I)lus grand ; c’est à-dire de ra])plication de Go coups de rotin, suivie de l’exil durant une année. Ceux qui, ayant eu connaissance du projet pervers des parents, ne s’y seront pas opposés, devront être punis comme ayant parlicipc au crime. » — 4° Les proclamations des mandarins contre l’infanticide ne se comptent pas. Les tracts bouddhistes et taoïstes sont pleins de tirades contre ce crime. Les statuts des sociétés de bienfaisance en parlent ouvertement. Je me bornerai à quelques courts échantillons de ce genre de littérature. Dans le Tei-ilou, recueil de conseils avantageux : « La détestable coutume de noyer les filles est commune dans les campagnes. On a bien fondé des orphelinats dans les villes, pour que les enfants y soient portés au lieu d’êlre tués. Mais les paysans craignent la dépense ou la fatigue d’un voyage jusqu’à la ville. Ils noient leurs filles, et disent que c’est leur faire du bien que de les préserver ainsi des labeurs d’une existence féminine, de leur procurer vite unenouvelle réincarnation qui sera peut-être masculine. « …Dans le Hiao-t’ang-kiang-yu, discours moraux des écoles : » Il y a de mauvaises femmes, qui se défont de leurs filles en les noyant. Prencz-y ganle ! Si vous tuez votre enfant, il se réincarnera dans votre sein par vengeance, et vous fera nuiurir dans les douleurs de l’accouchement. » Etc. — Concluons : Il constate, par les documents cités, que l’infanticide se pratique dans quelques provinces de la Chine, pour les causes alléguées, en violation des lois. C’est tout ce qu’il s’agissait de prouver ici. — A consulter G. Palatrk, S. j., l’Infanticide en Chine ; et Cii. DB Harlez, même titre.

Léon A’iEGER, S. J.