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INDE (RELIGIONS DE L’)

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jiàli T’ahbajjii) ou départ du monde. La cérémonie de l’admission s’appelait V l’pasuinpadd. Entre les deux se plaçait un noviciat plus ou moins Ion ; , ’.

Les formules d’admission étaient toujours les mêmes. On s’informait auprès du postulant, que l’on adjurait de dire toute la vérité, s’il n’était pas dans l’un des cas de prohibition énumérés en sa présence. Le novice était placé sous la surveillance d’un ou deux moines. On avait eu soin, dès le premier jour, de lui dire ses nouvelles obligations, soit vis-à-vis de ceux-ci, soit à l’égard de la communauté, le régime auquel il se vouait, ses exigences, ses rigueurs, tempérées toutefois par la charité pulilique à laquelle il aurait désormais recours. Surtout on lui indiquait ce qu’il devait éviter, les quatre défenses : l’impureté, le vol, le meurtre, la vanité, e’est-à-dire l’éloge mensonger de soi-même. Il était toujours loisible au moine, même profès, de quitter la communaulc. Il venait trouver ses supérieurs, et se contentait de leur dire qu’il avait ses biens, ses plaisirs, sa famille dans l’esprit, c’était le terme consacré. On le laissait aller. Plus tard, si la communauté, à son tour, lui revenait dans l’esprit, il pouvait être reçu de nouveau, mais le temps précédemment passé dans le Sangha ne lui était point comjité pour déterminer son rang d’ancienneté : il recommençait.

A la différence des ascètes du Brahmanisme, qui généralement ne se retiraient dans la solitude qu’après avoir assuré la perpétuité de leur race, les Bouddhistes pouvaient se vouer, dès le principe, à la continence absolue, sans être obligés de fonder une famille. Certaines sectes juives, contemi)oraines du Bouddha, pratiquèrent aussi le célibat : tels les Esséniens, les Ebionites, les Thérapeutes.

Cet alfranchisserænl de tout lien familial, les Bhikshus l’exaltaient en termes dithyrambiques : Cl En grande joie nous vivons, nous qui ne possédons rien ; la gaité est notre nourriture », leur fait-on chanter.

Si le renoncement était complet, il n’était pas délinitif, car on pouvait toujours se reprendre et renouer les liens brisés. Le Bhikshu qui laissait une femme dans le siècle, ne l’appelait plus que son ancienne seconde : mais, comme il pouvait, d’un jour à l’autre, quiller la eonmiunauté, pour venir la rejoindre, elle n’avait pas le droit de se remarier. Ses biens, non plus, n’étaient pas aliénés, pour le même motif.

Le travail des mains était interdit. L’étude des Livres saints, la méditation et la prière étaient, avec la mendicité qui lui valait son nom, les occupations exclusives du Bhikshu. Une devait recevoir que des dons en nature. Lorsqu’on offrait del’argent à la communauté, si celle-ci, pour un motif spécial, se voyait dans l’inqjossibilité de refuser, elle désignait parmi ses membres un jeteur d’or, chargé d’enfouir quelque part la somme reçue, avec défense de lepérer la cachette, de peur que plus tard, sa famille lui revenant à l’esprit, et le souvenir du trésor lui étant toujours présent, il ne s’avisât de l’aller déterrer.

Les moindres actions des Bhikshus étaient minutieusement réglementées. Il y avait une façon spéciale de boire, de manger, de s’asseoir, de dormir, etc. Toutefois, les Jainites dépassaient de beaucoup le>irs rivaux, pour cet esprit de minuties qu’ils poussaient jusqu’à l’extravagance.

Les liaités de discipline prescrivaient aussi des soins hygiéniques parfois assez ini])ortants.

Les couvents proprement dits ou Viliàrns étaient assez [>eu nombreux, et ne renfermaient guère qu’une ou deux dizaines de moines, à la dilTérence des lamaseries actuelles ù Tibet. Une hutte, un tronc d’arbre, un trou de rocher servait d’abri au Bhikshu, durant la saison des pluies. Il se formait ainsi des

espèces de laures analogues à celles de la Palestine ou de la Thébaide, dans les premiers siècles du Christianisme. Les membres de la communauté habitaient dans le voisinage les uns des autres, quand ils ne vivaient pas ensemble. Nous avons vu précédemment comment s’écoulaient leurs journées. Après sa profession, le nouveau Bhikshu passait cinq années sous la direction de deux anciens ou 1 lieras. L’ordre hiérarchique était basé, non sur la nature des fonctions qui d’ailleurs étaient presque les mêmes pour tous, mais sur le temps passé dans le Sangha.

Le culte bouddhique était réduit au minimum et ne méritait nullement ce nom, du moins à l’origine, car il s’est bien développé depuis, en Chine et au Jaj)on notamment. Nous ne traitons ici que du Bouddhisme primitif. U’ailleuis, à qui ce culte se serait-il ra]iporté, puisque le Bouddhiste ne s’in([uiétait même pas de savoir s’il y a un Dieu, et ([u’il attendait son salut, non de la grâce, mot vide de sens pour lui, mais de ses seules forces ? Tout se réduisait à certaines pratiques disciplinaires, comme Icjeùne et la confession publique, les plus importantes de toutes.

Le jour assigné pour le jeûne, le dernier jour de chaque quinzaine, tous les membres de la communauté étaient convoqués..Si un moine était malade, c’est chez lui qu’avait lieu la réunion, autant que possible. Les profès seuls y assistaient, ixm les autres, non plus que les religieuses ou les laïcs. Le doyen lisait le formulaire de confession, car jeûne et confession se pratiquaient le même jour, et il énonçait ce que l’on appelait la déclarution de pureté. Dans l’origine, le coupable devait déclarer sa faute, qu’elle fût ou ne fût pas expiée. Plus lard, il ne s’agit plus ([ue des fautes expiées. Jusqu’à l’expiation, le coupable devait s’interdire ces sorlcsde réunions..S’ilavait commis des fautes entraînant l’exclusion, il était retranché de la communauté.

A côté de la coulpe, il y avait le chapitre, c’est-à-dire la dénonciation solennelle des délinquants. Elle avait lieu généralement aussitôt la saison pluvieuse écoulée. Ici encore, il ne fut bientôt plus question que de fautes expiées par une pénitence volontaire, jugée équivalente au délit commis.

Le Bouddha, suivant une tradition peu vraisemblable, bien que fort accréditée, établit de son vivant qualre pèlerinages fameux entre tous ; c’était Kapitiii’astu, son lieu d’origine, VArl/re de lu Bodhi, au pied duquel il avait reçu l’Illumination, Bénarès où il avait fait tourner, poiu" la ]iremière fois, la roue de la loi, entin Kuslnàrn, où il avait résolu de mourir.

Il avait recommandé à ses disciples de ne point s’occuper de son cadavre. Sui ant lui, les laïcs lui rendraient assez d’honneurs sans qu’ils eussent à s’en mêler. Il prophétisait. Sans parler de ses funérailles qui furent plus que rojales, bientôt l’Inde lui bâtit de splendides Stupas, oà ses reliques, c’est-à-dire les quelques ossements recueillis sur son bûcher, furent conservées avec piété et reçurent les plus grands honneurs. Actuellement, on montre encore une de ses dents à Ivandy, et une autre au Bengale, dans la ville d’.va. Celle-ci fut, en 1900, l’objet d’un pèlerinage qui mit en mouvement et en joie tout le monde bouddhique. On y accourut jusque du.)aj)on.

Un mot des Bliikshunis ou religieuses bouddhiques. Dans rinde, la femme est considérée comme une mineure perpétuelle. Aussi les nonnes sont-elles I invariablement placéessousia direction des moines : i le Bouddhisme ne pouvait avoir et n’a jamais eu son lîobert d’Arbrissel. Vue prescription oblige la Bhikshunl, ou Jlliikkliiiiii, eût-elle cent ans de profession, à la soimiission au Bhikshu, fût-il ordonné du jour même. Les Viliâras de nonnes sont établis à part,