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INDE (RELIGIONS DE L’)

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les noms de Ilotar, Adhvarju, Praçihlar, Braliman, Potar, yeslilai.tgnidhra, ilontlcs diverses fonctions durent être d’assez bonne lieure nellenienl déterminées. Lors([ue, d’autre part, la division par castes fut établie, ce fut dans la première exclusivement, celle desUrahmanes, issue de la tête de Bralimà.quc se recrutèrent les sacrilicateurs, les ministres du culte. Le Ilotar était le récilateur, l’Adhvaryu, le manipulateur, si je puis employer cette expression, le Praçàslar était le donneur d’ordres. Le Ur.vlmian eut tout d’abord pour office de réciter dans le sacrifice du soma des stances adressées à Indra, fonction [ires([ue idculiiiue à celle du Ilotar ; plus lard, il fut établi, en quelque sorte, surveillant général du culte ; le Potar était le « clarilicateur » du soma, et leNeshtar, le a conducteur » de l’épouse du sacrifiant ; l’Agnidlira, ou Agnidli, l’ « atliseur de feu ». Grâce à cette extrême complexité des rites, on dut recourir à ce ([uc l’on appellerait aujourd’hui la division du travail. Il se forma d’abord des PaiislKids, des écoles liturgiques, où les recueils védiques furent délinitivement établis et répartis ; le Rig-Veda à l’invocateur ou Ilotar, le Yajur à l’Adlivaryu, ou sacrificateur, le Sàma au chantre, ou l’dgàtar, et r.tharva au Brahman. Un reste, le nombre des sacrificateurs variasuivant l’importance des sacrifices. Il s’éleva parfois jusqu’au chilTre de seize. Le plus souvent ce nombre de classes de sacrificateurs resta fixé à quatre : Adhvaryu, Holar, Brahman et Udgàtar.

De ces mêmes écoles sortirent aussi les Brâhmanas ^ ou traités lltm’giques dans lesquels sont étudiées les cérémonies cultuelles jusque dans les plus petits détails. Le formalisme y est tout, la magie s’y mêle dans une proportion parfoisinquiétante. On y enseigne, par exemple, comment le prêtre, soudoyé par l’ennemi de celui même qui l’emploie, peut déterminer la mort de celui-ci, en négligeant volontairement un rite imperceptible ; le sacrifice, et nu’me le dieu auquel il s’adresse, agissant un peu à la façon d’une machine inconsciente et surtout avec vine indiiïérenee parfaite, celle de l’arme que l’on arrache des mains de son propriétaire poiir l’en assassiner lui-même. Les rites sont devenus tout-puissants ; les dieux eux-mêmes n’existent plus que par eux et pour eux.

Itiles. — La période que nous étudions ne connut pas, je le répète, le culte public. Le sacrifiant ou )V( ; flm « na, l’offre individuellement pour lui et sa famille, dans le but d’attirer sur lui et les siens les faveurs des dieux, de détourner leur colère ou d’implorer leur secours pour se venger d’ennemis. S’il s’agit d’un sacrifice solennel, il se sert du ministère des prêtres ou olliciants. Sa femme lui est nécessairement associée. Il est d’autres rites qu’il accomplit personnellement, au foyer domestique même : rites de la conception, pour ses enfants, rites de la naissance, et, s’il s’agit de fils, rites de l’initiation, où l’adolescent, confié à un Giini, oii précepteur, est investi du cordon sacré et prend place parmi les Dwijas ou deux-fois-nés, en vertu de cette investiture qui est considérée comme une seconde naissance. Les trois premières castes, celles des Brahmanes ou prêtres, des Kshatriyas ou guerriers, des Vaiçyas ou artisans et laboureurs, ont seules le droit d’accomplir ces rites d’où sont exclus les infortunés Çi’idras et, en général, tous ceux que l’on désigne sous le nom de parias. Il y a aussi les rites du mariage et ceux des funérailles, enseignés, ainsi que les précédents, par les Bràhmanas et d’autres manuels liturgiques, appelés Siilras, ou fils conducteurs, dont l’écheveau nous paraît aujourd’hui extrêmement embrouillé. Leur description et par suite celle de la liturgie qu’ils enseignent m’en trainerait trop loin et serait parfaitement inutile au but ici proposé.

Qu’il me sutlise de dire ((u’à cùlé de ce fatras que constitue aujourd’hui la liturgie brahmanique, il y a des conceptions moralesdignesd’intérét, bien qu’entachées encore d’un formalisme ont ré. Elles se raf)portent au Dltarma, au devoir, dans la conception la plus étendue et parfois même la plus haute du mot. Les actes y sont méticuleusement codifiés, les actes peccamineux surtout. Celte législation formera plus tard des codes de lois dont le plus célèbre, celui de Manu, que l’on regarde parfois comme contem[)orain de Moïse, renferme, à côté de prescriptions ridicules et puériles, des lois d’une grande portée morale. Bien que ces écrits, du moins les principaux, comme le code de Jlanu, aient été assimilés par quelques-uns aux Vedas, aux livres sacrés, ils appartiennent bien plutôt à la Siiiriti ou Tradition.

Je n’ai pas à décrire, ni même à mentionner les divers genres de sacrifices dont parlent les Bràhmanas. On immolait toutes sortes de victimes, y compris l’homme. Ce dernier sacrifice avait, conmie la plupart des autres, son nom spécial, le Purushamedlia. Plus tard, il ne sera mentionné que de plus en plus rarement. Toutefois, il restera toujours une trace, en quelque façon, de ces sacrifices humains dans les suicides volontaires, soit par les eaux du Gange, soit sous les roues du char sacré de Jaghernatli, ou de tout autre genre, sans parler des Sutis ou immolations des veuves sur le bûcher de leurs maris, coutume qui a duré jusqu’au premier quart du dernier siècle, où elle fut supprimée plus ou moins radicalement par la loi anglaise.

Idoles. — Le Brahmanismeprimitif, cette continuation du Védisme, dut connaître le culte des idoles, bien que les textes soient très avares d’informations sous ce rapport. On y trouve l’anthropomorphisme et le zoomorphisme à chaque ligne, pour ainsi dire. Or il serait étrange qu’on n’eût point songé à réaliser par la peinture ou la sculpture ces images humaines ou animales des dieux que les textes sacrés décrivaient avec tant de complaisance. Le culte des images prit par la suite une telle extension, surtout peut-être sous le Bouddhisme, et il est resté si populaire, qu’il a dû exister de tout temps, plus ou moins. M. Ban h observe avec raison qu’il ne faudrait pas abuserici de la preuve négative, et conclure, de ce que les Vedas et les Bràlimanas parlent peu ou ne parlent qu’assez tard de ce culte des images, qu’il fut ignoré du Védisme. Il est vrai cependant que les rites ne comprenaient pas alors de sanctuaires et que les sacrifices avaient lieu en plein air, le plussouvent.Or, c’est surtout pour l’ornementation des temples que sont employées peintures et sculptures. A pari les oblations domestiques, faites à la maison, les cérémonies cultuelles n’avaient pas d’emplacement attitré. A chaque sacrifice, on procédait à la consécration d’un nouveau terrain, qui cessait d’être sacré, silùt la cérémonie terminée. D’autre part, comme il ne pouvait s’agirquedesacrificcs individuels qui n’intéressaient que le sacrifiant ou tout au plus sa famille, les deux caractères, la permanence et la communauté, qui caractérisent habituellement le sanctuaire, n’existèrent pas dans le Védisme, ni le Brahmanisme, son continuateur, ou n’existèrent qu’à titre d’exception.

Spéculations phitusopliico-religieuses. — Upanishads. — A c6té du rituel brahmanique, et parallèlement, se développa la doctrine compliquée des [panishads, qui eut la prétention, elle aussi, de s’appuyer sur les Vedas et de n’en être que le commentaire. Celte littérature des Upanishads est extrê-