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HYSTERIE

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[voir l’article Hkhésik]. Et le concile écarta de l’empereur le reproche d’avoir violé sa propre parole. Voici la déclaration conciliaire rendue dans la session du 23 septembre 14’5 : « Synodus, ex quovis salvo conductu pcr imperatorem, reges et alios sæculi principes hacrelicis acI de liæresi diffamatis, putantes eosdem sic a suis errorilius revocare, quocunquc vinculo se adslriiixerinl, concesso, nuUum lidei catholicæ vel iurisdictionis ccclesiasticae præiudicium generari et impedimentum præslari posse seu debere déclarât, quominus salvo condiiclu non obstante liceat iudici competenti ecclesiaslico de buiusniodi personarum erroribus inquirere et alias contra eas débite procedere easdemquepunire, quantum iustitia suadebit, ut suos pertinaciler recusaverint revocare errores, etiamsi de salvo conductu con-Osi ad locum venerint iudicii, alias non venturi, nec sic promittentes, cum fecerit quod in ipso est, ex hoc in aliquo reniansisse obligatum » (Mansi, Amivissima concilioium collectio, XXVII, 799).

Dans cette simple justification de Sigismond, quelques érudits récents veulent trouver la « déclaration scandaleuse » que rien n’oblige à la fidélité envers des hérétiques. Ou encore : il serait permis d’attirer des hérétiques au lieu où se tient le concile, fût-ce même par des promesses fallacieuses (Ualmann, 26). Mais quiconque lira sans parti pris ce décret, reconnaîtra aussitôt qu’il ne contient rien au delà de ce que contenait le sauf-conduit analysé plus haut. Le décret prescrit aussi une procédure équitable envers les hérétiques.

1° Il n’est permis qu’au seul juge compétent de procéder contre eux.

2" Le sauf-conduit délivré aux conditionshabituelles par les empereurs, rois et princes, n’est pas un obstacle à ce que le juge ecclésiastique régulièrement institué procède légalement contre les hérétiques ou personnes soupçonnées d’hérésie. Celte lettre en clTet ne doit créer aucune dérogation au droit ordinaire, touchant le maintien de l’Eglise et de la vraie foi.

3’Néanmoins le prince qui a concédé le saufconduit doit faire tout ce qu’il peut pour sauver le malheureux.

Ainsi ce décret ne fait qu’établir quelle signification l’on reconnaissait généralement au sauf-conduit donné à Hus. Nulle part n’y est proclamé ce condamnalde axiome qu’en aucun cas on ne serait tenu envers un hérétique parla parole donnée, alors même que seraient remplies toutes les conditions requises pour la valeur d’une promesse. Le concile se borne à dire que dans le cas actuellement envisagé l’on n’a pas en main toutes les conditions requises pour qu’il y ait promesse valable ; et cela parce qu’on ne peut sans péché s’engager à mettre un hérésiarque à l’abri de poursuites judiciaires.

A. Khoess, s. J.


HYPNOTISME. — L’hypnotisme est l’art d’obtenir, de provoquer, d’entretenir, de régler, et même d’interrompre l’hypnose. L’Iiypnose est un sommeil pathologique, dont l’essence n’intéresse que médiocrement, en tant que telle, les apologistes de la foi catholique. Il n’en est pas de même de ses effets : on a accusé ou suspecté l’hypnotisme de supprimer le libre-arbitre, soit accidentellement, soit constamment : personne ne saurait alTirmer qu’il est libre, pratiquement, si l’hypnotisme pouvait être inconscient, ou inconsciemment subi, ou normal par exception ou par hypothèse. On a également soutenu que la suggestion opérée dans l’hypnose est responsable de certains désordres ou créancière de certains bienalts et que tout le surnaturel s’écroule si on le ramène

aux proportions de ces désordres ou de ces bienfaits, arbitrairement confondus avec les possessions diaboliques et les guérisons miraculeuses. Quel que soit le rapport qui lie la suggestion à l’hypnotisme (rapport de cause à effet suivant Nancy, rapport d’elTet à cause suivant la Salpètricre), on conviendra que tous ces prétendus effets de l’hypnotisme ressortissent à la suc.gbstiok (voyez donc ce mot). — Si l’on suppose que l’iiypnose est quelquefois spontanée, quels qu’en soient alors les rapports avec riij-stérie, les effets en sont analogues à ceux de I’hystérie (v. ce mot.) — Si l’on considère seulement quelques prétendues conséquences de l’hypnose, imputées par la théologie catholique à des causes transcendantes, on en jugera la validité aux articles Guériso.n, Possession, etc.

D’Robert van der Elst.


HYSTÉRIE. — I. Définition. — II. Description des théories actuelles. — III. Rôle de l’hyrpnotisme dans l’hystérie. — IV. Conclusion.

I. L’hystérie n’est pas définie. A quel prix elle est définissable. — L’hystérie, comme l’hypnotisme, intéresse l’apologiste en raison des effets mystérieux qu’on lui attribue, et qui ne tendent à rien moins qu’à expliquer par des mécanismes naturels ou (qui pis est) morbides un certain nombre de phénomènes merveilleux ou même surnaturels. Pareille prétention sera considérée comme un peu démesurée, quand on saura qu’ « une bonne définition de l’hystérie n’a jamais été donnée et ne le sera jamais « (professeur Lasègue). Il semble, en effet, que la solution de ce problème soit désespérée, pour la simple raison que voici : les écoles modernes, tant médicales que scientifiques, font appel aux échantillons cliniques pour définir les types nosologiques : en d’autres termes, surtout quand une maladie n est pas spécifiée par sa cause, la pathologie ne définit que des ensembles de symptômes qu’on trouve habituellement groupés chez les malades réalisant le type à décrire. C’est ainsi, par exemple, que la coqueluche est caractérisée par une forme spéciale de quinte, la rougeole par une forme spéciale d’éruption et que, même avant la découverte du bacille de la diphtérie, l’angine diphtérique était caractérisée par ses symptômes cliniques évoluant concurremment (de ces deux derniers mots traduits en grec la langue médicale a tiré le terme de syndrome) ; et le croup, qui est la diphtérie du larynx, était suffisamment caractérisé par ses membranes, par leur siège et par leurs effets. Mais la découverte du bacille de Klebs-LoefDer a permis tout de même d’exclure du type diphtérie toutes les autres angines à fausses membranes, et, inversement, d’y faire rentrer des échantillons frustes d’angine ou d’autres localisations diphtériques beaucoup mieux spécifiés par leur germe que par leur siège et par leur forme, et qu’autrefois l’on n’eût pas rattachés à la diphtérie faute d’en connaître la cause. Comme on ignore la cause de l’hystérie, on est bien forcé de cherclierà sa définition un autre principe : malheureusement son siège n’est pas unique et sa forme est au moins diverse. Si l’on pose en principe que l’on doit définir l’hystérie d’après les symptômes habituellement groupés chez les hystériques, il faut alors savoir qui est hystérique, afin de se documenter d’après des exemples pris sur le vif. Mais comment, d’autre part, savoir qui est hystérique, sans avoir orienté sa recherche d’après un questionnaire classique, d’après un type acquis et abstrait d’hystérie auquel on compare l’échantillon concret qu’on observe ? Comme on le voit, ce cercle vicieux ne pourra être brisé que par la défi-