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HUS fJEAN)

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tiéine lialisiue et aux erreurs lUéologiquesdu aiailre anglais, John Viclik. Comme champion de la nation tchèque, il s’acquit vite une autorité considérable parmi les professeurs et dans le iieuple. Elu recteur III octobre liioi, il reçut aussitôt la charge de prédicateur à la chapelle de Belliléeni, dépendante de l’Université. C’est donc en ses leçons à lu l’ois et par ses sermons que Hus propagea les erreurs de Wiclif, mettant loiile sa passion à parler contre les fautes et les péchés du clergé. Aussi l’archevêque Shinko von Isenburgle somma de se justilier. Contre lui toutefois Hus trouva longtemps appui près de la reine Sophie et du roi Weiiceslas. L’archcvè(iue l’excommunia le 18 juillet iiiio, maisllus continua ses prédications, au mépris de son pasteur. Comme il fut cilé à Rome et refusa de s’y rendre, de nouveau en février 141 i on rexcommuniu.Sbinko mourut le 28 septembre 1411- Alors le Pape Jean XXIII, que reconnaissait Wenceslas, s’occupant de l’alluire, lit continuer la procédure contre Hus el chargea de cette lâche le cardinal Ollion Colonna. IIus était soupçonné d’hérésie (flocunuvi/rt Mag. Joannis Jlits vituni, civctrinain, catisum in Conslantieiisi conciliu ucliiin et lonlrui’ersias de reli/iioiie in Bohemia annis 14<131 ! )iH inotas illustraniia. Edidil Franciscus Palacky, Pragae, 186y).

L’enquèle cependant fut conliiiuée par une congrégation de cardinaux. Aanl qu’elle prit fin, le Pape convoquait, poussé par Sigismond, roi des Uoinains, le Concile général qui se réunirait à Constance le ! " novembre ! 414.

Le jeune Sigis.mo.vd avait très à cœur de démêler aussi, grâce à ce concile, l’écheveau de Bohème, puisqu’aprés la mort de Wenceslas ce royaume devait lui échoir en partage. Il engagea dès lors des négocialions avec Hus, le poussant à se rendre au concile. Hus en avait appelé à un concile général : il était prêt à s’y trouver, pourvu qu’il fiit assuré de s’y défendre en publie contre toutes accusations. Toutefois, ce qu’il entendait par là, ce n’était pas un simple plaidoyer pour sa défense, mais bien une dispute publique et solennelle (mugnam pugnam) avec les Pères, dispute telle qu’en avaient entre eux les théologiens du Concile. Or il était si plein de confiance en lui-inème qu’il ne doutait pas de sa victoire (Documenta, 78-99, n’41)- Ecrivant au roi Sigismond le i" septembre 14141 Hus présentait sa cause comme si juste, si innocente (/>(KHme/i/rt, 70, n° 36) queSigismond n’hésita plus à charger trois chevaliers de lui faire escorte. Le 18 octobre, le souverain rédigeait encore un sauf-conduit, promettant à Hus dans les formes usitées sécurité dans sa venie, sécurité dans son séjour et sécurité pour rentrer chez lui. Hus ne se contenta pas de ces garanties ; il sut se procurer en outre une attestation portant que personne en Bohême ne l’avait accusé d’hérésie (Documenta, 6869, n° 35. 531, n° 63)..insi prémuni, Hus quittait PragTie le 1 1 octobre. Les trois seigneurs désignés par Sigismond comme ses protecteurs l’accompagnaient. L’entrée à Constance eut lieu le 3 novembre.

Mais ses adversaires catholiques se présentaient eux aussi à Constance. C’étaient Michæl voxDeutscBBROD (Michæl de causis) et Stephan von Palecz. A Prague déjà ils s’étaient vainement efforcés d’arrêler la propagande et l’agitation menée par Hus pour les enseignements de Wiclif. Us éclaii-eraient maintenant le concile sur l’état réel des affaires. Hus prit logement chez la femme d’un bourgeois et se disposa à la lutte (Documenta, 78-79, n° l).

Une commission de cardinaux traita d’abord avec lui en laissant intacte sa liberté. Très vile, cette commission reconnut le bien-fondé des charges portées contre Hus : elle le lit donc garder à vue le

28 novembre, dans la demeure d’un chanoine de Constance. Le 6 décembre il en fut transféré dans le réfectoire des Dominicains. Là sans doute il pouvait librement conférer avec ses amis ; mais c’était un local humide, qui lui valut maintes douleurs physiques. Sigismond lui-même survint à la Noël. Apprenant l’arrestation de Hus, l’empereur voulut d’abord exiger par force sa libération. Il ne tarda pas cependant à déclarer qu’en matière de foi le concile devait être libre. Quand se fut produite la fuile du pape Jean — c’est au pape jusqu’alors qu’il appartenait de veiller sur Hus —, on transféra encore le prisonnier. Pour plus de sûreté, il fut enfermé au château de Gottlieb, évéque de Constance, jusqu’à ce que le concile, à l’instigation de Sigismond, accordât à l’accusé un interrogatoire public, le 5 juillet. Après cette date, et pour être plus à portée des réunions, Hus demeura en ville dans le cloître des Krères mineurs.

Ces audiences publiques conlirmèrcnt la culpabilité de Hus. Le 6 juillet, dans l’église cathédrale, lut rendue une sentence affirmative sur le fait d’hérésie. Comme il refusait de se rétracter, on le dégrada, puis on le livra au bras séculier. Ces derniers juges ai)pUqnèrenl les lois rigoureuses de l’époque et Ûrenl brûler Ihis en place publique.

Ou a comme exposés rigoureusement catholiques de la iiucslion : Coculæls (Joannes), /y(.s ; o//rte Hussiluium lihii.VU, Mo’^unliae, lô^g ; Heli’ert, /{usa und llieronymus, Studie, Prag, 1853 ; Luksch, article du Kirclienlexicon, t. VI ; — non catholiques, articles Hus, llussiten, llieronymus von Prag, dans la Itealencyklopiidie de Herzog-Hauck, t. VIII.

H. Les accusations. — Tel est le l’ait que les ennemis de l’Eglise catholique et du moyen âge ont exphiilé pour formuler de graves accusations. Elles se ramènent à trois chefs :

1. Hus est mort martyr de ses convictions, — et c est donc à juste titre que ses partisans l’ont honoré comme saint.

2. L’empereur Sigismond et le concile ont manqué de parole à l’hérétique Jean Hus, et honteusement foulé aux pieds le sauf-conduit, Dr. Paul Uhl-MANN, Konig Signiund’s Geleit fUr IIus und dus Geleit

im Mittelalter, Halle, 189^ ; J. Novotny, Husuv glejt,

dans Cesiy casopis historicky, II, 1896, 10 sqq.).

3. Pour justilier l’empereur d’avoir violé son propre sauf-conduit, le concile a publié cette scandaleuse décision : la foi jurée n’oblige aucunement dès qu’il s’agit d’un hérétique (Ciseler, I.ehrbuch der h’ircltengesctiichte, Band H, Abteilung 4, p. il- Uiilmann, op. cit., 27).

m. Réponse. — Mais il est facile de réfuter toutes ces charges.

I Quand on affirme que Hus a souffert le martyre pour ses convictions intimes, il faudrait d’abord prouver une chose : que dans ses enseignements il s’est montré constant avec lui-même, et au point d’en défendre vaillamment la vérité jusque dans les audiences des 5, 7 et 8 juin 1415.0r à ce jour pareille preuve n’a pas été faite ; bien plus, elle ne peut l’être.

Hus a été très mobile dans ses doctrines. Il s’est borné, quand on l’interrogeait juridiquement, à nier que les propositions incriminées fussent vraiment de lui. Pourtant elles étaient tirées mot à mot de ses écrits, ou du moins on les trouvait soit implicites mais exactes dans ces mêmes écrits, soit affirmées par beaucouj) de témoins auriculaires (Hefele, Konziliengeschiclite, VII, p. 149-178 ; Dr. Antonin Lenz,

Jesl pravdou nepochyhnou, ze unirel mistr Jan Hux