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HOMME

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ïiniqiie, il esl vrai, se séparerait très nettement de riiomme de La-Chapelle-aux-Saints pour se rapprocher de celui de Grinialdi et aussi de certains types de Cro-Magnon trouvés eux aussi à Menton, et dont les caractères sont particulièrement accentués et rudes.

En somme, aucune donnée positive ne permet à l’heure actuelle de dire par exemple que l’homme de Néandertlial a pour enfants d’un côté celui de Grinialdi, d’un autre celui de Cro-Magnon et pour petittils le brachycéphale néolithique. Quelque généalogie qu’on imagine, on ne peut en établir aucune.

Pour voir cependant toutes ces formes sortir d’une seule origine, il faut supposer trois choses : i" c’est dans une seule région, vers l’Orient probablement, que l’humanité a commencé : 2" primitivement, le corps humain était très apte à se transformer ; 3° les premiers hommes se sont dispersés, puis ont vécu dans des conditions physiques et morales fort diverses ; ces conditions ont profondément modilié les organismes et permis soit une marche plus ou moins rapide vers la civilisation, soit un progrès très lent ou même un recul.

Ces trois hypothèses n’ont rien que de vraisemblable. Evidemment la préhistoire est une science trop jeune pour pouvoir les véritier. Il faudrait pour cela multiplier les fouilles sur tous les points du globe, comme en Europe occidentale, et les faire avec une nu’tliode scicntitique rigoureuse. Et encore cela pourrait ne pas suflire, car il y a eu tant de destructions de toute sorte, jusqu’à des continents disparus par exemple au sud de r.siel Mais on peut, avec les faits actuellement connus, tirer des conclusions qui ne sont pas sans probabilité.

1° Il n’y a aucune raison de penser que l’humanité a commencé en Europe, encore moins en Amérique. Resterait à choisir entre l’Afrique, l’Asie et l’Océanie. La ressemblance entre les hommes de Néandertlial et ceux de l’Australie actuelle fait adopter ce dernier continent, par quelques esprits, comme berceau de l’humanité. Mais au point de vue zoologique, c’est la dernière contrée à choisir. Les Australiens-Tasmanienssont des immigrés très anciens venus du Xord et étroitement apparentés aux Weddas de l’Inde. Le fait que l’homme arrive en Europe, autant qu’on peut en juger, avec une invasion d’animaux sauvages d’origine asiatique (éléphant, rhinocéros, liison, etc.) permet d’envisager comme probable que son berceau doit être recherché en Asie, en y comprenant l’Indonésie, qui n’en est que le prolongement disloqué. Dans l’état actuel de la science, rien n’oblige à envisager plusieurs berceaux distincts de l’espèce humaine ; la théorie d’un berceau unique est scientifiquement la plus probable et la plus rationnelle.

2" Que l’homme primitif ait été plus apte à se transformer, c’est ce que les évolutionnistes soutiennent comme un principe général : l’enfance de l’espèce a, comme l’enfance de l’individu, une grande plasticité. Il le faut bien pour qxie, si loin de nous, l’individu de Cro-Magnon et celui de La-Chapelle-aux-Saints fussent plus différents l’un de l’autre que le Français et l’Australien actuels.

3° La dispersion des premiers hommes semble avoir été rapide ; les conditions morales et surtout physiques où ils se sont trouvés ont présenté de bien plus grandes diversités que de nos jours. Le chasseur émigré jusqu’en Allemagne a dû subir des influences bien différentes de celles que ses frères ont trouvées en Mésopotamie ou en Egypte. Les changements de climat avaient une intensité que nous ne connaissons plus et qui, en tout cas, nous trouverait mieux armés pour en atténuer l’action. On peut donc concevoir sans peine, à partir d’un point

de départ primilifcoramun, laformation trèsancienne de types physiques et moraux profondément différents.

Quel portrait peut-on se faire de ces premiers humains ? Evidemment les évolutionnistes leur donnent des caractères pithccoïdes très accentués. Le Pithécanthrope de Java, la mâchoire de Mauer, la race de Xéanderthal, en un mot presque tous les documents les plus anciens sur l’homme sont favorables à cette conception. On peut cependant faire remarquer que le crâne de l’Olmo et ceux de Galley-Hill et d’Ipswich, s’ils sont authentiques, sont voisins du type de Cro-Magnon. D’autre part M. Boule a dit du crâne de La-Chapelle-aux-Saints qu’il « présente, en les exagérant parfois, tous les caractères des calottes crâniennes de Néanderthal et de Spy ». Mais tout ce qu’on peut en conclure, c’est que dans certains individus ou certaines peuplades les caractères pithccoïdes s’étaient atténués et dans d’autres s’étaient accentués. En somme la science ne saurait prétendre encore éclairer le problème des origines jusqu’à ces profondeiirs. Le pourra-t-elle jamais ?

G° l’antiquitk de l’homme

Une dernière question esl celle des dates à assigner à ces faits lointains de la vie de l’humanité.

On a longtemps cherché dans la supputation des chiffres foiu’nis par la Bible un moyen de fixer la date delà création d’Adam, et les résultats oscillaient entre le quatrième et le septième millénaire avant Jésus-Christ. Mais les exégètescatholiques s’accordent aujourd’huià reconnaître que, à proprement parler, il n’y a pas de chronologie biblique pour les temps antérieurs à Abraham. Voir sur ce point l’article Genèsk, col. 290.

Le néolithique finit dans nos régions vers l’an 2600 environ avant Jésus-Christ. C’est la seule date un peu précise qu’on puisse donner. Pour remonter au delà, la science a cherché des chronomètres et a essayé successivement de se servir des suivants : cônes de déjection des cours d’eau, corrosion des roches calcaires, exhaussement des plages, formation de la tourbe, dépôts annuels d’alluvions. etc. On connaît bien la rapidité de ces phénomènes dans les temps actuels, mais rien ne permet de fixer que le mouvement qu’ils représentent n’a pas eu des arrêts ou des accélérations ou des reculs dont on n’a ni la preuve ni la mesure.

Voici un exemple de calcul, fait par un savant suédois, MoNTÉLius : n Les ruines de Suse en Perse, forment une colline de 34 mètres de hauteur. Les couches supérieures, jusqu’à 5 mètres de profondeur, ont été formées pendant les derniers 3000 ans c’est-à-dire après le xi" siècle avant Jésus-Christ ; au-dessous de ces 5 mètres, on n’avait jamais trouvé de fer. Les couches suivantes, de 5 jusqu’à 10 raètresde profondeur, contiennent du bronze et du cuivre, tandis que les couches inférieiires, de 10 jusqu’à 3/i mètres de profondeur, sont néolithiques. Maintenant on a pu constater que le cuivre était connu dans ces régions plus de 4-000 ans avant Jésus-Christ. Alors, les 10 premiers mètres correspondant à 6.000 ans, nous pouvons avoir une idée de la duréeénorme de la période néolithique, pendant laquelle les 24 mètres de débris ont été formés. Je suis convaincu que la période néolithique a commencé dans ces contrées plus de 20 000 ans avant nos jours. » (Congrès international d’Anthropolo ^ie et d’Archéologie préhistorique de Monaco, igo6, compte rendu, tome II, page 32.)

En faisantun raisonnement analogue surlesfouilles de Knossos, M. Arthur Evans réclame 1 4.000 ans pour le néolithique local, qui correspond d’autre