Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/250

Cette page n’a pas encore été corrigée
487
488
HOMME


Là comme ailleurs, une forte organisation sociale unie à de sincères convictions religieuses ont fait faire des merveilles. Suivant le mol heureux de M. Déchelette, avec les néolithiques ainsi groupés,

« l’ère des travaux publics est ouverte ».

Les monuments mégalithiques se classent d’après 6 types principaux :

1° Le menhir ou pierre dressée ;

2° Le cromlech, groupe de menhirs entourant un espace ordinairement circulaire ;

3° L’alignement, suite de menhirs disposés en rangées à peu prèsrectilignes et parallèles ;

4° Le dolmen, grande table de pierre soutenue par des pierres dressées. Plusieurs dolmens juxtaposés forment une allée couverte ;

5° Le trilithe, 2 menhirs surmontés d’une pierre en linteau (ce monument est rare) ;

G" Le cist ou coffre en pierres, tombeau en rectangle allongé, délimité par des tables dressées.

Dolmens et colTres sont parfois recouverts de grands amas de terre appelés tumulus.

Les monuments mégalithicfues se retrouvent depuis rinde jusqu’à l’Atlantique. Cependant sur cet espace quelques régions, comme les Provinces Rhénanes, l’Allemagne du Sud, la Bohême, la Hongrie ne renferment aucun dolmen. Par contre, ce monument est fréquent en France dans la région qui va du Finistère au Gard, surtout aux deux extrémités : en Bretagne d’un côté, dans l’Aveyron et les départements voisins, de l’autre.

Le menhir, qu’on trouve principalement en Bretagne, se rattache probablement au culte de la pierre, si commun encore dans l’antiquité historique. Mais on n’en peut rien dire de plus précis. Il en est de même des cromlechs et des alignements.

Le dolmen était un tombeau, mais pour plusieurs morts ; les allées couvertes étaient de véritables nécropoles ou mieux des ossuaires. On utilisait aussi à cette (in des abris naturels. Dans toutes les régions on déposait en pleine terre des cadavres, probablement de pauvres gens. Rarement on incinérait le corps ; peul-élre assez souvent faisait-on l’opération du dccharnement avant l’inhumation (certaine secte de l’Inde conQe ce soin aux vautours). Parfois les os étaient colorés ; à côté d’eux étaient déposés des parures, des armes, des objets usuels.

Un curieux usage est celui de la trépanation, tantôt pendant la vie, tantôt après la mort. A cette opération doivent se rattacher ces rondelles crâniennes perforées que l’on trouve parfois près du squelette. Dans la région au nord de Paris, certains crânes des dolmens présentent un sillon en forme de T appelé T sincipital et provenant d’une opération faite pendant la vie. On ne sait s’il faut y voir une opération médicale ou une sorte de consécration religieuse ou un ornement.

Ont probablement été des idoles ou des objets de culte, certaines figurations grossières de la forme humaine et de la hache, sculptées sur des menhirs ou dans des grottes funéraires. On peut attribuer le même rôleàdes poteries ornéesd’une paire d’yeux lenticulaires. Ce dernier objet paraît provenir d’Asie Mineure et avoir cheminé par la Méditerranée et l’Atlantique jusqu’en Danemark. (La même voie aurait été suivie par un motif de décoration en spirales, qui date de l’époque prépharaonique.)

Sur bien des monuments funéraires ont été creusées des cupules parfois entourées de cercles ou relices par des rigoles ; très probablement elles ont un caractère religieux ou symbolique.

Il ne faudrait pas se rcprésenter les druides immolant lies victimes humaines sur la table des dolmens et faisant couler le sang dans les cupules et par les

rigoles. Il y aurait là un anachronisme et une fantaisie Imaginative que n’appuie aucun document.

Le type physique. — Il est devenu très varié. On trouve en effet, parmi les squelettes de cette époque, des dolichocéphales, des brachycéphales et tous les types intermédiaires. On peut encore signaler en plusieurs endroits la présence d’une forte proportion de pygmées et l’on a pu se demander s’ils ne formaient pas un groupe humain spécial, analogue aux négrilles actuels.

Cependant les races n’étaient pas absolument mêlées. Ainsi les dolichocéphales dits des Baumes-Chaudes (du nom d’une station lozérienneoù un seul ossuaire avait reçu près de 300 cadavres) occupent seuls la France occidentale. Une ligne tracée de l’embouchure de la Seine aux sources de la Garonne les séparerait des brachycéphales de la France orientale. Ceux-ci occupent deux centres principaux : l’un appelé Belge, comprend le nord de la France, et l’autre, dit Allobroge, occupe le Dauphiné. Comme nous l’avons vu, les dolmens sont tout particulièrement nombreux dans la France occidentale, d’autre part les néolithiques « belges » avaient certaines particularités comme le T sincipital.

5° LE PROBLÈME DES RACES ANCIENNES

Nous avons vu que sur le sol de l’Europe les premiers habitants avaient des caractères pithécoïdes très accentués. La deuxième race s’écarte singulièrement du type de la première. Avant les brachycéphales néolithiques, probablement même avant les dolichocéphales de Cro-Magnon, il faut placer une autre race que nous désignerons comme la 3’et qu’on a appelée race de Grimaldi, du nom de la commune où on l’a découverte, dans la principauté de Monaco.

C’est en 1901. dans la grotte de Baoussé-Roussé qu’on a trouvé, inhumés ensemble, les squelettes d’un jeune homme et d’une vieille femme. Ce sont des négroïdes : leur front est bombé comme celui de l’homme de Cro-Magnon, leur bouche est projetée en avant plus encore que celle de l’Iiomme de La-Chapelle-aux-Saints ; chez eux comme chez celui-ci, le menton est fuyant, le nez fort large, les orbitestrès grands.Leur taille est intermédiaire entre celles des deux autres. On les rapproche des nègres actuels en raison de ces divers caractères et aussi du développement exagéré (le l’avant-bras par rapport au bras, de la jambe par rapport à la cuisse. Ils en diffèrent par l’aspect du liaulde laface, la saillie de la charpente nasale et une certaine délicatesse dans l’ossature.

Ces négroides ne sont connus directement que par ces deux échantillons, mais M. Vernbau, qui les a étudiés, a découverlparmi les squelettes, soit de l’époque néolithique, soit du moyen âge et des temps modernes, un certain nombre de spécimens qu’il regarde comme des survivances de la race de Grimaldi. Ce qui rend cette conclusion particulièrement saisissante, c’est le fait que de Qu.^trefages, pour expliquer des formes récentes, avait supposé l’existence d’une race lointaine, telle que précisément nous l’ont révélée les fouilles du chanoine de Villeneitv’B dans les grottes de Menton. —’Voir lig. i.

Nous voilà donc en présence de 4 races fort anciennes et fort différentes. Est-ce que l’on trouve entre elles tous les intermédiaires qui permettraientde montrer directement leur filiation ou leur parenté ?

Les squelettes de Predmost et de Brunn, appartenant au solutréen, présentent bien des tyiies atténués de Néandcrthal, au milieu de la période de Cro-Magnon. Mais au début decette période, l’ahomoaurignacensis » de Combc-CapcUc (Dordognc), encore