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Avecl’aurignacien apparaissentd’abord es pointes à base fendue, puis, dès l’aurignacien supérieur ; les bdtons de comniandemoitt lovmésd’un boisderenne présentai ! l généralement un trou rond au point de jouet ion de deux ramures et dont l’interprétation resteencore obscure : insigne de dignité ? pièce d’attache de vêtements ? baguette magique ? Le solutréen inférieur et moyen marque à ce point de vue une régression très nette qui cesse avec le solutréen supérieur. Le magdalénien fabrique en quantité de Unes aiguilles en os longues de plusieurs centimètres, larges de moins de deux millimètres, qu’on a parfois trouvées en paquet. Dans le bois de renne il découpe habilement des harpons à un ou deux rangs de barbelures qu’un bourrelet ou un trou basilaires permettait de tenir attachés ; il sculpte des propulseurs, terminés par un crochet, destinés à lancer le javelot à la manière des Australiens et des Esquimaux.

La manière dont ces objets sont travaillés dénote une grande habileté technique ; ils sont aussi et très souvent ornés de sculptures ou de gravures qui révèlent un art très développé et que nous allons étudier.

c) Les arts. — En dehors des modestes huttes que nous révèlent les dessins de cavernes, il n’y a pas trace d’architecture à l’époque paléolithique. La musique et la danse n’ont guère laissé de vestige, c’est tout naturel. On peutconjecturer avec vraisemblance que l’homme de Gro-Magnon connaissait certaines mélopées rythmées, accompagnées de gestes, d’attitudes, de mouvements destinés à accomplir certains rites religieux ou à marquer une réjouissance.

La sculpture, la peinture, la gravure ont laissé d’innombrables et très précieux documents qui donnent une haute idée des artistes de la seconde race.

Dans l’aurignacien inférieur ou tout au moins moyen, on ne trouve guère que des sculptures et assez nombreuses. Aussi a-t-on pensé que le premier elforl artistique avait été de copier les formes extérieures en réduisant seulementleursdimensions.Plus tard un travail psychologique de dissociation des sensations aurait permis de laisser de cùté le relief pour ne dessinerque le contour sur un fond plat, par la gravure ou la peinture. Ainsi l’art aurait évolué de la sculpture en ronde bosse vers le bas relief, pour aboutira la gravure. Cette conception ne semble pas pleinement justitiée soit par l’observation des enfants et des sauvages, soit par l’étude directe des documents préhistoriques. A côté des sculptures primitives on trouve déjà quelques gravures et quelques peintures. Les proportions se renversent à mesure qu’on avance vers le magdalénien supérieur, mais la ronde bosse ne dispai’ait pas tout à l’ait.

Le progrés de la peinture est bien net : on commence par tracer le contour de la béte, on y ajoute plus tard le modelé ; enlin, après une courte phase où l’on emploie la teinte plate, on en vient à fairede la polychromie.

II ne semble pas qu’on soit arrivé, en France du moins, jusqu’.i la » composition » ou ordonnance de plusieurs objets en un tableau. Mais on a reproduit des groupements offerts par la nature elle-même : le mâle suivant une femelle, deux rennes all’rontés, une bande de chevaux et même probablement une loutre péchant un poisson et un liouime luttant contre un bison.

Cependant dans l’Espagne orientale, qui fait partie d’une autre province artistique, on rencontre, peints sur des abris rocheux, de nombreuses peintures représentant des scènes de chasse et même un groupe de neuffemmes velues paraissant entourer un homme nu…

Les objets reproduits sont surtout les animaux, en particulier le bison, le renne, le cheval, lemammoulh.

le rhinocéros, le sanglier, le bouquetin, certains oiseaux comme le cygne, certains poissons comme le saumon, quelques serpents. Les représentations de plantes sont incertaines. Quant à la nature inanimée, elle ne figure que par les huttes (signes tectiformes). L’homme n’a pas été souvent l’objet des arts plastiques de cette époque, sauf la main humaine isolée qui est fréquemment reproduite, peinte ou cernée de peinture, sur les parois des cavernes. Le corps entier paraitdans quelques grossiers dessins rouges ou noirs au Porlel (Ariêge) ; il est moins rare dans les peintures rupestres d’Espagne. En sculpture il se retrouve à plusieurs reprises dans l’aurignacien, surtout sous la forme féminine, pour disparaître presque complètement dans le magdalénien. A cette dernière époque on le grave encore parfois sur la pierre, l’os ou le bois de renne, mais on ne sculpte plus guère queles animaux.

Ces œuvres d’art sont de grandeurs fort diverses : certaines peintures et les sculptures de Cap-Blanc atteignent ou dépassent les dimensions léelles des rennes, des bisons, des chevaux représentés.

C’est rapidement, semble-til, que les arts plastiques ont atteint une grande perfection, peut-être parce qu’ils étaient nés et avaient grandi sous d’autres cieux. On ne retrouve encore que peu d’objets qu’on puisse considérer comme étant les premiers essais d’un art novice plutôt que les œuvres d’un travailleur maladroit. Il n’y a guère que certaines ligurations humaines à donner cette impression et cependant elles sont contemporaines des meilleures reproductions d’animaux.

Par contre il est intéressant de constatera cùté de la reproduction scrupuleusement réaliste une modillcation intentionnelle, c’est la stylisation progressive des formes. Les dessins se simplifient ou plus exactement se mutilent au point de devenir méconnaissables. Entre tel motif de lignes en apparence purement géométriques et un cheval ou un poisson, il faut placer toute la série des intermédiaires pour reconnaître la filiation. Ainsi pouait se préparer pour l’art une plus grande liberté, en particulier dans la décoration des objets. Mais il ne semble pas que la race de Cro-Magnon ait beaucoup usé de cette facilité, du moins dans nos régions.

On a pu se demander si cette simplification du dessin n’avait i)as amené l’invention de l’écriture. Sur un os strié de raies en apparence désordonnées, on a cru parfois reconnaître certains petits groupes de lignes qui se reproduisaient à plusieurs reprises ; ne seraient-ccpas des mots ? On a aussi interprété comme des signatures les signes tectiformes, pectiniformcs etc. Enlin onapuvoirdes indications mnémoniques, des « marques (le chasse », des mesures de temps, sur des os portant une série d’encochesanaloguesà celles qu’en certains coins de France, les boulangers emploient pour compter les livres de pain. Aucune de ces hypothèses n’a encore reçu de confirmation bien formelle.

Divers objets ont été recueillis qui servaient à faire des sculptures et des gravures sur l’os, l’ivoire, le bois, la pierre, ou à faire des peintures et des gravures sur les i)arols des grottes. Pour entailler les matières dures, l’homme se servait du silex arrangé en burin, parfois d’un simple angle de lame. Pour colorer les objets. Il avait récolté à la surface de certains terrains des oxydes de fer ou de nuinganèse qui lui donnaient diverses teintes de jaune, de rouge plus ou moins brun et de noir. Peut-être avait-il recours aussi à des couleurs végétales. Quand il avait affaire à une matière traçante, il la taillait comme un crayon ; dans les autres cas il broyait les couleurs et les délayait dans l’eau ou la graisse. On