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HOMME

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Hill, le cràni- est haut, le front convexe, les régions orbitale et occipitale ne sont pas néanderthaloides, il est vrai ([u’on a de sérieuses raisons de douter de son âge ((uatcrnaire. A Ivrapina enlin, si l’on trouve un front bas et plusieurs types dépassant La-Cbapellcaux-Saints pour se rapprocbor de Mauer, en revanolie on a recueilli ii fronts un peu plus convexes, avec bosses pariétales plus développées, quebiues mandibules hautes en avant, étroites en arrière et (les membres dénotant une taille plus élevée.

En faisant la comparaison des mieux datés de tous ces restes fossiles, on constate que les plus récents (comme celui de La-Cliapelle-aux-Saints qui est du moustérien supérieur ou linal) sont ceux qui présentent la réunion la plus complète des caractères néanderthaloides ou, si l’on préfère, pitbécoïdes..-Vu contraire les exceptions, les atténuations (si elles ne sont pas de simples variantes féminines) sont plus nombreuses à mesure que l’on remonte vers des époques plus reculées.

Si on pouvait penser que l’homme chelléen de nos contrées se rattache de très prés au premier homme, on en conclurait que le type humain primitif était plus voisin do l’homme actuel que celui de La-Chapelle-aux-Saints. On tirerait une conclusion analoi ; uc de l’étude des négritos et négrilles actuels, qui sont des types très primitifs et cependant très harmonieux et pas du tout néanderthaloides.

Cette conclusion ne doit cependant pas être adoptée précipitamment ; elle se heurte en effet à deux découvertes fort importantes, qui, tout en étant encore bien incomplètes, sont vraiment très signilicalives. Il y aurait imprudence extrême et manque complet d’esprit scientifique à les traiter légèrement. Nous voulons parler de la mâchoire de Mauer el du Pithécanthrope de Java.

Nous ne dirons rien des découvertes du D’Ame< ; hino, dans l’Amérique du Sud ; elles ont été l’objet, <le la part du D’Mochi, de critiques sérieuses et qui paraissent décisives. Dans la Revue L’Antliropoloiiie, des savants nettement favorables aux idées évolutionnistes absolues montrent sur ce sujet, avec un souci réel de ne pas blesser un confrère américain, une réserve très grande et un scepticisme accentué.

LES PRÉCURSEURS DE LA PIIEMIÈRE RACE

(i) I.a mâchoire de Mauer. — Le 21 octobre 190^, à Mauer, près d’Heidelberg, en Allemagne, on trouvait une mâchoire inférieure qui attira vivement l’attention. Elle était dans du gravier mêlé d’argile, à 24 mètres de profondeur, sous plusieurs couches bien déterminées de lœss et de sable tluviatile. Ce qui a permis de la dater au point de vue géologique, c’est la présence, au même niveau, de 35 espèces de mollusques et de 14 types de mammifères. Les mollusques dénotent un climat plus continental qu’aujourd’hui. Les mammifères appartiennent à une pliase interglaciaire ; cependant l’abondance de restes du Rhinocéros etruscus et de quelques autres formes tertiaires, fait hésiter entre la 2’et la 3’de ces phases (c’est à la 3’que l’on rattache généralement, comme nous l’avons vu, l’industrie chelléenne). Nous allons décrire sommairement les dents et la partie osseuse de cette mâchoire. — Voir lig. 2.

/.es dénis sont absolument humaines. Elles sont toutes plus grosses que celles d’un Français : mais chacune isolément pourrait avoir son égale dans la bouche d’un Australien ; c’est leur ensemble qui dépasse en vigueur toutes les dentitions modernes. Ce qui interdit de les attribuer à un anthropoïde quelconque, c’est que la canine ne dépasse pas les autres dents et a, par rapport à elles, les mêmes pro portions qu’aujourd’hui. De plus la première prémolaire a deux cuspides et une racine, tandis que chez le singe le plus anthropoïde elle a une pointe et deux racines, disposition presque Carnivore. Comme la prémolaire a le dentieule interne normal, on peut penser que la canine supérieure n’était pas plus développée qu’aujourd’hui.

Fig. 2

En haut, mCiclioire de Mauer (d’après une photographie’ ;. En bas, mâchoire moderne ^d’après Sappey).

On peut signaler d’autre part les particularités suivantes : la mâchoire est si forte que les dents auraient pu se développer bien davantage ; la troisième molaire est restée plus petite que les deux autres et il } avait place pour une cpiatrième molaire, comme chez certains individus d’Australie ; autre ressemblance avec ces sauvages : à l’exception de la troisième gauche, toutes les molaires sont pentacuspides, plus nettement qu’à Ivrapina ; enfin la cavité pulpaire est vaste, comme chez l’enfant, malgré l’âge adulte du sujet.

/.a partie osseuse a par contre des caractères extraordinaires. L’absence totale de menton, le dessoxjs arrondi, l’extrême puissance du corps de la mandibule l’auraient fait attribuer à un anthropoïde voisin du gorille, tandis que le caractère des branches montantes aurait fait supposer un grand gibbon.

Tout d’abord, il n’y a pas de menton, le profil fuit en arrière, d’une courbe adoucie (les racines des incisives sont incurvées) ; ce caractère se retrouve à quelque degré dans une mandibule de Krapina et dans celle de Malarnaud ; toutes les autres mâchoires de la race de Xéanderthal ont au moins le menton droit. Quand on place une mâchoire humaine ordinaire sur un plan, elle y touche par tout son bord ; celle de Mauer laisse un grand vide sous le menton ; entre ces deux formes, Krapina, Spy et l’Australie ont fourni quelques types de transition. Cette disposition se retrouve chez le gibbon, mais non chez le gorille et l’orang. D’avant en arrière, la symphyse mentonnière est épaisse de l’j niillimi’tres à Mauer, de 15 à S[)y et Krapina, de 12 ou 13chez l’homme actuel. Elle présente à l’intérieur une surface convexe (comme à