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HOMME

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s’ellila en l’orme Je poignard ou de pic, ou bien le bord coupant s’allongea en une courbe régulière. On donne à ces pièces le nom général de « coup-depoing ». qui a remplacé celui de liacbe. primitivement adopté. Les patients et méthodiques travaux de M. CoMMONT ont montré une certaine diversité dans ces outils et aussi une assez grande variété d"éclats utilisés ou reloucbés, parmi les débris de silex qui accompagnent les belles pièces.

Si l’on veut distinguer au point de vue de l’outillage les diverses phases de la première race ou du paléolithique ancien, on reconnaît trois périodes :

1° La période chelléeiiiie nous a laissé des i coupsde-poing » grossiers (leur arête latérale, vue de face, est en zig-zag) et nombre de gros éclats sommairement arrangés en perçoirs, tarauds, lames coupantes, racloirs, etc.

2° Uacheuléen a régularisé et aminci le « coup-depoing ! > ; le bord, qui était en zig-zag, est maintenant rectiligne ; de plus en plus on utilise et on alline les éclats.

3° Le moustérien à son début fabrique encore des x( coups-de-poing i>, surtout triangulaires et cordifiirmes. Mais bientôt on abandonne cet outil pour la ]i<)inte et le racloir qui deviennent très soignés, très nombreux et comportent même divers types.

Ces deux outils dillerent nettement du « coup-depoing » en ce qu’ils ne sont retouchés que sur une seule face, l’autre restant naturellement lisse et pouvant adhérer parfaitement au bloc d’où l’éclat a été détaché. Ils diffèrent entre eux parla forme : la pointe, comme son nom l’indique, est une pièce allongée et pointue, retouchée sur les deux bords convergents ; le racloir n’est retouché que sur un bord mais sur le l>ord le plus long.

Répartition de l’industrie paléolithique ancienne.

— On a retrouvé, dès le quaternaire, dans toute l’Europe, dans toute l’Afrique, en Asie mineure, aux Indes. dans l’Amérique duXord et du Sud, un outillage analogue à celui des chelléens, acheuléens etmoustériens. Cette similitude des instruments prouve une certaine similitudedans lamanièrede vivre, mais permet de concevoir bien des différences locales. Il est plus problématique d’en conclure une complète ressemblance dans le type physique des hommes qui s’en servaient. c) J.es Mœurs. — Ces premiers Européens étaient des chasseurs plus ou moins nomades. On aretrouvé biensouvent les restes de leurs repasmélangés à leurs silex taillés. Tous les os à moelle sont brisés, probablement pour permettre d’en manger le contenu. C’est du reste un usage qui dure dans les périodes suivantes. Les bêtes devaient être dépecées àî’endroit où elles étaient abattues, et une partie seulement était transportée au logis, car on y retrouve toujours une plus grande proportion des mêmes os, ceux des épaules et des cuisses. Quelques apophyses épineuses de lacolonne vertébrale montrent qu’on appréciait les filets, et les mâchoires inférieures devaient suivre la langue.

On connaissait le feu depuis un temps indéterminé. On n’avait pas eu besoin de l’inventer, car les incendies allumés par la foudre, les volcans, etc., avaient fait connaître cet élément à la fois terrible et bienfaisant’.

L’homme de la première race était-il anthropophage ? On l’avait supposé en trouvante Krapinadcs os humains brisés <t calcinés mélangés aux os de hétes. Mais c’est là un fait qui ne se retrouve dans au 1. Sur la m.nnirrc dont les primitifs ont pu croire que le feu était un être vivnnt, lire quelques remorques intéressantes dansK. IloLSSAï,.aiure et Sciences naturelles, p. 173 et suiv.

cune autre station préhistorique de cette époque. De plus les os sont brisés en travers, au lieu de l’être en long comme le sont toujours ceux des animaux. L’anthropophagie n’est donc pas l’explication certaine de cet unique fait.

Les vêtements devaient être constitués par la dépouille des bêtes, et certains racloirs en silex devaient servira débarrasser la peau de la graisse et des Ulires qui y sont adhérentes. Toutefois ilnesuflit pas desavoir qu’il a l’ait très froid à l’époque nioustérienne pour affirmer que l’hommeétait vêtu, car nousvoyons à l’époque actuelle, sous un climat analogue, les Lapons très emmitouflés de fourrures et les Papous des hautes altitudes sans autre protection que la crasse épaisse qui revêt leur corps. D’autre part l’homme chelléen vivait sous un ciel très chaud et n’éprouvait pas le même besoin de vêtement.

La première race n’était pas artiste, bien que, dans les polémiques, on ait souvent dit le contraire. Elle taillait le silex avec une certaine habileté, maispeutêtre en montrait-elle dans l’acheuléen plus que dans le moustérien : les racloirs et les pointes sont des pièces rapidement obtenues. La manière même dont on les jetait en même temps que les os brisés, dénote qu’on renouvelait rapidement ces instruments.

Les objets du paléolithique ancien révèlent une population répandue un peu partout, mais fort clairsemée. Il n’y a guère de province française ou européenne, les pays septentrionaux exceptés, où l’on ne trouve de ces objets.

d) Bites funéraires. Religion. — Les morts étaient traités avec respect, au moins à partir du moustérien et, suivant un usage encore observé par quelques sauvages, placés dans le sol même delhabitation, recouverts de débris de cuisine, d’outils en silex et protégés contre la dent des hyènes. L’homme de La-Chal >elle-aux-Saints était ensevelidans une fosse creusée exprès et placé dans une position déterminée : la tête relevée, soutenue et protégée, un bras ramené près d’elle, l’autre étendu, les jambes repliées. Prés de lui se trouvaient de beaux racloirs de silex ainsi que des os en connexion, dénotant unepièce de venaison mise là en entier. Au Moustier, le jeune homme enseveli avait la même attitude et était entouré de même d’instruments et d’ossements animaux. A la Ferrassie, un des corps était étendu sur le sol mais protégé. un autre avait dû être ficelé comme une momie. Les deux squelettes de Spy étaient également ensevelis. Celui de la Quina, trouvé dans la vase d’un ruisseau, n’aurait pas été l’objet dune inhumation intentionnelle.

Ces soins donnés au cadavre humain dénotent une croyance au suprasensible, à la survivance de l’àme, par là même un sentiment religieux. (Il est à remarquer que l’idée matérialiste de la mort totale n’est pas originelle et tous les primitifs croient à une certaine survie de la personne.)

e) Le Type physique. — Les squelettes et les fragments de squelettes (c’est souvent la mâchoire inférieure ) que l’on a recueillis et que l’on a pu dater du paléolithique ancien, représentent les restes d’environ 40 à 50 individus. Certaines pièces ont vu leur authenticité contestée ; la grande majorité présente toutes les garanties que peut réclamer la science la plus exigeante.

Ilsproviennent des diverspays de l’Europe centrale et occidentale, depuisl’Autriche jusqu’à l’Angleterre. Le spécimen le plus complet et le mieux étudié est, jusqu’ici, le squelette de La-Chapellc-aux-Saints. (Les quelques parties qui lui manquent pourront probablement êtreétudiées surceux que l’on vient de découvrir à la Ferrassie età laQuina.)C’cstlui<|ui a permis de déterminer exactement certains points fort importa n t s, conime le volume et la forme générale du cerveau.