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HALLEY (COMÈTE DE)

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connaissons des cas où le bien (d’ailleurs considéial >le) procuré par elles à des corps a pu paraître iiisijrniliant, relaliveiiient aux conséquences qui en sont résultées pour l’introduction, le maintien ou la réintégration des âmes dans la voie royale du salut.

(Cf. Henri Lasserre, crtuTes diverses ; — Jnnales de jV. D. de /.., IV, 1 1 1 etc. — Boissahie, op. cit. in col. 1120, vol. I et II, fin, et A. Cuarry, Petite histoire d’une âme, Pion, igii.)

D’Iloberl Van der Elst.

H


HALLEY (LÉGENDE DE LA COMÈTE DE).

— l’arnii les apparitions de la comète de llalley, celle de 1^56 fut l’une des plus brillantes ; elle est aussi, de|iuis plus d’un siècle, une des plus célèbres. Cette célébrité lui est venue de la légende, si chère aux vult ; arisateurs, d’après laquelle le pape Camxte III aurait lancé contre l’astre perturbateur les foudres du Vatican dans le but de détourner delà chrétienté, alors menacée par les Turcs, les calamités dont le brillant météore était l’avant-coureur.

Paruii ceux qui, les premiers, ont i)rotesté énergiquement contre cette fable, se trouvait le célèbre mathématicien Paul HiFUNi, de Modène, dans ses Hi/le.’isioni criticlie sopia il Saggio filosofico intoino aile prohabilità del Conte l.a Place (iSai) » l’illustre astronome Faye répéta cette protestation en 1858 dans la lievue contemporaine (voir Cosmos, XIII, |858, p. 6’17). En 1859, dans la Collection des précis lti ! itoriques, le P. Dklsaulx, S. J., démontra de nouveau la futilité de la légende. Dans le Month (février 1907) le P. Gérard, S. J., traite le même sujet ; en octobre 1909, le P. TumioN, S. J., dans un article sur la comète de Halley (Revue des questions scientifiques, 3* série, t. XVI, pp. 670-696), consacre à la légende tout un chapitre richement documenté. En outre, l’auteur de ces lignes publia le résultat de ses recherches critiques dans les publications de la Specola Vaticuna (Calixte III et la Comète de llalley, Iloma,

Nous en donnons le résumé.

I Faits historiques. — Le 29 mai 1453, les Turcs s’emparèrent de Constantinople. Le 30 septembre de la même année, le Pape Nicolas V, par une lettre solennelle, avait déjà fait appel aux rois chrétiens pour les engager à entreprendie la croisade. Son successeur Calixte III (i ^55-58) envoyaaussitôt pour la même cause ses légats dans les différents pays. Sa voix n’ayant pas trouvé d’écho auprès des hommes, Calixte eut recours à Dieu. Le 29Juini/|56, unebulle solennelle fut promulguée, dans laquelle le Pape ordonnait des prières publiques afin d’obtenir de Dieu un prorapt secours contree péril imminent. Le ! i juillet, premier dimanche du mois, on fit les premières ])rocessions à Rome. Le même jour, les Turcs assiégèrent Belgrade. Le 14 juillet, les Chrétiens, sous les ordres de saint Jean Capistran et de Ilunyade, remportèrent une petite victoire dans un combat naval sur le Danube. Le 22 suivit la brillante victoire sur les Turcs à Belgrade.

Dans le même intervalle apparut lacoraète de llalley. Les ChinoisPaperçurent dès le27 mai. En Italie, on la découvrit au commencement de juin. Les observations précieuses du Florentin Paolo Tosc. elli

vont du 8 juin au 8 juillet. Dans la seconde moitié du mois dejuin, la comète se trouvait le plus rapprochée de la terre et restait visible avec tout son éclat pendant plus de trois heures après le coucher du soleil. Il est bien évident qu’elle occupait alors l’attention de tout Rome. D’après les chroniqueurs, elle étaitextraordinairement grande, terrible, embrassant de sa queue deux signes zodiacaux ou Go degrés.

L’astre était encore visible dans les premiers jours de juillet, donc au commencement du siège de Bel grade par les Turcs. En adoptant les éléments de l’orbite calculés par M. Celoria, on trouve que, le 22 juillet, le noyau de la comète se coucha plus de deux heures après le coucher du soleil. Néanmoins des documents contemporains, européens et chinois, il résulte avec certitude qu’à cette date l’astre avait cessé d’être visibledepuis plusieursjours. Aussi dans les récits nombreux, et parfois très détailles, de ceux qui prirent part à la iKitaille de Belgrade, on ne trouve aucune allusion à la comète.

II. La légende. — La légende d’après laquelle Calixte III aurait ordonné des prières publiques pour conjurer la comète et les Turcs, se trouve pour la première fois, autant qu’on peut le contrôler, dans /.’Exposition du système du monde, par L.place (Ht. IV, c. IV, p. 283, éd. 1829). Cette même expression, très probablement empruntée à Laplace, revient dans le poème de Daru, intitulé L’Astronomie :

Au pied de ses autels, qu’il ne saurait défendre, Calixte, l’œil en pleurs, le front couvert de cendre Conjure la comète, objet de tant d’effroi…

Mais celui qui a contribué le plus à propager la légende a été sans doute Aiiago (Des comètes en générnl, etc. Ajinuaire du Bureau des longitudes pour l’an 183’?, p. 2^/1) ; c’est lui qui a inventé rexcomniunication de la comète : « Lorsqu’en 145C, onvil paraître l’éclatante eomèle…, le Pape Calixte en fut si effrayé qu’il ordonna pour un certain temps des prières jiubliques, dans lesquelles, au milieu de chaque jour, on excommuniait à la fois la comète et les Turcs ; et afin que per sonne ne manquât à ce devoir, il établit l’usage, qui depuis s’est conservé, de sonner à midi les cloches de l’église. » Le traité d’Arago sur les comètes fut, bientôt après son apparition, traduit en presque toutes les langues de l’Europe ; et nous nous croyons en droit de prétendre que les écrivains postérieurs se sont tous basés sur l’autorité d’Arago. Le vice-amiral S.MYTn (Cycle of celeslial abjects. Ed. 18^4. P- 23 1) parle d’un « spécial protest and excommunication exorcising equally tlie Dcvil, llie Turks and the Coniet ». B.iBiNET fait lancer un timide anathèiue sur la comète et sur les ennemis de la chrétienté. Dans la bataille de Belgrade, il met les Frères Mineurs, sans armes, le crucifix à la main aux premiers rangs, invoquant l’exorcisme du pape contre la comète et détournant sur l’ennemi la colère céleste, dont personne ne doutait alors qu’elle ne fut une manifestation

« (les comètes du dix-neuvième siècle. lievue des

Deux Mondes, 23’année, t. IV (1853), 83 1). Suivant d’autres, ordre fut donné de faire sonner toutes les cloches en Europe pour chasser la comète et désarmer le présage ; et dans les litanies de tous les saints fut insérée la supplication : u Du diable, delà comète et du Turc, délivrez-nous, Seigneur ! … »

III. L’origine de la légende. — Exisle-t-il un document papal de l’année 14ô6, dans lequel, d’une manière quelconque, il soit fait mention de la comète ? Pour trancher cette question du plus haut intérêt, nous avons examiné, avec le secours aimable de M. Ranuzzi, secrétaire des Archives du Vatican, les

« Itegesti » de Calixte 111. Ces Kegesti sont conserves