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GUÉRISOXS MIRACULEUSES

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ces cas soient intiouvaliles, car les savants, cbréliens ou non, de l’Oct-iclent ne sont pas invités au contrôle des laits. Les aïssiitiahs de l’Afrique du Nord ont été vus mangeant du verre, etc., et se flattent d'être invulnérables. Mais outre qu’il ne s’agit point là de guérisons proprement dites, les prodiges acconii) ! is par ces fanatiques ne les exemptent d’aucune des conséquences naturelles de leur témérité (cf. Foncin, in RAMB.VID, Fiance coloniale, p. 4^). Le peu de guérisons observées en pays musulman ont été interprétées dans un sens naturaliste : par exemple les cas do vitiligo relatés par Podiapolsky (lteiie de l’hypnotisme, 1908, pp. 809 et 335) cité dans la tlièse de Daufrksne. En outre les derviches mêlent aux pratiques sacrées des procédés naturels, d’ailleurs également entachés de superstition et de magie, mais sullisamment reconnaissables pour éliminer a priori la présomption de miracle (V’oiRcn). Pareille observation s’impose en ce qui concerne les fakirs (cf. Occultismk), ou les disciples des derniers musulmans d’Espagne (saluda dores, cf. Ribet, Mystique, 111, 362).

c) Hérétiques. —Tout autre serait le moindre miracle obtenu par des hérétiques pour témoigner que Dieu leur donne raison, autrement dit qu’il condamne l’Eglise, son interprète infaillible. Cela serait aussi troublant que de s’apercevoir que deux et deux font cinq, et n’a pas davantage été constaté. C’est danscet esprit de révolte que les convulsionnaires de SaintMédard (voir Convi’lsionxaires) ont sollicité des miracles ; les camisards en avaient fait autant, etc. Dans de tels cas (cf. Ribet, Mystique divine, 111' volume, Les contrefaçons diaboliques, Bizouard, Itapports de l’homme avec le démon, livre XI, 1" chap. ; et livre XV, ch. x^I ; et Hipp. Blanc, l.e Merveilleux dans le Jansénisme, etc., et L’inspiration chez les Camisards, Paris, 1855) il ne saurait y avoir guérison miraculeuse, mais il se mêle du diaboliqueàla nature. Le prince des ténèbres n’est pas intéressé à laisser sans résultat des demandes qui ont nettement pour but de gloriûer l’hérésie ; ne pouvant d’autre part leur répondre par le miracle, il yrépond, avec la permission mystérieuse mais non sur l’ordre de Dieu, par des faits assez étonnants pour séduire, assez limités pour rester en deçà du miracle, et auxquels on décerne l'épithcte de préternaturels, car ils ne sont ni naturels ni surnaturels. Ces faits correspondent de tous points à ce que la théologie nous enseigne sur le pouvoir du démon (cf. Lataste, Lettres théolo^., Paris, i^^o, I. iii, passim, et 1. VlU, § x) : leur principal caractère est d'être troublants, quelquefois grotesques, généralement obscènes, toujours négatifs : il e^l en effet au pouvoir d’un ange déchu d’agir, et surtout de paraître agir sur la nature assez pour suspendre un maléflce ou endormir une douleur, etc. Mais des actes positifs, bienfaisants et miraculeux (cicatrisation instantanée, etc.), sont hors de sa portée. Le catalogue des faits recueillis par Carré DE Mo.NTGERo.N et auti’es apologistes des convulsionnaires montre que le jansénisme n’a pas obtenu de guérison miraculeuse pour se justifier. Pareille contrefaçon du surnaturel est tout ce qu’ont pu brandir les Réformés, camisards, etc. (voir Oci : iltis.mk). — Mais l’observation que nous allons faire pour les schismatiques s’applique aussi aux hérétiques de bonne foi. Et nous pensons que des protestants contemporains, ne demandant pas la guérison miraculeuse, comme leurs ancêtres, pour justifier leur erreur, mais avec l’humble confiance de chrétiens involontairement égarés, pourraient adresser avec succès à la Providence une prière uniquement dirigée vers Sa gloire. Une faveur obtenue dans ces conditions n’aurait rien, croyons-nous, d’inconcevable. Mais nous

n’en avons trouvé aucun exemple. Ce n’est pas faute d’avoir cherché dans un document doublement favorable, nous voulons parler de la thèse du pasteur BoRDREUiL, docteur en médecine (Heligion et /Psychothérapie, ihése, Toulouse, 1911). En effet les cas de guérison les plus « miraculeux n cités par le pasteur Bordreuil sont ce que nous appelons simplement des guérisons providentielles : si l’action divine s’y traduit, c’est par l’intervention habituelle des causes secondes. Au nombre de ces causes secondes nous est présentée la foi, simplement comme un ressort moral assez analogue à ceux que la psychothérapie utilise. , ux mains du Christ lui-même, tel que M. Bordreuil se le représente, ce ressort n’est qu’une

« puissance extrêmement développée », non illimitée, donc non divine. Voulons-nous plus de précision ? M. Bordreuil conclut ainsi sur le Christ : « Il

n’est pas irrationnel de supposer chez un honmie(s(t) une énergie psychique sullisante pour modifier l'étal de ce que nous appelons la matière brute » (p. 99). Cette doctrine (peu exigeante) voisine sans indignation avec celle de Flournoy, qui hésite entre les noms de suggestion, de persuasion, de magnétisme, à décerner à la puissance du Christ (p. io5, ibidem) : d’un pareil résidu il est dillicile d’extraire un concept de guérison miraculeuse comme nous l’entendons. Les faits pourraient être plus générevix et plus riches : mais ils manquent également. Le pasteur Jouaxen, consulté (p. 128) sur l’efflcacité des interventions du pieux protestant Vignes, son paroissien réputé thaumaturge, avoue qu’il « ne connaît pas de malades ayant été guéris par lui » ; et M. Bordreuil ne cite que deux observations de protestants ajant essajé de mettre en œuvre la « foi » si précaire dont on a lu plus haut l’analyse : or ces deux malades ont obtenu une sédation subite de la douleur, symptôme fonctionnel, mais l’amélioration des symptômes organiques a été chez eux lente et progressive, donc assurément naturelle. De ce mélange de religion et de psjcbolhérapie ne résulte qu’un sentiment humain et naturel, religieux par son inspiration, thérapeutique par ses effets, sentiment dont il sulTirait de connaître mieux le mécanisme pour qu’il fût constamment efiieæe, mais qui n’est pas miraculeux, même aujourd’hui qu’il est inconstant (voir notre commentaire in Revue de philosophie. i"' a^Til 1912). Xous ne pouvons donc citer de cas de guérisons miraculeuses ayant favorisé à la fois les protestants et le protestantisme. Nous en pourrions citer, en revanche, qui, concernant d’anciens protestants, ont tourné à la gloire de Dieu et de l’Eglise catholique, telle la guérison du jeune Boothman, présente par le Dr Boissabie à la réunion des miraculés du 2O novembre 191 1 (Journal de la Grotte, l^ février 1912). Quant aux sectes américaines (Christian science, faith cure, etc.), ce qu’on retire des rares travaux sérieux qui leur sont consacrés (liev. hebd., juin 1909) et des témoignages les plus qualifiés (D' L. Demokchy, de Paris et de New-Vork, professeur à l’Ecole de psychologie), c’est l’impression que les partisans de ces sectes visent à des résultats rituels, constants, donc au mystère plutôt qu’au miracle, et n’obtiennent que des succès naturels ou des insuccès. d) Schismatiques. — M. Voi-rch fait quelques réserves pour les sanctuaires schismatiques, où il pense que des guérisons miraculeuses ont pu être observées ; nous avons montré ailleurs (Itevue pratique d’apologétique, i^' septembre 191 1) que ces réserves sont peut-être exagérées, d’après le grand psj-chiàtre russe Bechterew (La suggestion et son rôle dans la vie sociale, p. 63) : cela pour la question de fait. Le témoignage de P. Gir.vrd. op. cit., p. 128, sur les guérisons miraculeuses aux sanctuaires grecs