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GUERISON’S MIRACULEUSES

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Difinalion dat’s l’Antiquité ; Michelet, /.a Sorcii’re, i"p. ; et Tissot-Amkro, Contrées mrstérienses, etc., p. éSg), ou qui du moins, en l’absence d’un intermédiaire infaillible, sont des déviations banales et inévitables d’un sentiment de juste et naturelle confiance de l’bomnic dans son Créateur (voir Occultisme).

Dilïérenciées par leur objet, par les coutumes des faux cultes, les démarclies médicales des dévots d’Epidaure étaient animées du même esprit que les premières tentatives de la médecine patriarcale, dont on a soutenu que la méthode fut conquise par révé’ation (DlMBEnT-GorRBEYRE. Discours prononcé à l’Ecole de médecine de Clennonl-Ferrnnd, dans Les Stigmatisations, o. II, sui fiiieni). — Quoi qu’il en soi ! , rien n’empêche d’admettre le caractère reli{fieux des intentions d’Irène, lorsque, d’après La Bruyère, elle « se transporte à grands frais en Epidaure ». Et cela même est en soi respectable. Mais autre chose est de concéder qu’on alla religieusement en Epidaure ; autre chose, qu’on en revint miraculeusement guéri. Puisque c’est là le fait qu’on tente de nous opposer, notre tâche ici se borne à montrer que le fait est imaginaire. MM. les D’Gril-LiÉRE (lac. ci/., pp. 38-89) ^’RouBY (op. cit., part III), si difficiles en matière de preuves quand il s’agit de cas qu’ils connaissent ou pourraient connaître, sont promptement convaincus qu’au temple d’EscuIape ou Asclépieion, soit à Athènes, soit à Epidaiire, des boiteux ont recouvré l’usage des membres, et des aveugles l’intégrité de leur vision. Que dis-je ? Ils paraissent même croire à la réalité de cures organiques : ulcères et tumeurs (Grili.ièpe), ascite (Rolby, p. io5 : « nierons-nous le miracle, l’opération, peut-être ; la cure, non i>). Les choses étant ainsi présentées, on pourrait considérer comme « certaine "

« la parenté de tels faits » avec ceux de Lourdes

(Grillikre, p. 3g : « Les malades ne séjournaient que deux ou trois jours, puis s’en retournaient, guéris ou non ») Malheureusement pour MM. Rouby et Gnir.LiÈnE, qui n’ont d’ailleurs qvie rajeuni l’opinion du Britisli médical Journal du 18 juin 1910, de Gaud (thèse de Lyon, 1907), de Coirtois Suffit (Arcliiies générales de médecine, 1891), cités par Voubch (f.a Foi qui guérit, Bordeaux, igii, chap. v, et enfin de Charcot (dans sa Faith-Healin^) ; malheureusement MM. Rouby et Grillière concluent sans prémisses.

En effet, à part les ex-voto d’où une induction hardie tire la preuve de la réalité des guérisons, mais qui ne sont, pour un regard plus scientifique, que des olTrandes gratuites, ou des reproductions (le mains dans l’attitude du serment, ou des motifs décoratifs, ou des amulettes contre le « mauvais œil » (cf. W. IlousE, Greek 'oti>e offerings, Cambridge, 1 902 ;

— ToUTAiN, Hutl. archéo. 1906 ; — Daufresne, thèse de méd., Paris, 1909, p. W ; — P. Girard, I, ’Asclépieion d’Athènes, 1881, pp. 20, 90, 98 ; — Hor.-LANDRR. Plastik und Medizin, Stuttgart. 1912, p. 176 sq. et 219), les témoignages que nous avons de l’AscIépieion sont connus et précis ; on peut les vider assez rapidement de leur contenu. Les textes anciens n’abondent pas sur les pèlerinages d’EscuIape. Dans les œuvres de Polybe, d’AppiBX, de Diodore et des autres historiens grecs réunis, l’crudite nomenclature du professeur Bertrix n’en relève pas une dizaine (La Croix, ic) avril 191 1) ; on peut y joindre une scène d’AnisTOPUANE, aussi peu concluante que copieusement exploitée par MM. Rouby et Grillière (que diraient pourtant ces confrères, si nous cherchions dans Regnard ou dans Goldoni un argument en faveur de Lourdes ?). Quant aux documents épigraphiques récemment exhumés, ils sont tous recueillisdansDErRAssEctLKonAT (Epidaure, in-folio, iSgS) : ceux qui concernen t l’AscIépieion d’Athènes ont fourni

à P. Girard, en 1881, la matière de sa thèse célèbre de doctoral es lettres (Paris, chez Thorin : L’AscIépieion d’Athènes, eic), et les recherches de CAVVAnivs sur l’AscIépieion d’Epidaure ont été commentées par Salomon Reinach (Rer. archéoL, 1883, p. 199 sq. — Traité d’Epigraphie grecque, p. 7.5 sq.). Or l’imagination seule peut voir dans ces textes un exemple de guérison subite d’un mal orgauifjue ; mais la science médicale n’y peut rien observer de péremptoire, comme on doit s’en douter quand on songe à la difficulté de faire un diagnostic même à deux ou trois centsansde distance, pour des maladies historiques ; donc, nulle certitude de guérison organique ne nous est fournie par l’examen des faits d’Epidaure ou d’Athènes, donc enfin nulle analogie avec Lourdes ; en revanche, nous avons de très sérieuses présomptions que maintes maladies étaient de pures névroses (telle cette grossesse qui dure cinq ans, cf. Salomon Reinach, loc. cit.) guéries par suggestion dans le somnambulisme ou dans un sommeil provoqué par un narcotique (Daufresne, Epidaure, thèse citée, p. ^0 : tous les clients d’Epidaure dorment quand on les guérit, et ils « songent >) ; en outre, les prêtres de l’AscIépieion usaient de « tous les moyens dont disposait la science médicale de leur temps » (VoURcn, toc. cit., p. 122), et n’opéraient, par conséquent, que des guérisons chirurgicales ou médicales qui exjiliquent sans miracle le peu de cas où l’on ne reconnaisse pas une névrose (cf. D"" Briau, article Asklépion du Dictionnaire des Antiquités de Daremberg et Saglio, — et O. Weinreich, Antike //eilungs » under, Giessen, 1909, 11= p., cli. 11) ; enfin, pour achever de nous (Mer toute présomption de miracle, les grotesques exigences du dieu (telle l’offrande d’un cochon ci’argent, S. Reinach, toc. cil.) portent la marque de la contrefaçon diabolique. L’intervention du démon n’est pas moins présumable en raison de ces scandales et promiscuités dont témoignent certaines guérisons (de stérilité), certains tableaux (cf. Defrassf-Leciiat, op. cit., p. 128, note), certaines offrandes (à Aphrodite, cf. Hôllaxder, op. cit., p. ai(j) et certains textes anciens (Tite-Live cité par D. Lataste, 3’lettre théologique, Paris, 17^0, p. 35). Ce n’est pas tout : le remède apporté à certaines maladies qui, si elles étaient vraies, seraient seules miraculeuses à l’exclusion de leur guérison, ce remède postule la fraude en plus d’un cas : après sa grossesse de cinq années, Cleo délivrée par le dieu accouche, en dormant, d’un bel enfant du même, àge. Or, le délire de grossesse est assez banal ; la « grossesse nerveuse » est plus rare, mais non introuvable (cf. iwynEiM, Hrpnotis7ne, Suggestion et psychothérapie) ; quant à la délivrance amenant à la lumière du jour unenfant de cinqansenchair et en os, nonseulemenl elle n’a rien de commun avec une guérison miraculeuse, étant clairement malfaisante et même inévitobleiuent meurtrière, mais elle est surtout irapossiblcn’étant pas au-dessusdela nature mais contrenaturc, et elle ne peut s’expliquer, si on la simule réellemcnl. cpic par la fraude. Voilà donc tout le bilan d’EscuIape : tlélires. somnambulisme, risée, fraude ; on n’a que le loisir de présumer la bienfaisance de l’intention. /’).Musulmans et Bouddhistes. — En ce qui concerne les pèlerinages de l’Islam, nous ne connaissons pas de prétention au miracle (cf. Mahomet cité par Benoit XIV, op. cit., 1. IV, p. I, ch. iii, 18, et Vourch, Foi qui guérit, i^i etsq.) : le pèlerinage de La Mecque a un caractère national ; les musulmans s’y rendent pour se sentir frères, plus encore que pour y adorer Dieu ; leur démarche n’est pas utilitaire, mais nécessitée, non de luxe, mais de précepte. Les derviches qui ont mêlé à l’islamisme des pratiques magiques ont I)rétendu accomplir des miracles ; mais il semble que