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GUÉRISONS MIRACULEUSES’iSO

par des injures. Et l’argnnient des forces inconnues, en lui-même, n’élude pas le miracle, même s’il est juste : d’une part, en elFcl. il faudrait savoir defiuelles forces il s’ajjit. Est-ce de forces transcendantes ? Mais des forces transcendantes inconnues n’en sont pas moins miraculeuses. Xous sommes d’accord avec ceux « lui les invoquent : ce sont des forces inconnues. .. d’eux, des forces méconnues. D’autre part, une force naturelle agissant dans des conditions non naturelles est encore miraculeuse. (S. Thomas, Contra ifenliles, lib. III, cap. ySioo.)

Parmi les forces inconnues auxquelles on a donné un nom et un pouvoir particuliers, il faut citer le magnélisme. En tant que le magnétisme correspond à ce qu’il exprime, il n’est pas une réalité connue, mais une hypothèse ; on a supposé que certains corps, et en particulier le corps humain, pouvaient être pourvus dans certains cas, et, en particulier, chez certains individus spécialement doués, d’un fluide analogue à l’énergie de l’aimant, aux énergies des corps radio-actifs, etc. Dans ces conditions, les « magnétiseurs » opéreraient non par leur pensée, mais par leur corps. Bien qu’il s’agisse là d’une hypothèse soutenable en soi, et en tout cas fort différente de l’explication par la suggestion, nous tenons à tlire qu’il n’y a pas d’exemple de guérisons organiques opérées par des magnétiseurs, que les succès remportés par eux n’ont jamais concerné que des maladies vagues, étranges, analogues aux névroses d’aujourd’hui, et que tout le xix"’siècle (Braid, Briquet, Charcot, Lasfgie, Ru.nBT. etc.), après la découverte de l’hypnotisme, a assimilé le magnétisme à l’hypnotisme, a vu dans les magnétiseurs des précurseurs de l’hypnotisme, dans les magnétisés des hypnotisés inconscients, et dans leur gnérison subite une manifestation suggestionnelle. Si le maguélisnie est autre chose en soi, l’essentiel ici est qu’il n’a à son actif aucune cure péremptoire de maladie organique. C’est donc une de ces n forces inconnues » auxquelles il est peu scientilique d’accorder un pouvoir qui n’a jamais fait ses preuves, et cette force inconnue reste d’ailleurs soumise aux lois générales de la nature, telles que nous venons de les exposer.

La failli-cure et la mind-cnre ne sont que la suggestion en anglais. En tant qu’elles se prévalent de succès organiques, obtenus par rites ou prières, cf. infrn B, c, On.

Xous ne parlons pas ici des prétendues cures spiriles, qui seraient dues non pas à l’action d un esprit sur l’esprit (suggestion) ni d’un corps sur un corps (magnétisme), mais à l’action d’un esprit agissant surlecorps humain. Il estclairen efl’et que cette hypothèse relève impitoyablement du dilemme suivant : ou l’esprit qu’on invoque (démon ou àme d’un défunt) n’opère point, et il s’agit d’une supercherie ou d’une illusion, auquel cas le bienfait qu’on en recueille est purement imaginaire et suggestionnel et, parconséquent, limité aux ressources habituelles de la suggestion ; — ou l’esprit qu’on invoque se manifeste réellement, auquel cas ce ne peut être que le démon : cela n’est pas du ressort de la science, et, si la foi nous enseigne que Dieu peut permettre cette réponse à une sollicitation toujours interdite (péché de magie), il est clair qu’on n’en peut attendre aucun miracle. Aussi n’a-t-on cité aucun cas de guérison obtenue par cette voie. Xi la science ni la foi ne peuvent en craindre la conséquence, qui leur paraît à toutes deux également chimérique, surtout en tant que bienfaisante. En revanche, on a cité nombre de cas où le spiritisme avait causé un a traumatisme psychique » grave (Charcot, Gilles delà TorKETTE). et tous les médiums scientiliquement étudiés ont passé pour des hystériques ou des névropathes (Gras set, L’occultisme hier et aujourd’hui, 1908 ; FloirxoY, de Genève : L’si>rils et médiums, igio). (Voir

OCCILTISME.)

B. Forme historique de celle analogie. — L’analogie par riiistoire est-elle plus efficace ? Elle consiste en ceci : « Vous niez qu’une guérison organique subite soit naturelle, disent en substance nos adversaires : soit ! elle est miraculeuse. Mais ce miracle parait s’observer chez des païens, des musulmans, des schismatiques, des hérétiques : vous voilà forcés de le déclarer naturel, sous peine de porter un miracle au crédit de l’erreur, et de le faire nuire à la gloire de Dieu et de son Eglise. »

Xous pourrions répondre à ce raisonnement par un défi : si de tels miracles existent, qu’on les montre ! Convaincus, d’une part, que la guérison subite d’un mal organique n’est pas naturelle, assurés d’autre part que le miracle ne peut glorifier l’idolâtrie, le schisme ni l’hérésie, nous combinons logiquement ces deux conclusions en une seule, et nous jugeons que le miracle thérapeutique ne peut pas, en tant qu’il oriente la foi vers la vérité, se produire en dehors des sanctuaires catholiques. L’affirmation contraire exige l’exhibition d’un miracle qui nous donne tort. Mais celle sorte de défi vaut-elle un argument ? A la certitude a priori de l’impossibilité d’un tel miracle, ne vaut-il pas mieux substituer la preuve qu’il n’a pas eu lieu ? Cela vaut mieux en droit ; mais, en fait, démontrer que quelque chose n’a pas eu lieu implique la connaissance de tout ce qui a eu lieu, l’omniscience intégrale des faits : or, qui pourrait se targuer d’un tel privilège ? On se doute que nous n’y prétendons point I Reste à parcourir les lieux où l’on s’est le plus communémenelTorcé d’exhiber ces miracles, suscités, par hypothèse, à la requête des prêtres musulmans, schismatiques etc., et obtenus avec succès en faveur de fidèles du même culte. Si l’on envisage les sanctuaires les plus illuslres, les plus fréquentés, les [ « lus. vénérés, si l’on interroge les pèlerins les plus convaincus, les plus nombreux, les plus fidèles, et si, après cette enquête aussi complète que possible, on ne trouve aucun cas de guérison miraculeuse obtenue par les dits pèlerins dans les dits sanctuaires, on n’aura ^jas prouvé, sans doute, qu’un tel cas soit impossible : mais on aura montré qu’il est introuvable. Et l’on aura ainsi, non seulement acquis la conviction qu’un cas si inipro » bable équivaut pratiquement à l’impossible, mais désarmé ceux qui n’ont que cette analogie à nous opposer, puisque, en fait, elle n’existe pas. Parcourons en elTel successivement les sanctuaires païens, musulmans, schismatiques. hérétiques, et voyons ce qu’ils nous offrent en manière d’analogie :

a) Infidèles. — Xous ne remonterons pas, comme le D’GRiLLif ; RK(Z, fl Revue, 1" septembre 19 1 1), jusqu’à 1 homme des cavernes, présumant que le lecteur ne voit, dans les manifestations artistiquesde ce lointain ancêtre, pas autre chose que la preuve d’un sentiment religieux naturel, nullement une indication de faveur surnaturelle sollicitée ou obtenue. Nous nous bornerons à chercher, dans l’antiquité païenne, les seuls faits de pèlerinages connus, et nous ne croyons pas qu’on les trouve ailleurs que dans les temples d’Esculape. Là venaient, en effet, des pèlerins malades, mus par un sentiment religieux. Sans doute ce sentiment de dévotion ne saurait être comparé, dans son mécanisme, dans ses tâtonnements, dans sa stérilité, au sentiment logique, délibéré, vivifié par la grâce, que nous appelons la foi. Sans doute il se mêlait à la naïve dévotion des clients d’Esculape des superstitions qui paraissent d’ailleurs inséparables des commencements de la science médicale dans tous les pays (cf. Bouché-Leclercq, Histoire de la