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GUÉRISONS MIRACULEUSES

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Paris, 1912 (reproduit cet article, sauf développements sur rOrpliismc cl les Mystères).

Sur la philosophie des Grecs et ses rapports avec la reliyion, outre les histoires de la philosophie deZeller, Ueberveg-Heinze, etc., on peut consulter : Th. Gomperz, Les Penseurs de la G ; èce (trad. Reymond, 3 vol., Lausanne, 1904-1910) ; Ahlié Louis, Doctrines religieuses des philosophes grecs, Paris,

1909 Sur le milieu hellénique, au moment où parut le Christianisme, on lira avec iirofit : J. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité (chap. 1"), Paris, igio ; B. Allô, O. P., L’Evangile en face du Syncrétisme païen, Paris, 1910 ; P. Wendland, Die hellenistisch-ràmische Kulturin iliren Beziehungen zu Judentum und Christentum. Tiibingen, 1907 ; J. Kærst, Geschichte des hellenistischen Zeitallers, 2’Uand, Das Wesen des Hellenismus, Leipzig, ’909 Les institutions religieuses sont expliquées dans

les manuels d’antiquités grecques : voir spécialement Stengel, Die griechisclien Kultusallertiimer (dans le Ilandbuch d’Iwan von Millier), Miinchen, 1898.

Joseph HuBY.


GUÉRISONS MIRACULEUSES. — Quelque subtilité que cet avertissement comporte, nous devons déclarer ici que nous n’étudions pas les Guérisons miraculeuses en tant que Mir.cles (v. ce mot), mais en tant que guérisons. En d’autres termes, n’ayant pas qualité pour enseigner la délinition du miracle, nous nous en tenons à la recherche des ressources curatrices de la Nature. En tant que l’incrédulité des sceptiques attribue à des forces naturelles, connues, présumées ou inconnues, toutes les guérisons miraculeuses dont l’apologétique tire secours, il y a intérêt à connaître les limites de la Ihéraj >eutique naturelle, limites au delà desquelles la présomption de miracle constitue à la théologie un terrain libre et réserve, limites en deçà desquelles les vagues notions de « forces inconnues », de « Suggestion » (voyez ce mot), de magnétisme doivent faire place à des concepts clairs. Une fois la théorie pourvue de principes exacts, la pratique du discernement des pseudo miracles d’avec les guérisons surnaturelles devient relativement aisée et s’applique à la solution des cas particuliers. Nous examinerons ici successivement : i. les prineii)e3 généraux qui justilient cette étude pour l’apologiste ; 2. l’aspect philosophique du problème ; 3. les notions médicales nécessaires à la délimitation des frontières de la nature ; 4. la forme sous laquelle se présentent les ditlicultés pratiques.

1. Importance, intérêt, opportunité delà question. — Œ tout temps, les guérisons miraculeuses ont été, entre les mains divines, un instrument de choix pour frapper les âmes : elles font éclater à la fois la puissance et la bonté de Dieu, elles sollicitent tout ensemble l’attention, la méditation, et la reconnaissance des hommes. L’Evangile déclare expressément leur rôle : « Lequel est le plus facile, dédire au paralytique : tes péchés te seront remis, ou de lui dire : lève-toi, prends ton grabat et marche ? — A/in donc que vous sachiez que le Fils de l’Homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés, [il dit au paralytique] : lève-toi, je te le commande, prends ton grabat et va en ta maison. >' (S. Marc, II, 9-1 1. — Cf. Matth., IX, 6, et Act., iv, 6 et 1 2-1 3 etc.) Bien que tous les temps aient pu désirer et bénir une preuve aussi bienfaisante de l’existence et de la pro vidence de Dieu, notre âge en a particulièrement l’emploi. Si l’incontestable récit des miracles évangéliques sullit amplement à justifier comme à entretenir la foi, l’apparition dans la durée de nouveaux miracles pareils, de guérisons notamment, attire opportunément l’attention des incrédules, nous donne l’occasion d’utiliser leurs loyales surprises, applique à la science expérimentale de notre siècle un correctif véritablement topique, souligne enfin il’une façon spéciale l’autorité de l’Eglise et la valeur de l’intercession des saints. Pour toutes ces raisons, les sanctuaires où s’observent les guérisons miraculeuses sont, comme nous l’avons déjà indiqué ailleurs (Préface du dernier ouvrage du D^ Boissarie, Lourdes, Les Guérisons, vol. L Paris, Bonne Presse), particulièrement favorables aux succès de l’apologétique, et la méthode qui les utilise semble d’autant plus logique.

Elle a pourtant ses adversaires. S’il est avantageu. x, reconnaissent-ils, de recourir à des faits récents ou même futurs pour solliciter l’étonnement des incrédules, si l’on remplace ainsi, par une observation de quelques instants, la longue préparation nécessaire à la démonstration d’ailleurs possible de l’authenticité des miracles évangéliques, prenons garde néanmoins : nous faisons une œuvre plus aisée, mais moins sûre, nous proposons à des sceptiques d’analyser des faits passibles d’une interprétation erronée, nous cherchons excellemment des miracles actuels, mais nous pouvons, hélas ! en rencontrer de faux. Lors même qu’ils seraient vrais, ils ne sont pas de foi : n’utilisons donc pas les guérisons miraculeuses pour l’apologétique !

Cette attitude peut impliquer des intentions très louables. Nous osons pourtant inviter ceux qui s’en inspirent aux considérations suivantes : sans doute les guérisons miraculeuses qui peuvent se produire aujourd’hui ou demain, ne sont et ne seront pas de foi, mais la toute-puissance de Dieu reste et restera de foi, sa bonté aussi, et les résultats de cette puissance et de cette bonté doivent ou peuvent avoir lieu de nos jours, tels qu’ils se sont produits dans le passé. Sans doute on peut prendre pour des exemplaires de ces résultats des faits naturels ou même morbides, mais ces erreurs de fait n’empêchent pas la présomption d’éventualités miraculeuses : or, l’attitude du croyant qui refuserait de s’attendre au miracle ou d’en présumer le retour, ou d’en i)rofiter, sous le prétexte que sa foi ne leur est pas due, risquerait aussi de scandaliser le néophyte. L’Eglise elle-même, si elle n’engage pas son infaillibilité dans la critique des faits contenqiorains, nous autorise à juger miraculeuses, dans notre for intérieur, certaines guérisons actuelles, puisqu’elle nous conseille de les chercher, de préférence dans certains sanctuaires connus et bénis d’elle, puisqu’elle-mcme en cherche des exemplaires pour justifier la canonisalion de ses saints, puisque les évêques qui composent son magistère s’intéressent personnellement au jugement et à la définition de certains cas. Enfin l’attitude que nous déconseillons comporte, pour être rigoureuse, le mépris ou l’ignorance, la négligence ou la négation d’une multitude de faits qui, tout en n’étant pas de foi, sollicitent fort utilement l’attention des loyaux incrédules : tels sont, dans l’ordre habituel, les effets de la grâce sur les membres de la vraie Eglise, sur la charité des prêtres, sur la pureté des vierges, sur la fidélité des éi)oux ou la probité des marchands ; tels sont, dans la voie extraordinaire, les stigmates, les visions, ou les extases : rien de tout cela n’est de foi, entant que fait, et tout cela peut être profané ou contrefait. Il n’en est pas moins vrai qu’en omettant de remarquer ces effets de