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jours fixés. Aux temples les plus imporlanls étaient attenantes des dépendances (irijSoôoy.05), où étaient gardées les riclicssesdu dieu, offrandes et revenus de ses biens. Ces richesses étaient considérables ; en a’jg avant J.-C, un inventaire évaluait la fortune totale des temples déliens à 5.501.9’j8 drachmes (environ 6.336.890 francs).

Les dimensions des temples étaient fort variables : l’un des plus grands, le temple d’Arténiis à Ephèse, mesurait lo^m.Sg de lon^ ; - sur 4y ni. g8 de large ; le l’arthénon avait 6y m.51 de long, 30m. 86 de large el 14 mètres de haut. Beaucoup étaient de dimensions restreintes, exiguës. On ne s’en étonne point, si l’on songe que, dans l’antiquité, le temple est fait exclusivement pour le dieu : c’est en dehors du temple, en plein air, que se font les holocaustes.

On honore les dieux par la prière, par des offrandes variées, précieuses ou non, flûtes, pinceau, filet, armes, suivant la profession du donataire, objets d’art, animaux et niènie des courtisanes à Aphrodite. Aux offrandes s’ajoutaient les sacrifices : sacrifices non sanglants, fruits, gâteaux, libations, encens, — sacrifices sanglants de brebis, chèvres, porcs, taureaux, bœufs, etc. Les animaux blancs étaient réservés aux dieux olympiens, et olferts le matin. Aux dieux chthoniens, aux héros et aux morts, on immolait des animaux noirs : le sacrifice avait lieu le soir, el les assistants ne se réservaient ordinairement aucune part de la vielime.

Les sacrifices humains, de caractère expiatoire, furent aussi en usage chez les Grecs des temps reculés. Puis les anciennes coutumes furent adoucies ou éludées. Pourtant les sacrifices humains ne disparurent pas complètement. On les constate chez les Ioniens au vi’siècle. Avant Salaniine, Thémistocle dut immoler trois prisonniers perses. Au temps de Pausanias (11’siècle après J.-C), des victimes humaines étaient encore sacrifiées en Arcadie à Zeus Lycéen.

Parmi les fêtes consacrées aux dieux, les unes étaient panhelléniques (Olj’mpiques, Pythiques à Delphes, Isthmiques à Corinthe, Néméennes près de Sicyone), les autres nationales. A Athènes, où elles nous sont mieux connues, elles étaient nombreuses et magnifiques. Chaque mois renfermait une série de jours consacrés à des divinités déterminées.

La garde des temples était confiée à des prêtres ou prêtresses. Les prêtres en Grèce ne formaient pas un clergé hiérarchisé, mais étaient indépendants les uns des autres. Leur fonction était exclusivement de vaquer aux cérémonies du culle, sans prédication ni enseignement doctrinal. Leur coopération était requise pour accomplir un oflice religieux dans le

« anctuairc. Hors de là, les magistrats pouvaient se

passer d’eux pour sacrifier sur les autels publics. Les prêtres se recrutaient de différentes façons : hérédité, élection, tirage au sort, achat. La durée de leurs fonctions était variable. Le renouvellement annuel était surtout en usage dans les cultes plus récents, et chez les populations démocratiques ; dans les cultes plus anciens, où les fonctions étaient héréditaires, le

« accrdoce était souvent à vie.

Enfin les Grecs, comme la plupart des peuples antiques, pratiquaient la divination. Les songes, le vol des oiseaux, l’observation des entrailles des victimes, les prodiges devenaient matière à présages. On avail surtout recours aux oracles. Les trois principaux étaient ceux de Zeus à DoJone, de Zeus Ammou en Egypte, d’Apollon à Delphes. A Dodoue, la volonté divine se manifestait dans le souffle mystérieux qui agitait les feuilles d’un chêne..vcc le temps, de nouveaux modes de consultation furent découverts : on interprétait le murmure d’une fontaine sacrée, les

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résonances de bassins d’airain suspendus autour du chêne de Zeus, etc. En Egypte, la statue du dieu était portée sur les épaules tles prêtres, en procession solennelle ; à ses oscillations, les devins apprenaient à connaître la volonté divine. A DeljjUes, les oracles étaient rendus par la Pythie, sous l’inspiration immédiate d’Apollon. « Après avoir fait des ablutions avec de l’eau puisée à la fontaine de Kastalia, qui jaillit au pied du Parnasse, et respiré de la fumée de laurier, la prophétesse se revêtait d’un costume théâtral, pénétrait dans l’adyton, où elle buvait de l’eau gazeuse de la source Kassotis. Enfin elle prenait place sur le trépied doré, une feuille de laurier à la bouche et une branche de laurier à la main ; bientôt elle était atteinte du délire prophétique et tombait eu extase ; le dieu l’avait envahie. Elle proférait alors des sons inarticulés, des cris incohérents, beaucoup plus rarement des paroles ayant un sens suivi. Les prêtres qui l’assistaient recueillaient ses éclats de voix, en tiraient un sens approprié à la situation, et rédigeaient, presque toujours en hexamètres, la réponse du dieu. Ils latransniettaient aux consultants, qui durant la séance étaientdemeurés dans une salle voisine. Ceux-ci ne comprenaient pas toujours les conseils du dieu ; aussi allaient-ils souvent en demander l’explication à des exégètes attitrés, qui habitaient aux environs du temple, n (Boxleh, Bulletin de l’Institut catholique de Paris, décembre 1910, p. -)i.) L’oracle donnait des conseils de sagesse pratique : « Connais-toitoi-méme », etc., de préférence aux prédictions proprement dites, et dans les cas embarrassants il s’en tenait prudemment à quelque réponse ambiguë. Bien qu’il commençât à perdre de son prestige dès l’époque classique, il resta pourtant l’oracle le plus consulté du monde grec, et ne disparut qu’au temps de Constantin.

Bibliographie. — Il existe trois grands dictionnaires, traitant toutes les questions relatives aux religions grecque et romaine :

Daremberg et SugUo, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines. En cours de publication depuis 1873 (Paris). Pauly-Wissowa, Real-Encyclopiidie der classischen Altertumsuissenschaft. En cours de publication depuis 1894 (Stuttgart). Roscher, Ausfûhrliclies Lexikon der griechisclien and rijmischen Mythologie. En cours de publication depuis 1884 (Leipzig).

On peut ajouter comme études générales : Chantcpie de la Saussaye, Manuel d’Histoire des Ileligions-, trad. franc., Paris, 1904 (article de Lchmann ) ; — 3" édit. allemande igoS (article de Holwerda). Gruppe, Griechische Mythologie and lleligionsgeschiclile (diins le Ilandbuch d’Iwan von Millier), 2 vol., Miinchen, 1906 (d’un rationalisme tendancieux, mais prodigieux recueil de faits). L. R. Farnell, The cuits of the Greek States, 4 vol., Oxford, iSgô-igo’ ;. Preller-Roberl, Griechische .Mythologie, Berlin, 18g’4. Deeharme,.1/)Y/(o/o^ie (/e la Grèce antique, Paris, 1879 ; — La critique des traditions religieuses chez les Grecs. Paris, 1904. J. Girard, /.e sentiment religieu.v en Grèce d’Homère à Eschyle^, Paris, 1 88 ;. E. Rohde, Psyché. Seelenkull und Unsterhlichkeilsgluube der Griechen’, ïiibingen, 1907. J.E.IIarrison, Prolegomena to the sludv of Greek lieligion, Cambridge, 1903 ; — Religion of ancicnl Greece, London, 1907. "Toutain, Etudes de mythologie et d’histoire des religions antiques, Paris, 1908..l)bé BoxUt, /.a religion grecque^ ùans le Bulletin de l’Institut catholique de Paris, année igio. Abbé O. Habert. La religion de la Grèce antique, Paris, 1910 ; J. Huby, La religion des Grecs, dans Christus, Manuel d’histoire des religions,

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