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GRECQUE (EGLISE)

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rail êlre considérée coiiiiiie hérétique, en vertu des principes universellement admis dans les Eglises autocéplialcs. Lorsque ce point important est acquis, on peut <lire (m’il a satisfait à sa tache de défenseur (le kl foi. Il a interdit aux théologiens du schisme, s’ils veulent ne point violer la plus élémentaire iogique, d’attaquer comme des hérésies les dogmes <lélinis par l’Eglise catholique, depuis le ix* siècle. Mais ce n’est là que le cùté négatif de son rùle. Le cùtc positif consistera à démontrer à VOrllwdoxe cpie les dogmes catholiques ne sont que l’expression lie la vérité révélée, consignée dans l’Ecriture et la tradition des huit premiers siècles.

Certes la tâche sera encore longue et délicate ; mais il est un moyen de l’abréger. Au lieu d’examiner toutes les questions controversées, on peut ne faire porter son ell’ort que sur la principale de toutes : la primauté et l’infaillibilité du pape. Ce dogme une l’ois admis, lerestene présentera i)lus dedilliculté sérieuse. Or il est relativement facile d’établir que l’Eglise des sept conciles reconnaissait la primauté de droit divin de l’évéque de Rome, successeur de Pierre, et son inerrance dans les matières de foi. Si le cas du pape llonorius est, à première vue, un peu embarrassant, il n’est pas insoluble. Même en jjrenant les choses au pire, on n’arrive pas à y trouver une objection sérieuse contre l’infaillibilité du ]>ape, telle qu’elle a été délinie par le concile du’Vatican. L’histoire des conciles œcuméniques, les actes et les écrits des Pères orientaux, jusqu’au ix’siècle, rendent un témoignage si éclatant aux privilèges du successeiu" de Pierre qu’une àme de bonne foi ne peut pas ne pas en être impressionnée. La grâce de Dieu aidant, elle ne peut tarder d’ouvrir les yeux à la lumière, à l’exemple de Wi.ADiMin SoLoviKF, ce Newman russe que l’étude de la tradition des huit premiers siècles a amené à faire cette belle profession de foi :

« Comme membre de la vraie et vénérable Eglise

orthodoxe orientale ou gréco-russe, qui ne parle pas par un synode anticanonique, ni par des employés du pouvoii’séculier, mais par la voix de ses grands Pères et Docteurs, je reconnais pour juge suprême en matière de religion celui qui a été reconnu comme tel par saint Irénée, saint Denis le Grand, saint Athanase le Grand, saint Jean Chrysostome, saint Cyrille, saint Flavien, le bienheureux ïhéodoret, saint Maxime le Confesseur, saint Théodore le Studite, saint Ignace, etc. — à savoir l’apôtre Pierre, qui vit dans ses successeurs et qui n’a pas entendu en vain les paroles du Seigneur : « Tu es Pierre et sur cette pierre j’éditierai mon Eglise. — Goniirme tes frères. — Pais mes brebis, pais mes

: r, ’neaux ». La Russie et l’Eglise universelle, Paris, 

1 S81j, p. Lxvi.

Solovief avait aussi remarqué l’illogisme dans lequel se meut la polémique anticalholique des théologiens schisraatiques : il écrivait : « Aucun concile œcuménicpie n’a condamné ni même jugé les doctrines catlioliques anatlicmatisées parnos polémiste,

; et quand on nous présente ce nouveau genre de

théologie négative comme la vraie doctrine de l’Eglise universelle, nous ne pouvons y voir qu’une prétention exorbitante, provenant de l’ignorance ou de la mauvaise foi ». Ibid., Tp. ig.

VI. L’Eglise grecque et les notes de la véritable Eglise. — Pour amener les Ortiwdoxes de bonne foi àreccnnaitie que leur Eglise n’est pas la véritable Eglise fondée par Jésus-Christ, l’apologiste <a-Iholique dispose encore d’une autre métliode tout aussi efficace, mais plus compliquée et d’un maniement plus délicat que la précédente. Elle consiste à établir un parallèle entre l’Eglise gréco-russe et

l’Eglise catholicpie et à recherclier quelle est celle de ces deux sociétés religieuses qui répond le mieux, depuis la séparation délinitive jusqu’à nos jours, au plan divin de l’Eglise exprimé dans les Livres saints, synthétisé dans le syndjole nicéno-constantinopolitain par les mots : n Je crois à l’Eglise une, sainte, ciillwlujiie etiijioslulif/iie », et réalisé par l’ancienne Eglise des huit premiers siècles. Ce procédé, qui est classique, paraît suranné à certains théologiens contemporains, qui le déclarent inellicace à l’égard de l’Eglise grecque. Des quatre notes de la véritable Eglise, le II. P. A. Palmieui n’en trouve qu’une, celle d’unité, qui puisse être utilisée avec succès par l’apologiste catholique dans la controverse avec les Orthodoxes :

« Les arguments l)ascs sur l’apostolicité

entendue au sens strict, sur la catholicité ou sur la sainteté, pour prouver la transcendance de l’Eglise romaine sur les autres, sont, dit-il, sans ellicacité dans la théologie polémique orientale ». De motit’is pulemicae iitler cnlkolicos et orlliodoxos, ilansles Slaiorum Litteræ theologicae, t. III (1907), p. 268. De son côté, le R. P. J. Urban", dans un article qui a fait sensation, sans refuser toute valeur à la démonstration basée sur les quatre notes, trouve ((u’elle n’est pas à la portée de tous ; il la déclare peu ellicace, superlUie même, en présence des arguments directs par lesquels on peut établir l’institution divine de la primauté. La raison qu’il en donne est que l’Eglise orthodoxe possède dans une certaine mesure les quatre notes indiquées dans le symbole. On découvie chez elle une certaine unité dans la foi et dans le gouvernement, une certaine sainteté, une certaine catholicité, une certaine apostolicité, De lis quæ tlieologi catholici præstare possint ac deheant erga Ecolesiam russicam, dans les Acta primiconventus Velehradensis, Prague, 1908, p. 26-29.

Nous ne sommes pas complètement de l’avis du P. Urban, encore moins de celui du P. Palraieri. Xous croyons au contraire que, même pour les lidèles de l’Eglise gréco-russe, « l’Eglise catholique, par elle-même, est un grand, un perpétuel motif de crédibilité, un témoignage irréfragable de sa propre légation di’ine, à cause de son admirable propagation (note de catholicité), de son éminente sainteté et de son inépuisable fécondité en toutes sortes de bienfaits (note de sainteté), à cause de son unité catholique (note d’unité), et de son invincible stabilité (note d’apostolicilé) », Concile du "Vatican, Constitution Dei Filius, cap. 3. Un Orlliodoxe de bonne foi, en comparant attentivement son Eglise avec l’Eglise catholique, sera facilement amené à reconnaître Ja transcendance de celle-ci sur celle-là au quadruple point de vue de l’unité, de la sainteté, de la catholicité et de l’apostolicité, et à conclure que l’Eglise catholique, rèalisantincomparablement mieux le plan divin de l’Eglise tracé dans la sainte Ecriture, est la véritable Eglise fondée par Jésus-Christ, celle qui répond pleinement à ses desseins et qu’il marque visiblement de son sceau.

Cet Orthodoxe découvrira aussi sans peine que la cause de l’infériorité de son Eglise lui vient principalement de ce qui la dislingue essentiellement de l’Eglise catholique, c’est-à-dire de l’absence d’une autorité suprême permanente. Il constatera que la papauté, loin d’être un principe de décadence et de mort pour le catholicisme, est au contraire un principe de vie et de progrès. Appliquant le principe qu’on juge l’arbre à ses fruits, il conclura que la papauté est voulue de Jésus-Christ et qu’elle est un élément essentiel de l’Eglise qu’il a foiulée. L’interprétation donnée par l’Eglise catholique des passages scripturaires relatifs à la primauté de Pierre, lui paraîtra la seule vraie, parce que l’expérience