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GRECQUE (ÉGLISE)

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cril au inètrc cl an Jiacre île faire trois génuflexions (yovujtJijnï ;), à la lin (le l’citiclése, pour bien marquer que la consécration n’est faite qu’après la prononciation (le cette invocation, et non après les paroles dominicales. C’est une cérémonie toute nouvelle, qui ne par iendra sans doute pas à s’imposer à toutes les Ey^lises autocéphales. Cf. G. Cuaron, l.e quinzième centenaire de saint Jean Chnsostome, llome, 1909, I>. 228-^34 ; Cli.Ai’NEH, Les i’ersions roumaines de ta liturgie de saint Jean Clirysostonie, dans le recueil des Xoj « 7Tîi/tzà, fascicule II, Rome, 1908, p. ^(tù Ces quelques exemples, qu’il serait facile de multiplier, montrent que les Orthodoxes n’éprouvent yuère de scrupiile à innover en matière rituelle. On voit même que telle suppression ou modilication n’est pas toujours innocente. Les Grecs sont en général plus hardis dans cette voie que les Russes. Ceux-ci sont arrivés à se convaincre, par l’élude des anciens rites, que plusieurs des divergences constatées, au XVII siècle, par le patriarche Nicox entre les livres liturgiques slaves et les éditions grecques, élaienl dues, non à des altérations de la [jart des Russes, mais à des innovations introduites par la Grande Eglise de Coffistanlinople. Cf. l’article de Kapterev :

« Les réformes rituelles Je Nicon » dans le Bogoslovskii

r(es/H(/, octobre 1908, p. 289-245. Les Slarolières n’avaient pas tout à fait tort sur tous les points.

Ces Staro^’ières, par leur attachement obstiné à leurs anciens rites, ont forcé l’Eglise russe à faire olliciellement la distinction entre l’unité de foi el de juridiction et l’unité de rites. Pour ramener les Vieuxcroyants dans son sein, elle a levé l’anathème porte au synode de Moscou, en 1O67, contre les partisans des vieux rites et leur a permis de se servir des anciens livres liturgiques privés des corrections de Nicon. La seule condition qu’elle a mise à leur reconnaissance comme membres de l’Eglise orthodoxe a été la soumission à la hiérarchie officielle et l’acceptation des mêmes croyances ; d’où le nom d’Edinovertsy ou Cnicroyants qu’on leur a donné. Ces L^dinofcrtsy occupent dans l’Eglise oflicielle une situation analogue à celle des Uniates orientaux dans l’Eglise catholique. L’apologiste ne manquera pas d’utiliser cette ressemblance entre nos Uniates el ceux de l’Eglise russe pour faire voir l’inconséquence des Orthodoxes, lorsqu’ils mettent en avant des divergences rituelles comme motif de séparation. Il pourra rappelerque le Saint-Synode a déclaré, en 1886, que l’Eglise orthodoxe n’avait condamné les anciens rites et les anciens textes qu’autant qu’ils servaient de symbole à des doctrines hérétiques, et qu’elle n’avait poursuivi les raskolniks que pour leur désobéissance à la hiérarchie légitime.

Mais c’est assez parler des divergences dans les rites et les usages. Venons-en à celles qui touchent à la foi.

B. Méthode à suivre pour les divergences doctrinales. — Si le peuple se laisse impressionner par la diversité des rites et des coutumes, il reste en général assez indiirérent aux controverses dogmatiques, qui le dépassent. Celles-ci sont pour les théologiens de profession. Elles ont fourni matière, depuis la séparation, à des discussions interminables. Nous avons dit pourquoi l’ère de ces discussions ne saurait être close ; mais il y a manière de les conduire. Ayant affaire à un théologien orthodoxe, poiiT qui les divergences dogmatiques entre les deux Eglises ne sont jioint de purs prétextes, mais constituent un sérieux obstacle à l’union, l’apologiste catholique pourra procéder de la manière suivante :

Tome II.

i") !  ! demandera à ce théologien s’il reconnaît aux confessions de foi de Moghila el de Dosithée, ou à quelque autre document ou décision postérieure à la séparation, une autorité égale, en matière de foi, au concile œcuménique. Nous avons dit en efl’et que, sur la valeur doctrinale de ces confessions et sur la question de savoir si, d’une manière oude l’autre, l’infaillibilité de l’Eglise orllwdoxe était entrée en exercice, depuis le schisme, lesavis étaient partagés parmi les théologiens orientaux. Les uns, comme Puilahète, Dam.vl.vs, BiÎLAiEF, Androutsos, Bolotov, Curysos TOME PaPADOTOULOS, KlUliEF, DiOMÈDE KvRIAKOS,

SviETLOv, Bala.nos, Anthime VII dans son encyclique de 1895, n’admettent comme autorité infaillible que les sept conciles oecuméniques et ne voient dans les confessions de foi du xvii* siècle que des documents d’une autorité relative, de la doctrine desquels on peut s’écarter et dont on s’écarte en efTet. Les autres, comme Macaire, Mésoloras, Milach, Zikos Rosis, GoussEF, J. SoKOLOF, l’évêque Serge de P’inlande, déclarent que la doctrine des confessions de foi s’impose à la croyance des Orthodoxes, au même titre (pie les délinitions des conciles œcuméniques. Remar (iuons que les partisans de la première opinion tout comme ceux de la seconde sont de vrais Orthodoxes et se considèrent comme tels.

2°) Si le théologien interrogé admet l’infaillibilité des confessions de foi, il faudra tout d’abord lui faire constater que sa conviction n’est pas partagée par tous ceux de son Eglise et que dès lors son opinion a lui est une opinion de théologien privé et non l’expression d’un enseignement officiel et obligatoire.

On pourra ensuite l’inviter discrètement à confronter la confession de Moghila et celle de Dosithée sur la question des lins dernières. II s’apercevra vite que la i)remière nie l’existence d’un châtiment temporel après la mort, rcsVzKi^î ; y.oj.u.iiz, et d’une catégorie de défunts intermédiaire entre les élus el les damnés, tandis que la seconde enseigne clairement qu’il y a une satisfaction, une peine temporelle proportionnée aux péchés commis durant la vie, pour les âmes de ceux qui se sont repentis de leurs fautes graves avant de mourir, mais qui n’ont pas eu le temps de satisfaire à laJQslice divine. Cette contradiction flagrante ébranlera sans doute la foi du théologien à l’infaillibilité des deux confessions. S’il hésite encore sur la valeur œcuménique deeespièces, qu’on lui fasse constater que la confession de DosilhcedesGrecs ne concordepas avec la confession de Dosithée des Russes, le Saint Sjnode de Pétersbourg ayant, en 1838, fait ]ilusieurs suppressions importantes dans le texte original, et cela, de sa propreautorilé, el sansavertirles Eglises-sœurs.

3°) Une fois qu’il aura fait admettre à son interlocuteur que dans l’Eglise orthodoxe, de nos jours du moins, il n’y a pas d’autorité doctrinale infaillible unanimement reconnue, en dehors des sept conciles œcuméniques, l’apologiste catholi(]ue passera en revue avec lui les définitions solennelles de ces sept conciles. Tous les deux arriveront sans doute assez facilement à tomber d’accord sur ce fait évident : qu’aucune des questions dogmatiques controversées entre les deux Eglises n’a fait l’objet direct cl précis de ces définitions solennelles.

l") La conclusion logique qui s’imposera au théologien orthodoxe sera de reconnaître que l’Eglise catholique, du [loint de vue o/7/îOc/oj’e, ne peut être traitée d’héréti<|ue, puisqu’elle admet toutes les définitions solennelles des sept premiers conciles œcuméniques. Elle a sans doute tranché définitivement la plupart des questions controversées et en a fait des dogmes obligatoires pour tous ses fidèles ; mais rien n’autorise le théologien orthodoxe à qualifier ces dogmes d’hérésie. S’il est logique avec ses principes, il n’y

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