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GRECQUE (ÉGLISE)

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celles (les sept premiers conciles œcuméniques, puisque, comme nous l’avons dit plus haut, l’autorilé des confessions de foi rédigées au xvii’siècle contre les Protestants est battue en brèche de nos jours et n’est unaniniemenl admise que dans la mesure où elle se confond avec l’autorité des anciens conciles.

Au fond, rien ne heurte plus l’esprit byzantin, qui est devenu l’esprit de l’Ortliodoxie orientale, que la notion du progrès dans le domaine religieux, sous quelque forme qu’il se présente. Cet esprit est caractérisé par un trailitionalisme exagéré et un formalisme étroit, qui répugne en principe à toute innovation, même purement verbale. La lutte contre le mot

« Purgatoire > en est un curieux exemple. L’admiration

que professent les théologiens contemporains pour le fameux canon de Vincent de Lérins, entendu en un sens qui exclut tout véritable développement, montre le peu de cas qu’il faut faire de certaines déclarations conformes à la théologie catholique, que l’on trouve ici et là dans les ouvrages russes ou grecs. Sur le progrés dogmatique d’après les théologiens orthodoxes, voir l’ouvrage de Palmieki, II progres $odommaticoiielconcettocattolico, ’PloTeBi : e, 1910, p. 67-fjO, 255-2-^.

I, F, XO.MBRE DES LIVRES SAINTS

Jusqu’au xviii’siècle, il y eut parfait accord entre li-s deux Eglises sur le nombre des Livres saints. Mais à partir de cette époque, sous l’inlluence du théologien favori dePierre leGrand, Théoph-^nk Pho-KOPOViTcn, l’inspiration des livres et fragments deutérocanoniques de l’Ancien Testament commença à être battue en brèche. Au xix" siècle, la doctrine dv. Prokopovilch est devenue la doctrine oUlcielIe de l’Eglise russe. On la trouve exprimée notamment dans le catéchisme de PiiiL.

ÉTE, approuvé par le

Saint-Synode qui, de ]ilus, a fait supprimer dans la confession de Dosithék le passage qui maintient contre Cyrille Lucar la canonicité des dcutérocanoniques. L’Eglise calliolique est accusée d’errer dans la foi par les polémistes russes, parce qu’elle admet l’origine divine de ces livres. Dans l’Eglise grecque proprement dite, les ùycr/ivujy.oy-.jv. — c’est ainsi qu’on appelle les deutérocanoniques — ont encore de nos jours quelques partisans de leur inspiration ; mais sous la poussée de la théologie russe, ils se font de plus en plus rares, et les autorités oflicielles, se désintéressant complètement de la question, ai>prouvent le pour elle contre avec une égale facilité.

Cette innovation doctrinale, quiest restée jusqu’ici à peu prés inaperçue en Occident, fournit une arme facile pour attaquer l’infaillibilité <le l’Eglise orthodoxe. En niant la canonicité des deutérocanoniques, cette Eglise ne contredit pas seulement ses anciennes confessions de foi, mais encore le concile in Trullo, regardé par elle comme œcuménique, et le second concile de Nicée, qui ont approuvé le 85’canon apostolique et le.’1^’canon du synode de Carthage. Sur cette divergence, voir Histoire du canon de l’Ancien l’estament dans l’Eglise grecque et l’Eglise riisse, par M. Jrc.iE, Paris, 1909.

DOCTRINE su » DIEU UN ET THINE

On ne parle plus guère aujourd’hui dans l’Eglise des sept conciles de la vieille erreur palamite, qui admettait l’existence d’une sorte de grâce divine, dite lumii^re tliahorifjue, incrcéf et cependant distincte de Dieu, et proclamait la distinction réelle entre l’essence divine et ses opérations., |qirou é au xiv siècle par plusieurs conciles de Constantinople, nolammenl en 1351 et en 1368, le palamisme conserva

toujours des partisans parmi les théologiens grecs. On le trouve encore exprimé dans la confession de CuRYSANTiiE, qui est de 1727 : « Tout Cdèle doit croire que la lumière du Thabor n’est pas une créature, mais n’est pas non plus absolument d’essence de Dieu. C’est un rayonnement incréé et physique, une énergie qui découle de l’essence divine elle-même ». PetitMansi, Collect. Concil., t. XXXVIl, col. 902. De nos jours, cet article est laissé dans l’ombre. On se contente de célébrer en grande pompe la fête de saint Grégoire Palamas, « ce docteur de l’Eglise dont les écrits sont la règle infaillible de la foi chrétienne », au dire du concile de 1368.

La doctrine photienne de la procession du Saint-Esprit est trop connue pour que nous ayons à y insister ici. Plusieurs apologistes catholiques ont dit que, sous cette fameuse controverse du Filioque, il n’y avait au fond qu’une équivoque basée sur le sens particulier attribué au terme grec éz711, î : ii-5fei. Si cette manière de voir est favorisée par les ouvrages de certains théologiens orthùdojes, en est d’autres qui excluent formcUenient toute participation du Fils dans la production du Saint-Esprit : « Le Fils n’est cause de l’existence du Saint-Esprit en aucune façon,

> « (/’ciîvÔ/ ; tivk T/jo77 ; v », déclare la confession de i^a’j. Petit-Mansi, ibid., col. 897. Ce qui prouve que c’est bien là la véritable doctrine des disciples de Photius, ce sont les interprétations aussi nombreuses que misérables qu’ils donnent des textes des Pères qu’on leur ojjpose. Veut-on savoir par exemple comment ils cherchent à se débarrasser de la formule la consubstantialité ; d’autres lui donnent le même sens qu’à « jw » ou à « u-zzy. », avec le génitif ; d’autres se prononcent pour « fii-y. » avec l’accusatif : « Le Saint-Esprit procède du Père après le Fils ». Quelques-uns enlin, poussés à bout par l’évidence des témoignages, ont inventé je ne sais quelle manifestation éternelle du Saint-Esprit i^f-t.vit ; , aiuvto-., distincte de l’ÈzTO’siuji ; , à lacpielle le Fils aurait part, conjointement avec le Père.

Fidèles à la tactique de Photius, les polémistes orthodoxes continuent à attacher une grande importance à l’addition du Filioque au symbole et à confondre la question liturgique avec la question dogmaticpu’. Onles voiteneore en appeler au témoignage du pape saint Léon III contre le dogme catholique et accuser les Latins d’avoir violé la défense portée par le concile d’Ephèse de composer un autre symbole (i-vipv.-j -i-rrij) que celui de Nicée. On peut à ce propos leur faire remarquer que cette défense, à supposer qu’elle eût un autre but que celui d’interdire un symbole contraire à la foi de Nicée, ne se ra|iporte pas au symbole de Nicée-Conslantinople, comme ils serimaginent, mais ausymbole primitif deNicée, ainsi qu’il ress^t des Actes du concile d’E|)hèse. Cf. HahyAVK, liealencyclopë’die fur protest, ’rhéologie, t. XI, p. 12-.- 7.

l’état o’iNNŒlîNCK. — LE PÉCHÉ ORIUIXEL LA GRACE. LA MARIOLOGIE

Sur l’état d’innocence, le péché originel et la grâce, la théologie orthodoxe, de nos jours du moins, est faite d’imi)récision et d incohérence. Les confessions de foi du xvii* siècle ne renferment rien sur ces j)oints ([ui puisse choquer des oreilles catholiques ; mais il n’en va pas de même de la doctrine qui tend de plus en plus à prévaloir, en Kussie surtout, sous l’inlluence des théologiens slavophiles, comme Kuomia-