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GRECQUE (ÉGLISE)

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DOCTBINK SUR L LULISB

Nous avons tlt-jà dit que, d’après la conception orthodoxe, la véritable Efflise n’est pas une monarchie, luais une ajfglouxêration U’Eiclises nationales autonomes, n’obéissant à aucun clief visible commun, s’inclinant seulement devant le chef invisible qui est Jésus-Christ. Les Apôtres furent tous égaux et saint l’ierre ne reçut Je Notre-Seigneur qu’une sorte de préséance honorilique. Cette préséance est reconnue au patriarche de Constantinople, depuis l’époque de la séparation. Autrefois, c’était l’évéque de Rome qui était le primas inter pares, parce que Rome était la capitale, et non, ose nous dire AnruiMB VU ilans son encyclique, parceque saint Pierre aurait fondé l’Eglise romaine, ee que l’histoire ignore compléteiuent.

Théoriquement, et en vertu du droit divin, les évcques, successeurs des Apôtres, marchent sur le pied d’une parfaite égalité ; pratiquement, et en vertu du droit ecclésiastique, il y a entre eux une subordination hiérarchique, réglée par le 34’canon apostolique, qui dit que les « éi’èques de chaque nation doivent reconnaître te premier d’entre eux comme leur chef et ne rien faire sans son avis ». C’est sur ce fameux canon que les théologiens schismatiques basent en général leur théorie des Eglises nationales autocéphales.qui rappelle parcertains côtés la vieille concei>tion de la pentarchie, ou gouvernement de l’Eglise universelle par les cinq patriarches.

Les théologiens orthodoxes s’entendent à dire que l’Eglise est infaillible. Le sujet de l’infaillibilité est le corps épiscopal pris dans son ensemble et non tel ou tel évè(pie particulier. L’Eglise enseignante exerce ^etle infaillibilité, suit lorsqu’elle se réunit en concile œcuménique, soit lorsque lés évètpies dispersés dans les diocèses manifestent expressément ou é([uivalemment leur accord sur un point de doctrine. Il y a sept conciles œcuméniques. Le dernier est celui qui s’est tenu à Nieée, en 787. Le concile in Trullo ne fait qu’un avec le sixième concile œcuménique et l’approbation qu’il a donnée à certains synodes particuliers et aux 85 canons apostoliques est sans appel. Nous ferons remarquer, à ce propos, que le rôle joué par les canons apostoliques, non seulement dans la discipline mais encore dans la théologie de l’Eglise grecque, est considérable. On y recourt à temps et à contretemps, surtout lorsqu’il s’agit de batailler contre les catholiques.

Le conciliabule tenu par Photius en 879 est quelquefois considéré comme le huitième concile œcuménique. Ce titre se rencontre mêmedansdesdocumenls otnciels, par exemple dans l’encyclique des patriarches orientaux de 18^8. Quant au véritable huitième concile, tenu en 86g, les orthodoxes le rejettent avec horreur, et l’on ne voit vraiment pas pourquoi. Les prétextes qu’ils font valoir contre les deux conciles unionistes de Lyon et de Florence n’ont aucune raison d’être contre cette assemblée, dont 1^ seul tort est sans doute à leurs yeux d’avoir déposé Photius l’intrus et d’avoir proclamé hautement la primauté romaine.

Plusieurs questions sont soulevées à propos du concile œcuménique. On reconnaît généralement, tellement la chose est évidente, que la réunion d’une assemblée de ce genre est, dans les temps actuels, pratiquement irréalisable, n tout comme à l’époque des persécutions », disent certains théologiens. Dieu sait depuis combien de temps cette situation dure, et rien n’en fait prévoir la lin. Pour atténuer la portée d’une si troublante constatation, Macaire nous dit que les sept conciles ont délini tous les articles capitaux de la foi, et que les articles secondaires

sont suffisamment indiqués par Venseii ; nenienl unanime des Pères et des théologiens.

-Vndhoutsos est plus franc, et avovie que les sept conciles n’ont de délinitions précises que sur la Trinité et l’Incarnation et qu’il faut aller chercher les autres dogmes dans les monuments si noiubreux et si divers de la tradition, sans autre guide que l’esprit orthodoxe. Il estenell’et bien dillicilc de contester l’utilité d’un huitième concile, quand on sait combien de problèmes théologiques sont agités au sein de l’orthodoxie, « lui attendent encore une solution. Un de ces problèmes est par exemple de savoir ([uelles seraient les conditions d’œcuménicilé d’un futur concile. Plusieurs théologiens orthodoxes, et des meilleurs, comme Philarète, métropolite de Moscou, affirment « [ue tout concile œcuménique est impossible tant que dure la séparation entre l’Eglise romaine et l’Eglise orientale. D’autres, il est vrai, ne sont point de cet avis : « L’Eglise orthodoxe, disent-ils, est la seule véritable Eglise universelle, et elie se suffît pleinement à elle-même. » Mais qui mettra à l’unisson ces voix discordantes ?

Puisque le concile œcuménique estirapossihle, peut-être le magistère ordinaire, c’est-à-dire l’enseignement unanime des évêques dispersés dans leurs diocèses, pourrait-il le remplacer dans une certaine mesure ; mais les théologiens qui établissent si bien en théorie les conditions d’exercice de ce magistère, ne s’entendent plus, quand il s’agit de décider si, en fait, depuis le ix" siècle, l’infaillibilité de l’Eglise s’est manifestée par cette voie. Les uns, et c’est le petit nombre, conséquents avec les principes posés, voient dans les deux confessions de foi de Pierre MoGHiLA et de DosnnÉB des documents infaillibles, au même titre que les décisions des sept conciles, parce que cespièces furent acceptéesofliciellement aux xvii’et xviii’siècles par toutes les Eglises orthodoxes comme expression de leur foi commune. Les autres, et c’est la grande majorité, déclarent que la doctrine de ces confessions n’est recevable que dans la mesure où elle concorde avec les délinitions des conciles œcuméniques ; ce qui revient à dire que seules les vérités proclamées solennellement par ces conciles s’imposent absolument à la foi du croyant. Aussi bien, les théologiens contemporains ne se font pas faute de contredire ouvertement sur plusieurs points l’enseignement des confessions en question.

LE DÉVELOrPE.MEXT DU DOGME

La théorie du magistère ordinaire est visiblement un emprunt fait à la théologie catholique. Il faut dire la même chose de la notion du développement dogmatique q.ic Macaire et Axdroutsos exposentassezbien, sauf à accuser les Latins d’avoir inventé de nouveaux dogmes et d’aller contre la règle posée par Vi.nce.nt D8 LiiniNS : « Id teneamus quod ul/ique, qiiod semper, quod ah omnibus creditum est x, ou contre le critère qui sert à reconnaître la véritable Eglise et qui se formule ainsi : « La véritable Eglise est celle qui conserve réellement et sans variation, c’est-à-dire sans y rien ajouter ni retrancher, la doctrine infaillible de l’ancienne Eglise œcuménicpie », Macaire, Introduction à la théologie orthodoxe, Paris, 185^, p. 667, 572. On aperçoit sans peine l’énorme équivoque qui se cache sous ces mots.

.flirmant en théorie la possibilité du développement dogmatique, les théologiens orthodoxes le su[>priment en fait, à partir du ix’siècle. On en tievine la raison. Tout progrès dans la connaissance du dépôt révélé s’est arrêté dans l’Eglise orientale, depuis qu’elle a rompu avec l’Eglise catholique,.ucune détinition nouvelle n’est venue s’ajouter pour elle à