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GRECQUE (ÉGLISE)

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^ritahles est un devoir pour tout hou rhrélien ; cette n’ili^iilion est plus forte pour ceux que la Providence (j rluirgés de diriger les autres, et elle s’impose encore juus à ceux qui parmi ces derniers tiennent le premier

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, yyoj- : vj). C’est pourquoi otre oiinahle lléatitude, qui iherclie en tout à maintenir le lion ordre de la discil’Une et la rectitude canonique, fera bien de ne pas aciiicillir sans discernement ceux qui arrivent d’ici sans lettre de recommandation. » Iliid., col. 616-617.

2" Il distinguait, avec la sùrclé d’un llioologien inipiccable, le dogme de la discipline, et affirmait iiu’enlrc les Eglises particulières, l’uniformité ne s’imi>osait que sur la foi et les canons consentis d’un commun accord dans les conciles œcuméniques, que pour le reste la diversité n’avait rien de répréhensible :

« les choses communes à tous, avant tout les

dogmes de foi, sont nécessairement obligatoires. Quant aux observances propres à quelques-uns, leur violation rend coupables ceu.r-li’i seuls à qui elles ont été imposées… Si un Père établit une règle pour son diocèse ou si un synode particulier porte une loi, il n’y a point de superstition à l’observer : pourtant ceux qu ! ne l’ont pas reçue /leuvent la négliger sans danger. » Jbid., co. 60.’|. Et là-dessus, Pliotius énumérait quelques-uns de ces usages particuliers dont il allait bientôt faire des griefs contre les Latins : raser ou porter la barbe, jeûner le samedi ou ne pas jeûner ; pour un clerc, vivre dans le célibat ou prendre femme ; pour un diacre, être élevé à l’épiscopat sans recevoir la préliise ou passer par l’ordre intermédiaire.

Même après sa rupture ouverte avec le pape Nicolas, nième après l’encyclique de 867, adressée à tous les patriarches orientaux, où il soulèvela question du F/710que. el la lettre aux Bulgares, où il attaque la primauté, le révolté recourut au pape Jean VIII pour faire contiiiuer sa seconde élection au patriarcat, après la mort <rignace. Et sans doute, sa soumission aurait été parfaite, si Rome n’avait exigé de lui aucune réparation publique du scandale qu’il avait donné, si elle avait consenti à rayer de la liste des conciles œcuméniques le concile deSâg-S^o.qui l’avait déposé et condamné. Après le conciliabule de 87g, comme après celui de 861, il chercha à se justilier auprès du pape et se prévalut contre les Ignatiens de la prétendue ajqirobation qu’il avait reçue du Saint-Siège par l’intermédiaire de légats plus dupes qu’inlîdèles. Rien ne montre mieux que cette conduite comment les dix griefs relevés contre les Latins, en 867, cinq dans l’encyclique aux patriarches : jeûne du samedi, usage du laitage pendant la première semaine du carême, célibat des clercs, reconllrmation par les évèqucs de ceux qui ont été déjà confirmés par des prêtres, addition du Filinque au symbole et doctrine sur la procession du Saint-Esprit. P. G., t. Cil, col. jii-^^a ; et cinq autres dans la lettre aux Bulgares : immolation d’un agneau avec le corpsdc Jésus-Christ, le jour de Pâques, usage des clercs latins de se raser la barbe, préparation du chrême avec de l’eau de rivière, élévation immédiate desimples diacres à l’épiscopat, prétention des papes à la primauté, alors que celle-ci avait passéàl’évéquedeConstantinople depuis qiiecette ville était devenue la capitale de l’empire, Mcol.l, Ep’ist. Lxx, P. /.., CXIX, col. 1152 et suiv., rien, dis-je, ne montre mieux comment ce n’étaient là que des prétextes, destinés à couvrir la révolte de l’orgueil blessé et à satisfaire sa soif de vengeance. Aussi bien, les contemporains de Photius n’y virent pas autre chose. Le concile de 869 ne daigna pas même s’en occuper, si l’on excepte l’attaque dirigée contre la primauté romaine. Photius lui-même ne tarda pas à s’apercevoir que sa manœuvre n’avait eu aucune prise sur les esprits. Au conciliabule de 879, il se

contenta d’interdire toute addition au symbole, sans toucher directement la question dogmatique de la procession du Saint-Esprit. Cette interdiction n’avait d’ailleurs qu’un but : lui ménager le moyen de reprendre la lutte contre le Filioque, dans le cas, plus que probable, où Jean VIII refuserait de sanctionner ce qui s’était fait.

Ce fut en effet la nouvelle tactique adoptée par l’astucieux byzantin, a])rès sa condamnation par Jean VIII, en 881. Au lieu d’attaquer de front la primauté romaine, trop bien établie pour être niée sérieusement, au lieu de faire valoir de mesquines divergences de coutumes et de discipline, il concentra tous les cfl’orts de sa polémique sur le dogme de la procession du Saint-Esprit. Dans une lettre à Wal-PKRT, archevêque d’Aquilée, alors en désaccord avec le pape, et surtout dans la Mystagogie du Saint-Esprit, véritable traité sur la matière, il chercha à dénaturer la doctrine latine par toutes sortes d’arguments sophistiques, et à établir que leSaint-Esprit /jrocède du Père seulement, en jouant sur le terme grec c< Iz-i/îîùsTÔai », qui, à son époque, avait pris le sens technique de procéder du principe qui n’a pas de principe et qui, par suite, n’était pas l’équivalent exact du « prucedere » latin, mais bien du « procedere princijinliter » de saint Augustin.

Les Latins sont tour à tour accusés d’ignorance, d’erreur, de sottise, de folie, de démence, de fureur, de témérité, d’audace, d’imprudence, d’hérésie, de polythéisme, d’impiété, parce que, d’après notre poléndste, ils font procéder le Saint-Esprit du Père et du Fils comme de deux principes. C’est par des réticences calculées, d’habiles équivoques ou des interprétations arbitraires, qu’il se débarrasse des textes scripturaires et patristiques que les théologienslatins opposent à son innovation. D’après lui, le « De meo accipiet ii, de l’Evangile de saint Jean (xv, 14) signifie :

« // recevra de mon Père ». Des passages si clairs

et si nombreux où les Pères grecs aflirment que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils, est, sort. jaillit du Fils, ou du Pêreetdu Fils, il ne souille mot ; mais il a fait une trouvaille. Il a découvert qu’aucun Père grec n’a dit expressément, xy.zi. /éçiv, que le Saint-Esprit procède (lvr.-.ptùtz’y.i) du Fils, et il prétend résumer toute la tradition grecque dans cette phrase qu’il lance aux Latins comme un défi : « Qui, parmi nos saints et très illustres Pères, a jamais dit que l’Esprit procède du Fils ? » (Mystag., cap. 5 ; cf. crt/). 91, P. G., t. Cil, col. 284 et 386.) En confondant à dessein la question liturgique de l’addition au symbole avec la ([uestion doctrinale, il en apiielle au témoignage de plusieurs papes anciens et même de papes contemporains, comme Léon III, Jean VIII, son Jean comme il l’appelle, Adrien III. Il récuse l’autorité des trois Pères Latins qu’on lui oppose, saint Ambroisb, saint Jérôme et saint Augustin, sous prétexte que leurs écrits ont dû être interpolés, et que d’ailleurs il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’ils se soient trompés, comme cela est arrivé à tant d’autres.

La Mystagogie du Saint-Esprit fut l’arsenal où les Grecs des siècles suivantsallèrentchercher desarmes pour combattre les Latins. Par cet ouvrage, Photius lit plus pour la cause du schisme que par sa révolte ouverte. Sa doctrine s’infiltra dans la théologie byzantine, d’autant plus librement que la Mystagogie ne fut pas connue en Occident avant le xn’siècle. L’empereur Léon VI qui, à son avènement, enleva à Pliotius le trône patriarcal, a tout un discours contre le Filioque. En 906, les envoyés du pape Srrgius III s’ai)erçurent que la doctrine photienne était soutenue par beaucoup de Grecs, et en 908 le pape demandait’aux théologiens francs de la réfuter. Au siècle sui-