Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/184

Cette page n’a pas encore été corrigée

355

GRECQUE (EGLISE)

356

CoPRONYME. En 808, l’addition du Filioque au symliole, l’aile par les moines bénodiclins du inonl des Oliviers, soulève une tempête à Jérusalem, où les moines sabaïtes accusent les Francs d’hérésie. Le pape Lkon 1Il est ol)Iij ; é d’intervenir, et la prudence avec huiuelle il le fait témoijjne de la gravité de la situation. Au concile de Nicée en 78 ; , les évêques orientaux enseignent que la consécration s’opère exclusivement par les paroles de réj)iclèse, devant les légats du pape, qui ne protestent pas, parce qu’ils ne comprennent pas, Mansi, t. XIll, col. a64.

Si les malentendus dogmatiques n’existent encore qu'à l'état latent, les divergences disciplinaires sont nombreusef et connues de tous. Nous avons vu l’altitude prise par le concile in J’rutlu à l'égard de cerliiines de ces divergences. Ce concile, qui coditie le droit byzantin, a beau être rejeté par Home ; ce sont ses décisions qui vont désormais régir l’Eglise orientale. Sur ce terrain, le schisme est déjà consommé.

Un grand événement politique vint, à l’aurore du IX' siècle, aggraver singulièrement les relations déjà si tendues entre l’Orient et l’Occident. Le pape Léon 111 restaura sur de nouvelles bases l’empire romain d’Occident, au profit de la dynastie carolingienne. Ce fut un coup sensible porté à l’orgueil du liasileus byzantin, qui s’intitulait toujours, en dépit de la réalité, empereur des Romains. Cet événement, qui se préparait de|iiiis près d’un siècle, c'étaient lesempereurs grecs eux-mêmes qui l’avaient rendu nécessaire, tant par leur politique civile que par leur politique religieuse. L’Italie, reconquise par Juslinion, n’avait guère eu à se louer de l’administration impériale. On l’avait exploitée comme un pays étranger au reste de l’empire. Bientôt, les exarcjues de Ravenne furent impuissants à la défendrecontre l’invasion lombarde. Les papes avaient eu part iculièremen t à souffrir des entreprises du ccsaropapisme dans le domaine de la foi et de la discipline. Plusieurs d’entre eux avaient été violemment enlevés de leur siège ; beaucoup d’autres n’avaient dû qu'à l’amour des Romains et à l’impuissance des exarques d'échapper au même sort. La longue querelle iconoclaste avaitachevé de les convaincre qu’il n’y avait plus rien à espérer pour le bien de la religion de ces empereurs hérétiques et persécuteurs.

Cependant, tout légitime, tout nécessaire même qu’il fût, le geste du pape Léon III ne pouvait que contribuer à aigrir lesrapportsentre les deux Eglises. En consommant le scission politique entre l’Orient cl l’Occident, il préparait pour un avenir procliain la scission religieuse. Et cela, parce qu'à liyzance, l’idée de l’unilé catliolique planant au-dessus du particularisme national n’existait pour ainsi dire pas, l’Eglise s'était inféodée au basileus. Le même principe qui, au V siècle, avait jeté dans l’hérésie les Syi-iens, les Egyptiens et les Arméniens, allait précipiter les Grecs dans le schisme. Comment ces licrs Byzantins, enorgueillis de leur passé, de leur civilisation et de leur langue, pourraient-ils continuer d’obéir à un paj)e qui n’est plus des leurs et qui donne toutes ses faveurs aux barbares de l’Occident ?

Les Occidentaux, de leur côté, rendaient aux Grecs mépris pour mépris.IIsleurreprochaieut la multitude de leurs hérésies, leurs conlroverscs i)uériles, leur arrogance insupportable. L’opposition ipi’on fil, dans l’empire des Francs, aux décisions du septième concile, cette ardeur que mirent Chahlemagne et ses théologiens à alfirmer le dogme de la procession du .Saint-Esprit du Père et du Fils, et à faire adopter l’addition du Filiuque au symbole, étaient peut-être moins inspirées jiar le pur zèle de la vérité que par le besoin de manifester aux Orientaux celle aversion profonde qu’on ressentail pour eux, et de leur mon trer qu’ils n’avaient pas le monopole de la science théologique. Ces dispositions hostiles faisaient tout craindre pour l’unité même de la foi. Quand on est séparé par le cœur, on ne saurait rester longtemps uni par l’esprit.

III. La consommation du schisme. — Si bien préparé par cinq siècles de discordes, le schisme fut consommé par deux palriarches deConstantinople, PhoTius et Michel Ckrilaire. Malgré les nuances de caractère et la diversité d’atlitude que l’histoire signale entre eux, ces deux ])ersonnages ont suivi la même tactique pour rendre la rupture définitive. Cette tactique a consisté à rechercher minutieusement et à mettre en relief tout ce qui, dans le domaine de la théologie, de la discipline, delà liturgie et même des simples coutumes, était de nature à élever comme un mur de séparation entre les deux Eglises. Ils avaient sansdoute remarqué que, dans la période précédente, les papes avaient remporté tous leurs triomphes parce qu’ils s'étaient posés en défenseurs de l’orthodoxie, attaquée par les hérésies impériales. Le meilleur moyen de détruire leur prestige etdesecovier leur joug était de faire planer le S(Uipçon sur la pureté de leur foi. Avec une infernale habileté, ils allèrent chercher quelques points de doctrine encore mal éclaircis et prêtant par là même le fianc aux équivoques, et soulevèrent des questions insolubles, par exemple celle des azimes, capables d’alimenter des controverses sans fin. Les discussions Ihêologiques étaient pour les délicats, pour les savants. Les divergences canoniques, riluellesou coutumicres devaient lentem<nl gagner au schisme les masses populaires, en leur persuadant qu’entre la religion du Grec et celle du Latin, il y avait un abîme Pholius insista surtout sur la question dogmatique, Cérulairesurla question liturgique et disciplinaire.

LU RÔLE DE mOTIUS

A considérer les faits par la siu’face, il semble que Pholius ait misérablement échoué dans son entreprise. Loin de réussira séparer l’Eglise byzantine de l’Eglise romaine, il fournit aux papes de son temps l’occasion d’aflirmer solennellement leur primauté et de l’exercer à ses propres dépens. Lui-même rendit à plusieurs reprises hommage à cette primauté. A peine intronisé à la place d’IoNACE, qiii, chose presque iuouie à Byzance, refusait de démissionner siir un ordre du basileus. il envoya au pape Nicolas 1" une lettre dans laquelle il faisait profission de foi callioli(iue et, après avoir travesti les faits, sollicitait, sur un ton d’hypocrite humilité, la reconnaissance de son intrusion. Après le scandaleux concile de 861, tenu à Constantinople, dans l’Eglise des Apôtres, il sentit le besoin d’adresserau même pape une longue apologie pour écarter de sa tête les foudres qui le menaçaient. Dans cet écrit, l’intrus condamnait par avance sa conduite ultérieure, car :

1° Il reconnaissait explicitement la primauté du pape, soit en déclarant que le blâme que lui avait iniligé sainl Nicolas avait été inspiré par l’amour scrupuleux de la discipline ecclésiastique (Où fà.p i/jiVxOn’y. :

ryûTv. y.iv/ : /j.v.Tv. « 7T/ « ffTou 0£ fj-cfj/c-j Siff-6s7eoi : , y.y-i Tr, v

ixXJT.zty.^Tiy.VJ Ta^tv et ; vy.pov vy.piZrjjo-jOjTf^t., Epislol. lîh. /,

epist. II. J'. G., t. Cil, col. 5()6) ; soit en faisant connaître son empressement à accepter les décisions du pape et deses légats : « Siiifanl yoire recommandation, on a prescrit d’ol>serfer te canon en question…, et il n’a pas dépendu de nolrefolonté que toutes les décisions de votre ditiiie i>aterniti' fussent prises en considération ^i, ll/id., co.Ci’i : soit enfin en plaçant les papes au sommet de la hiérarchie : Observer les canons