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GAf.LICANIS.ME

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de Lally-Tolliiulal ne pensaient pas comme lui. Sur 95 prélats dont l’ic VII réclama la démission, ’6~ la relusèienl, et l’attachement tradiliunnel à la monarchie iléc’line ne l’ut pas la seule cause de cette attitude : Assi : i.iN[i, par exemple, évètiuc <le Boulosne, rcelamc le droit d’examiner le concordat avant d’y aequiesi’er, et de juger a’ec le pape si la démission exigée est nécessaire. Parmi les démissionnaires, plus d’un prétend exercer le même droit : plus tard, La Luzerne écrira « lu’il ne reconnaissait pas au pai)e le droit de le déposer ex piano ; aussi n’a-t-il pas envo_ é sa démission dans le délai lixé des dix jnurs, mais après un mois, et pur juf^eiiient, non pur obéismince (cf. C. Latrkille, L’opposition religieuse on Concordai, 1791-1803, Paris, 1910, et P. DunoN, Autoar des démissions épiscopales de l’an A’. Etudes, CXII (Mjo ;), p. 43 sq.).

2) Dans la nouvelle Fglise de France, Napoi.i’ox, brouillé avec Pik VII, proclama la déclaration de 1682 loi d’emi)ire (26 février 1810) : il prétendait être de la religion de Bossuet. Sonsla Restauration, en 1824, les démêlés du cardinal de Cleruionl-Tonnerre avec le Conseil d’Etat fournirent à M. de Coubière, ministre de l’intérieur du cal>inel Villéle, l’occasion d’imposer à nouveau aux professeurs des séminaires l’enseignement des 4 articles : on leur demandait de s’y enjjajirer. Notre clergé comptait encore, ou venait de perdre, d’éminents et très respectables défenseurs de nos maximes : les cardinaux de La Luzerne, de Bausset, Mgr Frayssinols… etc., ponr ne rien dire des gallicans exagérés comme l’aljbé TABAn.vun. A cette date pourtant avaient paru Le Pape (iSii^) et /.’Eglise gallicane (posthume, 1821) de Joseph de M.iSTRE. Lamennais, encore séminariste, fondait alors avec les jeunes aumôniers du Collège Henri IV, Ger-BET et S.4.LINIS, e Mémorial ratltolifjiie (iS^ ! i), qui jusqu’en 1830 allait mener rude guerre contre le gallicanisme. L’^"/Hi’pri, avec Louis Veuillot, lui succédera. La défaite du gallicanisme fut chez nous l’œuvre des publicistes : ils rendirent l’ultramontanisme populaire, surtout dans les rangs du clergé inférieur. De part et d’autre, du reste, on ne versa point d’arguments nouveaux au dossier du jiroecs séculaire : au xvii’siècle, tout ce qui pouvait être allégué dans les deux sens avait été dit et bien dit ; aussi, au point de vue de la théologie et de l’histoire, ces longues polémiques furent-elles pour le moins stériles (j’excepte le renouveau actuel des études liturgiques, issu en partie des travauxdeD. Guéranurr). L’autorité pontilicale précipita la déroute : le 9 décembre 1862, l’/ndei- frappa la théologie de Bailly, manuel suivi par uuequarantoine de séminaires ; celle de Mgr Bouvier. adoptée dansune vingtaine d’autres depuis 1820, ne fut sauvée de la censure que par une promesse d’amendement ; de même celle de "Toulouse. Le prestige personnel de Pie IX et ses malheurs, la dévotion cr(jissante deS peuples à l’égard de la papauté, les conciles provinciaux rétablis sous la seconde liépublique et le second Empire, lirent le reste. A la veille du concile du Vatican. Mgr Maret, évêque titulaire deSura, danslesdeux premiers volumes d’un ouvrage demeuré incomplet, livr.ala dernière bataille et exposa la dernière synthèse gallicane : elle se rapprochait beaucoup, prétendait-il, des positions tenues par les ultramontains modérés : « Le pape est de droit divin le chef suprême de l’Eglise ; les évêques, de droit divin, participent sous son autorité au gouvernement général de la société religieuse. La souveraineté spirituelle est donc composée <e deux éléments essentiels, l’un principal, la papauté, l’autre subordonne, l’épiscopat. L’Infaillibilité, qui forme le plus haut attribut de la souveraineté spirituelle, est nécesia/rt’men/ aussi

composée des éléments essentiels delà souveraineté. Elle ne se trouve d’une manière absolument certaine que dans le concours et leconcertdn pape mec les évéques, des éfèqucs avec le pape, et la règle absolument obligatoire de la foi cal lu di(]ue, sous la sanction des peines I)ortées contre l’hérésie, est placée aussi dans ce concours et ce concert de deux éléments de la souveraineté spirituelle. » (Du concile général et de la paix religieuse, 1. XX sq. Cf. Th. Gr.ander.vth, Histoire du Concile du)’atican, trad. française, I, i>. agô sq.) On a souligné ici quelques mots qui devaient être frappés parle concile de 18^0. Mgr Maret, et tons ceux qui en France se disaient ou étaient dits tenants de la doctrine gallicane, se soumirent à la décision conciliaire (sauf MM. LoYsoNet Michaud). Il n’en fut pas de même en Suisse et en Allemagne. Cen’estiiasici le lieu déparier de l’Eglise vieille-catholique ; il faut cependant noter le principe tliéologique ou canonique, proclamé par DoELLiNGER, VON Sciiui.TE et Friedrich dès avant la réunion des Pères, qui leur a permis de contester la légitimité du concile du Vatican et de justilier leur révolte. « Le concile, écrivait Doellinger (Allgemeine Zeitung, Il mars 1870, Colleclio Lacensis, Concilium Vaticanum, col. 1502, et Granderath, op. cit., I. io4). est la représentation (au sens moderne) de l’Eglise universelle ; les évêques y sont les députés, les chargés d’affaires de toutes les parties du monde catholique, ils ont à déclarer, au nom de la collectivité des ûdèles, ce que, surune question religieuse, cette collectivité pense etcroit.cequ’elleareçu comme étant la Tradition. Il faut donc les regarder comme des mandataires qui nejieuvent outrepasser les pouvoirs reçus. S’ils allaient au delà, l’Eglise, dont ils sont les représentants, ne sanctionnerait pas la doctrine définie par eux, mais la rejetterait, comme étrangère à sa foi. » Au concile ilu Vatican, le pape a fait admettre des prélatsqui nepouvaient être les témoins de la foi d’aucune Eglise (é^ êques titulaires et vicaires apostoliques des missions) ; il en a exclu les procureurs d’évêques et les vicaires capitulaires qui pouvaient faire connaître la foi de très nombreuses communautés… Les nullités fourmillent donc dans les procédés de ce concile… — Les conceptions du grand historien dévoyé sont devenues la charpente de l’ecclésiologie i)rofessée par les Vieux-callioliques : il est assez |)iquant de les trouver victorieusement refutées au nom de l’histoire de rantii]uité chrétienne, par le célèbre canoniste protestant Hinschius, J)as Kirchenreclit der Katholiken und Protestanten in Deutschland, III, 34 1. Cf. Granderath, Ioc. cit., io5.

§2.

_ [M. D.

Les doctrines sur les rapports

de l’Eglise et de l’Etat

Pour l’exposé de la doctrine catholique, voir Mgr d’Hulst, Conférences de A’.-D. (1896).

Le gallicanisme politique tend à nationaliser, autant cju’il est possible sans qu’elle cesse d’être catholique, l’Eglise en France, et à la mettre sous la tutelle de l’Etat. Ici encore, la pratique précéda la théorie ; mais cette théorie fut plus précoce que les doctrines du gallicanisme ecclésiastique. La conception du caractère sacré de la personne royale, qui justifie la tutelle, date au moins des temps carolingiens ; le principe de la comiiélence exclusive du pouvoir laïque en matière temiiorelle.non seulement est clairement formulé sous Philippe le Bel, mais est déjà la maitresse-pièce de tout un sj’stèine de droit ecclésiastique, que nos souverains travaillent à réaliser, d’abord par instinct naturel de domination, puis en vertu d’une théorie politique lentement élaborée.