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GALLICANISME

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blcment Uiuilé au présent concile et à ceux qui s’assembleraient, si Jean XXIU parvenait à le dissoudre. Ceux qui le volèrent ne l’entendaient pas tcuis de la même nxanière ; pendant la préparation de la session suiante, les nations rectiliùrent en ell’et l’assertion des cardinaux sur l’Eglise romaine cliefJu concile, en ajoutant seulement : siiiif le cas de sc/iianie créé par elle : un peu plus tiird, au moment de condamner Wiolef et Hus, le concile refusa de se mettre au-dessus du pape ; il laissa à Martin V le soin de détinir la question de la conduite à tenir à l’égard du pape hérétique. Pierre d’Ailly lui-niènie, dans l’automne de 1/117, proposait la doctrine parisienne sur la supériorité du synode, comme une matière encore libre et soumise à une dclinition ultérieure de l’assemblée. Gerson au contraire, dès le 17 janvier l’ii^, la considérait comme délinitivement réglée, et dans les milieux ecclésiastiques français, ce fut l’opinion dominante. Martin V ne lit rien pour la conlirmer. Dans sa profession de foi la veille de son sacre, il s’abstint même de nommer les conciles de Pise et Constance avec ceux dont il acceptait les décisions ; mais publiquement il ne lit presque rien (ci-dessous, § IV) pour la combattre : jadis il avait lui-même signé ra|)pel contre Grégoire XII, et pour beaucoup la doctrine gallicane légitimait seule la déposition de Benoit XIII et de Jean XXIU et partant sa propre élection. Huit ans se passèrent, employés par Martin V à restaurer l’omnipotence papale. Quajid au concile de.Sienne, convoqué par lui en 14a3 conformément au plan de réforme élaboré à Constance, le pape apprit que les Pères professaient des théories analogues à celles qu’y prêchait le 3 octobre, le franciscain Guillaume JoMCAUME : comme laVierge eut deux époux, l’un qui lui commandait, le Saint-Esprit, l’autre qui la servait, S. Joseph, ainsi l’Eglise a deux époux, le Saint-Esprit qui la gouverne et le pape qui lui obéit » ; il procura sans bruit la dispersion du synode. Il en convoqua un autre à Bàle pour l’année 1431. Du conflit ajourné, son successeur Eugène IV porta tout le poids.

h) Bàle l’i’t le triomphe, les excès et la ruine de la démocratie universitaire et de ses doctrines. Les prélats y furent toujours une petite minorité, au plus une centaine, généralement une vingtaine contre cinq ou six cents docteirrs, et une minorité annihilée. Dans les députations où s’élaboraient les décrets à la majorité des sufTrages, la voix des clercs inférieurs valait exactement la leur (le cardinal d’Arles, Louis Aleman, fera en i’|3y la théorie explicite et l’apologie de cette égalité), et aux sessions solennelles on votait non point par ordre ou par tête, mais par députations. Le seul souci de cette plèbe ecclésiastique, souci fatal aux grands intérêts pour lesquels on était réuni (réforme, union des Grecs, croisade hussile), fut l’exaltation ou du moins la sauvegarde de la supériorité conciliaire : Sed et communis disceptatio, écrit Jean dk Séoovie, historien du concile et l’un de ses derniers lidèles, cntholicum fideni concernens, iinirersalis atque militas inclinlens particiilares, ah initia synodi fuit continue permanent in ea semper iisque ad finem, i-idelicet Je materia siiperioritatis respecta concilii et papæ (Mon. Concil., III. 696). Eugène IV, qui mena la lutte contre les gens de Bàle avec un mélange déplorable d’àpreté et de concessions toujours trop tardives, céda sur bien des points, jamais sur celui-là. Il reconnut, comme le dit un texte imposé parles Pères de Bàle et qu’il ne signa pas sans le uiodilier, Véminence des conciles, mais non pas leur viv.éminence. Toute l’hétérodoxie des Bàlois tient dans ce préfixe rajé par le pape.

L’accord ménagé à Florence entre les deux Eglises

occidentale et oricntale(ci-des60us, IV) sur la prérogative de Pierre cl, plus encore, les excès des clercs de Bàle, créant un schisme et f.iisant d’AMÉDÉE i>e Savoie un antipape (Félix V) discréditèrent la doctrine conciliaire. Les princes, disait aux envoyés de Bàle en ili^x") l’ambassadeur de Charles VII, Jacques Juvic-NAL DES Ursins ont tous « cu detcslacion, l’apiiellacion et le nom de concile, pour les inconvénieus qui en estoient advenuz au concile de Basie ». Le successeur d’Eugène IV, Nicolas V crut pouvoir laisser aux débris d’un syno<le abandonné de tous, la consolation de rentrer dans l’Eglise sans rien rétracter de leurs allirmalions ni de leurs actes : Félix V abdiqua, le cardinal Alcman et ses derniers adeptes réfugiés à Lausanne élurent Nicolas V lui-même et décrétèrent la dissolution du concile. Jean de Ségovie put louer la Providence d’avoir tout conduit pour que les décrets du saint concile de Bàle n’aient pas soulVert d’atteinte (cf. Noël Valols, Le pape et le Concile, Paris, igog, 2 vol.).

<^ette équivoque, tolérée pour le bien de la paix, liermit au gallicanisme de survivre. Depuis le concile de Constance, l’Université de Paris frappait toutes les thèses contraires aux décrets de i ! b. En mars 142g, le dominicain Jean Sakr.^zin ayant avancé dans ses vespéries que « seule l’autorité du pape donne force aux décisions conciliaires ; que le pape ne peut être simoniaque ; que, toute autorité dérivant de lui, aucune ne peut agir contre lui » dut se rétracter à l’évêchéet devant la Faculté ; de même, en illfi, l’augustin Nicol.vs Martin, qui faisait dériver du Christ aux cvèques immédiatement le pouvoir d’ordre et médialcmcnt seulement (par le pape) le pouvoir de juridiction. L’Aima mater semble avoir pris sous sa spéciale protection la thèse contradicloire à cette seconde assertion. En 1^38, une bonne partie de notre clergé était allée plus loin : elle a> ait fait entrer la doctrine bàloise dans une constitution célèbre aussitôt érigée en loi d’Etat : la Pragmatique sanction de Bourges.

A l’issue du concile de Constance, Martin V avait conclu, non pas avec les princes, mais avec les clergés nationaux (avec le nôtre le 2 mai l.’|18), diverses conventions quinquennales qui faisaient partiellement droit aux plaintes fondées contre les empiétements de la curie en matière fiscale ou de juridiction gracieuse (collations) ou contentieuse (appels). Ces conventions ne satisfirent personne. Dès le mois de mars i^iS, le gouvernement armagnac avait déclaré qu’à l’égard même du pape incontesté la France gardait ses libertés : le pape de son côté ne cherchait qu’à reprendre ses prérogatives abandonnées. Les circonstances le favorisèrent. L’atroce révolution qui renversa les Armagnacs, coupa la France en deux et en livra la moitié aux.

glo-bourguignons, permit

à Martin V de traiter, non pas avec le clergé, mais avec des princes que leur politique rendait accommodants. Dans la France anglaise, malgré l’Université c|ui trouvait trop large la part de collations laissée aux ordinaires, et le Parlement qui l’estimait trop réduite, le régenl Bedford imposa l’acceptation du concordat de Constance, puis celle des conventions de 1426, plus favorables encore au pape. Acceptation n’est pas observation : les Anglais, si jaloux chez eux de leur autonomie, laissaient taxer et pourvoir par le pape nos églises ruinées, à condition que le pontife plaçât sur les sièges français des prélats complaisants pour les envahisseurs.

Le Dauphin, bientôt Charles VII, entendait au contraire réserver à ses fidèles les bénéfices de France, et empêcher l’or français de sortir du roj’auine. Il demaïuia d’abord des modifications au Concordat de Constance, puis rétablit, sans plus, l’or-