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GALLICANISMR

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1232, GKKGOinK IXinsliluc rimiuisileur, jiijje dék-jjiu|K-niianeiU [>ar l((|iiel l’autorilé ponlilitalc, dans le diocèse « If révéi|iie, frappe directement ses diocésains suspects d’Iiérésie. En laS^. le uiênie pape transmet aux Universités de Bolojfiie et de Paris la eoUeclitm des /iéc/é/ « /es(Spoléte, 5septenil)re) : Voleiites… ut hue tanliiiii cumpilalione uniKCrsi uluntur in judiciis et III scliolis. Le code de la calliolicité lui est imposé par le pape seul. Quand Alexanduk 1’fera entrer de force les mendiants dans le Stiiiliiini parisien, la lutte sera chaude ; mais toujours les universitaires protesteront de leur soumission au S.-Siège et ils obéiront.

La seconde moitié du xiii’siècle est du reste le temps des papes français : Ukbai.n IV, Cli’j.ment IV, I.NNor.KNT V, Mautin IV. Le premier fit entrer dans le Sacré CoUèffe autant de ses compatriotes qu’il y avait d’italiens (sept). Alors s’inauyura cette es[>èce de gallicanisme (si on peut ainsi le nommer) qui triomphera aux. jours d’Avignon, « tendance, dit M. N’oiiL Valois, non pas à écarter la papauté |ou à diminuer son pouvoir], mais au contraire à l’attirer rt jusqu’à létoulTer dans nos bras. » (/.a France et le grand Schisme. II, /i^g.)

|M. D. ; i

Cependant, dès cette épotpie aussi, s’annoncent les abus et les mécontentenunts qui amèneront un con(lit durable entre l’Eglise gallicane et l’Eglise de Rome. La fiscalité pontificale, obligée de faire face aux charges des croisades et aux déveloi)i)ements croissauts de l’administration romaine, s’appesantissait sur les églises locales. L’ingérence pontificale s’étendait de jdus en plus en matière bénéliciale. Dès lai’ ; , le clergé proteste contre le nombre excessif des collations papales. En i-ibû, S. Louis fait des observations à la Curie sur l’augmentation exagérée de ses taxes {Arch. Aal., K. 32). En 1-262, quand Urbain IV demande un subside pour entrer en lutte contre Michel Paléologue, l’archevêque de Tours, dans une assemblée épiscopale, déclare les impôts pontilicaux si onéreux qu’on ne peut plus payer. Les archevêques de Reims, Bourges et Sens, les évêquesde Màcon et d’.utun, absents de la réunion, réitèrent les mêmes plaintes dans une lettre collecli^e adressée au souverain pontife. Le pape cependant, dès l’année suivante, demande pour cinq ans un centième du revenu ecclésiastique, requête motivée par la guerre contre les.Sarrasins. L’Eglise de France refuse d’abord. Les |irogrésdu sultan et l’insistance de S. Louis fléchissent le Clergé qui l’accorde (novembre 1203). non en lertu des ordres apostoliques, mais comme don folonlriire. .près la mort d’Urbain IV, Clk.mhnt IV eut quelque peine à percevoir le reliquat de ce centième. Trois ans après, lui-même réclame un (/éc// » e. Toute la province de Reims proteste, prête à braver les censures pour faire cesser l’abus (Raynaldi, ann. 126^, 5j-5y). En 12^4. fil concile de Lyon, dans un mémoire fameux, notre clergé se plaint avec acrimonie de l’avidité romaine. Le synode reconnait les abus, et s’attache à réprimer les excès des collecteurs. Les mêmes préoccupations modératrices inspirent ses décrets contre les appels frivoles et sa désapprobation des trop fréquentes interventions pontificales au détriment des collateurs naturels des bénéfices… Mais la machine était lancée, des catastrophes seules pourront l’arrêter : en France, de 1296 à 1301, sur seize vacances épiscoi)ales, il n’y eut qu’une seule élection. Cf. U.-X. AKc^uiM.iKnE, I.’EidlulioH du gallicanisme sous Philippe le liel (en préparation). Les doléances s’élèveront vainement pendant tout le xiv’siècle : le système administratif et fiscal de la pajyauté était trop intimement lié à l’inlluence et au ministère pastoral

du souverain pontife pour que celui-ci put y renoncer sans y être contraint par des résistances insurmontables.

[II.-X. A.]

c) Les temps d Avignon et du Schisme

1) On dit souvent que les doctrines du gallicanisme ecclésiastique apparurent à l’occasion de la querelle de BoMKACE Vlli et de Puilutb i.i : 15el : le dominicain Jban de Paris passe pour avoir prononcé alors la formule : Conciliiiiit mnjus est papa sulo. Si la chose est vraie, Jean de Paris, sans être un isolé, ne rei)résente pas ro|>iMion moyenne île notre clergé. C’est au pape IJoniface que s’adressent r.irchevèque de Reims, Pieure Baruet, et lesévcquesct abbés de sa province pour le prier de retirer la bulle Clericis laicos, au pape aussi que nos prélats demandent de ne point conférer de bénéfices à des étrangers non résidents. L’assemblée même du Louvre (ij juin 1303), où 21 prélats adhérèrent, avec les légistes et les barons, à l’appel au Concile de Nog.vret et de Plaisun, entoura cette adhésion de tant de réserves <iue la prérogative pontificale semble n’avoir pas été mise en cause (IIefele, Cunciliciigeschichle, VI, 23yS).L’appelqu’acccpte notre Egliseest, au fond, ra[)pel même desCoLONNA(1297-12y8) : jiour eux Bonifacc n’est qu’un intrus, parce queCéleslinV n’avait pas le droit d’abdiquer ; depuis la mort de celui-ci (1296), l’Eglise n’ai)lus de chef, il faut un concile pour remédier à ce mal. Les légistes français ajoutent à la thèse des Colonna une considératioij qui n’est pas plus gallicane que la précédente : Bonifaceest notoirement hérétique ; si jamais il a été pape, il a dimc cessé de l’être (cf. H. X. ARQriLLiiaiK, Lappel au concile sous Philippe le Ilel et la genèse des théories conciliaires. Ii’eviie des Quesi. Iiistorir/iies, 1911, LXX.XIX, p. 23-55). Vieille doctrine, très propre à engendrer la thèse de la supériorité du concile sur le pape, mais qui n’est pas gallicane : antérieure même au cas d’HoNORRS, explicitement ])rofessée par Hadrien II. InnocentIII et Innocent IV, admise dans le Décret de Ghatien, reprise par Clément V, Paul IV, Hadrien VI, etc., défendue [larCAjÉTAN et Bellarmin, déclarée doctrinu communi.-siina i)arToLFT, la théorie du pa])e (ilocteur [irivé) hérétique notoire, exclu de l’Eglise cl déchu ipso facto ou après sentence déclarative du concile, peut être encore aujourd’hui librement enseignée. Le gallicanisme ecclésiastique devait naître seulement au cours du xiv siècle, du besoin d’une réforme in capite et in memhris, des théories ])hilosopliiques introduites à l’Université de Paris, du scandale du grand Schisme.

Cf. R. ScHOLZ, Die Puhlizistik zur Zeit Philipps des Sckonen, Stuttgart, igo3, p. 208 sq.

|H.-X. A. et M. D.]

2) C’est à Cli’ment V « lue Guillaume Durand II, évêque de Mende (neveu du Si>éculateur), adresse son Œ modo concilii generalis celebrandi, qu’il aurait mieux nommé De reformiitione Ecclesiæ in capite et in memhris. Sous prétexte de revenir à l’antiquité, l’évêque de Mende propose de bouleverser de fond en comble la constitution ecclésiastique. C’est un épiscopalien. Le bien de l’Eglise et de l’Etal exigent la limitation du pouvoir papal et sa soumission aux canons. Il faut relever le pouvoir des évêques que les fonctionnaires pontificaux traitent aujourd’hui lie si haut, et qui sont i)ourtant successeurs de ces Apôtres qui pareiii cuui Pctro honorent et polesluleni acceperunt a Deo (yinv^ III, fit. 37). Dans son diocèse, l’évêque doit être maître absolu, avoir la cura pecuniarum comme la cura aniinarum, sans qu’il y ait de