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GALLICANISME

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nirmcs, l’empereur intervient afin (l’eiiipêcher les éviiiues de se servir des troupes impériales pour opprimer les lidèles et oblige les magistrats à prêter main-forte au pape, si le pape cite les prélats à son tribunal. L’intervention du représentant d’un empire déjà démembré serait une cause bien minime pour un effet aussi considérable que la création de la monarchie de révê((ue de Rome : la monarcliie romaine préexistait au décret de 44-^. et le monde barbare, quis’arradiait à la domination impériale, allait reconnaître, des qu’il se ferait catholique, la primauté pontificale.

/() l.’lCgUse après les invasions liaihares

Sur ce fait pourtant tout le monde n’est point d’accord. « La société chrétienne, a écrit en effet FusTBi. DB CouLANGBS (Monarchie fianque, a’édit., Paris, igoS, p. 522), était une confédération de cités épiscopales… La monarchieétait dans chaque diocèse. Là l’cvcque commandait à tous, et lui-même n’avait à obéir à personne… / ?ome ara(7 une prééminence, non un poiuiiir. u De cette théorie, M. P. VioLLETa dit rudement (Histoire des institutions, e/c., i, p. 341) qu’elle ne supporte pas le contact des documents. Elle est cependant professée par Haick (Kircliengeschiclite Deiilschlands, III, pp. 391-392) au moins pour la période qui s’étend entre la disparition du personnel gallo-romain et les missions anglo-saxonnes du VII siècle ; par Hixschics, par Lobnixg (attentif surtout au rôle du roi, qui seul autorise les rares interventions papales ; Geschichte des deutsclien A’irclienreclits, Strasbourg, 1878, II, 71), par M. F. Lot enfin : il nie que jusqu’à l’apparition des Fausses nécrétules, vers 850, le pape ait eu dans l’Eglise franque aucune autorité judiciaire ou disciplinaire (Etudes sur le règne de Hugues Capet, Paris, 1908, p. 138).

En réalité, la doctrine des prélats francs ou soumis aux rois barbares est celle qu’ils ont reçue des évêqucs gallo-romains : en cette lin du v" et ce début du xi" siècle, elle était très romaine. S. Avit, évêque de Vienne (de ^Qoà âig), ami des rois burgondes et correspondant de Clovis, prêche jusqu’en Orient le devoir de l’union à Rome (lettre à Jean de Cappadocc, P. /.., LXIX, 227), il proteste au nom des évéqucs gaulois empêchés d’aller à Rome ou de se réunir en sj’uodc national, contre l’assemblée qui osa siéger (mais ne jugea pas) dans la cause dupapeSymmaque (ilnd., 248) ; il assure le pape Hormisdas de la dévotion à son égard des cvêques de la Viennoise et de toute la Gaule (ilnd., 290). Un peu plus tard, Cksairk ii’.uLEs « un des fondateurs de l’Eglise de France < (P. Lejay, Dict.de Théologie de Vacant, art. Césaire) est le vicaire du pape. Malgré un heurt assez violent avec.gapit qui a réformé la sentence gauloise contre Contumeliosus de Riez pourtant confirmée déjà et aggravée par le pape Jean II, son prédécesseur, Césaire est un excellent témoin de la dévotion de notre Eglise à l’égard de Rome ; au concile de Vaison, en 629, il fait introduire dans l’ollice gallican le nom du pontife romain. Dans les conciles inspirés jiar le vicaire du pape, dans sesrecueils canoniques et danssessermons, l’épiscopat franc postérieur apprendra tout ce qu’il saura de science sacrée. Voilà pour la théorie et voici pour la pratique. A l’heure même où les conciles francs (l’organe autonome, dit-<m, du gouvernement ecclésiastique national, cf. FrsTEL DE CocLANGEs, loc. cit.) paraissent légiférer en pleine indépendance, ils tiennent toujours à renforcer leurs prescriptions en les appujant sur les décretsdu Siège apostolique(vg. Orléans, 538, can. 3 ; II Tours, 567, con. 21, etc., etc.). Le malheur des temps rend parfois les communications impossibles entre Rome et la Gaule (après la conquête de la Provence par les AVisigoths, le pape Gi.lase (, ^92-490)

doit attendre deux ans l’occasion de deux quêteurs gaulois venus à Rome, pour pouvoir notifier son élection à l’cvêquc d’Arles), néanmoins les interventions romaines sont relativement fréquentes, et elles présentent le même caractère qu’avant les invasions (cf. H. Grisar, Analecta romana, Rome 189g, I, pp. 333-384. Mgr. Vaks. l’niversité catholique de I.ouvain. Séminaire historique, //apport, etc., 1903- 1904, ])p. 38-50, et dans/fe17(e d’histoire ecclésiastique, VI, igo5, pp. 537-666 ; 765-784 : la Papauté et l’Eglise franque n l’époque de Grégoire le Grand, 6go-604). Voici quelques exemples plus significatifs, empruntés en grande partie à l’époque où le personnel galloromain a disparu, où la « nationalisation de l’Eglise franque atteint son apogée », où toutes les régions de la Gaule, y compris la Provence, sont conquises parles rois mérovingiens. En 538, ïhhodebert soumet à Rome un cas tranché par le concile national de 535. Vers 540, Liîon de Sens prévoit le cas d’un jugement du pape relatif à la création d’un évêchéà Melun. En 545, Auxanius d’Arles consulte Rome sur une ordination, il est vicaire du pape pour tout

« l’empire » de Childcbcrt, de même ses successeurs

Aurélicn et Sapaudus. Il faut voir avec quelle vivacité le pape Pklage défend contre le roi la juridiction supérieure de son mandataire. Pourtant Pelage est ce pape, promu par Justinien et suspect d’avoir acheté son élévation par une prévarication doctrinale, qui consentit à rassurer le roi Childebert et l’Eglise franque en leur envoyant à plusieurs reprises sa jirofession de foi purement chalcédonienne. En 667, appel célèbre de Salonus d’Embrun et de Sagittahius i>e Gap contre la sentence conciliaire qui les a déposés ; puis, de 5go à Go4, les interventions si variées de S. Grùgoire lb Grand : qu’il s’agisse d’instruire les é^cqucs francs sur la conduite à tenir à l’égard des Juifs, ou d’un collcgvie vertueux, mais de raison vacillante, de gourmander leur négligence, ou de défendre leurs inférieurs tyrannisés, de combattre la simonie, de concéder au monastère de la nonc Respecta l’exemption de l’autorité épiscopalc, ou de prescrire la tenue de conciles annuels, le pape manifeste la pleine conscience d’une autorité incontestée. Au vu" siècle, après S. Columban, l’Eglise franque est gouvernée par les disciples des moines Scots, tout dévoués à Rome. La fin de ce siècle et les débuts du viii « , périodes d’extrême désordre, n’ont pas laissé de souvenir sur l’action romaine en France ; au reste les conciles dis])araissent aussi ; après ceux de Langoiran, Saint-Jean-de-Losne et.utun (670-GSu), le silence se fait sur cet organisme de notre Eglise nationale : quand, vers 740, il réparait avec le concile bavarois, le délégué du pape qui a réuni cette assemblée, S. Bonhace, écrit au souverain pontife :

« Depuis quatre-vingts ans, disent les Francs, ils

n’ont pas vu de conciles. »

c) L’Eglise sous les Carolingiens

1) L’Eglise carolingienne fut réorganisée par BoNi-FACB sous les auspices de princes sacrés par les papes. Cependant — à partla collation du pallinm aux archevêques (insigne d’une puissance nouvelle créée par Rome et qui faisait de l’ancien métropolitain, jusqu’alors simple président d’un concile d’égaux, le supérieur de ses sulTragants, à charge de jurer obéissance aux conciles et aux décrétales pontificales), à part de rares interventions dans les dépositions épiscopales, à part la réserve de certains péchés que la coutume commence à déférer au pape, à part l’octroi de dispenses extraordinaires, par exemple celle de la résidence accordée aux évêques .Vngilram et Hildebold, archicliapclains du roi —