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APOCRYPHES

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Philopator contre les Juifs d’Egj’pte ; ce prince, après sa victoire sur Antiochus le Grand, voulut entrer dans le sanctuaire du temple de Jérusalem. Il en fut empêché, et une puissance invisible le renversa à terre sans qu’il pût renmer. Poiu- se venger, il voulut obliger les Juifs à offrir de l’encens aux idoles ; il condamna ceux qui refusèrent à être foulés aux pieds par les éléphants dans l’amphithéâtre ; mais les éléphants tournèrent leur fureur contre les seuls amis du roi. La date de composition de ce livi-e est incertaine : quelques-uns la placent au premier siècle avant notre ère. — Le IV' livre, intitulé souvent <( Sur l’empire de la raison », est conservé pai-mi les œuvres de Josèphe, dans quelques anciens manuscrits grecs de la Bible et dans une Acrsion syriaque. C’est à tort <Iu’on l’a attriluié à l’historien Josèphe. Il comprend des considérations théoriques sur la puissance de la raison, qiii l’emporte sur les instincts et les penchants, et des exemples empruntés à l’histoire juive pour illustrer la thèse spéculative. Ces exemples sont l’histoire d’Onias (II Macch., m), le martyre d’Eléazar (II Macch., VI, 18-31), et le martyre des sept frères (II Macch., vu). Cf. E. Kautzsch, Die Apocr. und Pseudepigr, des A. T., Tubingue, 1900, t. II, p. 149-17 ;. D’autres recensions suppriment les considérations philosophiques du commencement, débutent par l’histoire d’Onias et d’Héliodore et ajoutent à la lin un résumé de l’histoire juive, des Macchabées à Hérode. Cf. Migne, Dict. des Apocr., I, col. ^45-850. Le texte grec des livres III et IV est conservé dans de nombreux manuscrits grecs dont cinq à Paris seulement (1, 10, Coislin 4. 18, suppl. 609). Citons surtout les manuscrits Sinaïticus (du iv' siècle) et Alexandrinus (du v' siècle) dont on possède maintenant des facsimilé. On les trouve donc reproduits (surtout le Ii"re III) dans de nombreuses éditions : citons Swete, Tlie old Test, in greek, t. III, p. 709-762, Cambridge, 18g4. La version syriaque du livre IV traduite et publiée par Ceriani. Moniim. sacra et prof., II et V, a été rééditée par Barnes, The fourth Book of Maccabees and kindred documents in syriac, Cambridge, 1896. La Bible hexa plaire sja’iaque contient un cin([uième livre des Macchabées qui n’est autre que le VI' livre du De bello jndaico de Josèphe.

C. Livres SAPiEXTiAUx ET PROPHÉTIQUES. I. Psaumes apocryphes ; 2. La sagesse d’Ahikar ; 3. /^ascension d’Isaïe ; 4. Les Paralipomena Jeremiæ prophetæ ; 5. L’apocalypse et la lettre de Baruch ; 6. L’histoire des Réchahites ; 7. Les Vitæ prophetarum du pseudoEpiphane.

I. — Psaumes apocryphes. Dix-huit psaumes conscr es en grec dans les niss. de la Bible sont attribués à Salomon. Ils imitent la facture des psaumes de David ; on a cru y reconnaître des allusions aux Mac( habées, à la prise de Jérusalem par Pompée, et on a donc placé leur composition au premier siècle avant notre ère. Ils ont peut-être été composés en hébreu

< t nous donnent une idée des préoccui)ations des Pharisiens et des idées messianiques à cette époque.

Ces psaumes ont eu de nombreuses éditions depuis 1626, enfin Swete les a publiés d’après les plus an < iens mss. grecs, dans The Old Testament in greek, m, Cambridge. 1894, p. 765-787. Voir une traduction allemande dans E. Kautzsch, Die apocr. und pseudep., II, p. 130-148, etunctrad. française dans Migne. Dict. des Apocr., I, col. 989-956. — Signalons encore le psaume cli qui se trouve à la suite des Psaumes de David dans les mss. grecs de la Bible, quatre autres psaumes apocryphes conservés en syriaque et édités par Wright, Society of bihl. ArchæoL, t. IX (1887) 1>. 207-266 ; des prétendues lettres de Salomon aux rois d’Egypte et de Sidon reproduites par Eusèbe

dans sa Prépar. Evang.,. IX, et un testament de Salomon à son fils Roboam, consei-vé en grec et en syriaque.

2. — LListoire et sagesse d’Ahikar l’Assyrien. Ahikar, chancelier de Sennachérib et de Sarhédom, n’ayant pas d’enfant, adopte son neveu Xadan et lui adresse une série de sages maximes « pour lui enseigner la sagesse. » Xadan, pour avoir son héi-itage, l’accuse à tort de conspirer avec les rois étrangers et le fait condamner à mort. L’exécuteur l'épargne, et il rentre en grâce parce qu’il est seul capable de résoudre les énigmes que le roi d’Egypte propose à Sarhédom (Asarhaddou). A son retour d’Egypte, le roi lui donne tout pouvoir sur Xadan ; il lui adresse une suite de comparaisons destinées à mettre son ingratitude en relief, après quoi Xadan meurt. Cette histoire se trouve résumée dans les versions grecques du livre de Tobie ; on n’y trouve qu’une seule allusion dans la Vulgate, XI, 20, où Ahikar et Xadan sont devenus Achior et Xal^ath. Strabon et Clément d’Alexandrie connaissaient Ahikar ; d’après ce dernier, Démocrite (v* siècle av. J.-C.) a connu en Assyrie les maximes d’Ahikar et les a traduites en grec sous son nom. D’ailleurs, plusieurs comparaisons d’Ahikar sont apparentées à des fables d’Esope et de Loqnian, et si l’on ne peut établir de dépendance bien claire entre Ahikar et Esope, il semble du moins que Loqman a été créé sur le modèle d’Ahikar plus encore que d’Esope. Xous trouvons donc là une histoire qui a influé sur le livre de Tobie, des maximes qui ont influé sur celles de l’Ecclésiastique et sur la littérature gnomique grecque depuis Démocrite, enfin des comparaisons qui scndjlent un des plus anciens recueils de fables et qui ont influencé la littérature talmudique. Toute l’histoire d’Ahikar est présentée ellemême sous forme de conte dans certaines éditions des Mille et une nuits. La rédaction, conservée dans des mss. modernes qui présentent de grandes difïérences, ne permet pas de reconstituer avec granae certitude la rédaction primitive dont elles dérivent, et encore moins l’histoire ou la légende qui a inspiré cette rédaction primitive. Il semble qu’on peut admettre l’existence, dès le sixième siècle avant notre ère, d’une histoire et de maximes d’Ahikar. Démocrite aurait connu ces maximes au siècle suivant. L’ne rédaction araméenne fut faite par un auteur juif ou païen vers le iv' siècle ; elle fut traduite en syriaque, avec plus ou moins de modifications au commencement de notre ère, et du syriaque scnd)lent procéder l’arabe, l'éthiopien, le slave, l’arnuMiien. le roumain et le fragment grec inséré dans la vie d’Esope.

L^ditions et traductions : Yoh' surtout The story of Ahikar, Londres et Caml)ridge 1898, qui contient les textes arabe, syriaque, arménien, grec, avec leur traduction et la traduction anglaise du slave et de l'éthiopien. On trouvera tout renseignement sur Ahikar et la littérature correspondante dans F. Xau, Llistoire d’Ahikar l’assyrien, introduction et traduction de la version syriaqiu' avec les principales dilférences des autres versions, Paris. 1908.

3. — L’Ascension d’Isaïe. La première part ie(ch. là v) raconte, à la manière des livres caiu>niques, la On du règne d’Ezécliias, le règne de Manassé, et le martyre d Isaïc scié avec une scie de bois. La seconde partie est le récit d’une vision d’Isaïe, la vingtième année d’Ezécliias : il fut transporté jusqu’au septième ciel, il vit la descente du Seigneur jusqu’au monde inférieur, et prédit la naissance du (Christ d’une vierge à Xazareth. L’ouvrage a été connu par les premiers Pères de l’Eglise. Il est probable que la vision d’Isaïe (c’est à proprement i)arler : l’ascension d’Isaïe), ([ui est certainement d’origine chrétienne, doit être placée au second siècle de notre ère, tandis que la première