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1785

ÉVOLUTION CREATRICE

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sous nos yeux. On peut supposer que le principal motif qui le détermina à préposer un seul pasteur à la direction de chaque troupeau, gouverné jusque-là par un collèj^e de prêtres, fut le besoin dune plus grande unité. Ayant sous les yeux des églises gouvernées par des évêques, et d’autres dirigées par ua corps presbytéral, il a pu apprécier les effets des deux régimes, etil a jugé que l’institution d un évêque dans chaque ville était la meilleure sauvegarde de l’orthodoxie et de l’union.

Il fallut dès lors désigner le pasteur en chef par un titre propre. Comme les prêtres étaient appelés de deux noms, dont un surtout servait à exprimer leur qualité de recteurs des églises, on lui réserva celui-ci pour exprimer le mieux sa supérioi-ité et sa fonction ; il devint s £7 : (7>'.ir ;  ; , Véi’êque.

En résumé, les documents de la primitive Eglise prouvent que les Apôtres ont institué la dignité hiérarchique supérieure connue plus tard sous le nom d’épiscopat, en élevant certains disciples à la plénitude de l’Ordre et en leur communiquant, soit immédiatement soit avant de mourir, le pouvoir de juridiction ou la mission divine dont ils étaient dépositaires. D’entre ces évêques, les uns fondaient et organisaient de nouvelles églises exactement comme les Apôtres ; les autres, coopérateurs et suivants de quelcjue Apôtre, étaient appelés à recueillir sa succession comme évêques régionnaires ; d’autres encore étaient promus à un siège épiscopal et établis comme pasteurs à la tête d’une église particulière. Les évêques sont donc institués pour continuer la mission et les pouvoirs dont Jésus-Christ, en vertu de sa puissance divine, avait investi le collège apostolique. Ils sont les successeurs des Apôtres.

Bibliographie. — Les histoires des Origines chrétiennes et de l’Eglise primitive, les commentaires de la littérature chrétienne primitive, les traités sur l’Eglise, les dictionnaires de théologie donnent des aperçus de cette cpiestion.

On trouvera une abondante bibliographiedu sujet juscpi’en l’an 1900 dans ma dissertation sur « L’origine de Vépiscopat », Louvain, 1900, aux pages xi-XIII, 128-141- Nous citons ici les principaux ouvrages, en y ajoutant d’autres qui ont paru depuis.

Catholiques : Batii-kol, L Eglise naissante : III, Les institutions hiérarchiques de VEglise, dans la Revue biblique, t. IV, Paris, 1890 ; Bruuers, Die Yerfassung der Kirche von den ersten Jahrzehnten der apostolischen Wirksanikeit an bis zum Jahre 175 n. Chr. Mainz, ujoS ; de Smedt, L’organisation des églises chrétiennes jusqu’au milieu du m’siècle. dans la Revue des questions historiques, t. XLIV et L, Paris, 1888, 1891 ; Doelli.nger, Christenthuni und Kirche in der Zeit der Grundlegung, Regensburg, 1860 ; DoL’Ais, Origines de l’épiscopat (dans les Mélanges de littérature et d’histoire religieuses, t. I, Paris, 1899) ; Dl’chesxe, Le Liber ponti/icalis, t. I, Paris 1 88(1 (pour la liste des évêques de Home) ; von Dumn-Borkowski, JJie neueren Forschutigen liber die Anfunge des Episkopats, Freiburg i. 13r., 1900, et des articles sur les principaux te.xtes et la méthode dans /.eitsclir. f. kuth. Théologie, 19081QoS ; GoBET, J)e l’origine divine de l’épiscopat, thèse de doctorat. Fribourg en Suisse, 1898 ; Mer-TENs, De Hiérarchie in de eerste eeu » - des Christendoins, Amsterdam, 1908 ; Petavius, Opus de theologicis dogmatibus : t. VIII, Dissertationum ecclesiasticaruin libri duo, et De ecclesiastica hierarchia, Barri-ducis, 18 ;  ; o.

Non catlioliques : B.rR, l’cbrr den Ursprung des Espicopats in der christlichen Kirche, Tiibingen, 1883 ; BiNoiiAM, Origines sive antiquitates ecclesias ticae, ex lingua anglicana in latinam vertit Grischovius, t, I, Halae, 1724 ; Falco.ner, From Apostle to Priest : a study of early Church organisation. Edinburgh, 1900 ; Gore, The Ministry of’the Christian Church^ London, 1889 ; Harnack, Geschichte der allchristUchen L^iteratur bis Eusebius : Chronologie, I, Leipzig, 189^ (pour les listes épiscopales de Rome, Antioche, Alexandrie et Jérusalem) et Lehre der zwblf Apostel, nebst L’ntersuchungen zur dlteste Geschichte der Kirchenverfassung und des Kirchenrechts (Texte und Untersuchungen zur Geschichte der Altchristlichen Literatur herausgegeben von Gebhardf u. Harnack, II, i, 2), Leipzig, 1884 ; Hatch, GescUschaflsverfassung der christl. Kirchen iin Altertum, iibersetzung von Harnack, Giessen, 1883 ; Leciiler, Dus apostolische und das nachapostolische Zeitalter, 3<= Aufl. Karlsruhe u. Leipzig, 1885 ; Liguti-oot, St Pauls epistle to the Philippians, Diss. I : The Christian ministry, London, 1896, et The Apostolic L-’athers : Part. I. S. Clément of Rome, 2 vol., London, 1890 ; Part. IL. S. fgnatius ; S. Polycarp, 2^ éd., 3 vol., London, 1889 ; LixDSAY, Church and the ministry in the early centuries, London, 1902 ; Lônixg, Die Gemeindeverfassung des i’rchrislenthums, Halle, 1889 ; PearsoN, Vindiciæ Lgnatianae, éd. Migne, L’atrologia græca, t. III ; Réville (J.), Les Origines de l’épiscopat, étude sur la formation du gouvernement ecclésiastique au sein de l’Eglise chrétienne dans l’empire romain, i "^ partie, Paris, 1894 ; Rothe, Die Anfcinge der christlichen Kirche und ihrer Verfassung, I. Wittenberg, 1887 ; Sohm, Kirchenreclit : /, Die geschichtlichen Grundlagen, Leipzig, 1892 ; Weizsæcker, Das Apostolische Zeitalter der Christlichen Kirche, 2’Aufl. Freiburg i. B., 1892 ; Zaiix, L^orschungen zur Geschichte des neutestamentlichen Kanons und der altkirchlichen Literatur, t. iii, Erlangen, 1884.

A. MicniELS.

ÉVOLUTION BIOLOGIQUE. — Voir Transfor MIS.ME.


ÉVOLUTION CRÉATRICE. —
I. Origine du système. — II. Le courant de la vie. — III. Matière et intelligence dans leur connexion avec la vie et l’esprit.

L’évolution créatrice a pris naissance durant les premières années de ce siècle ; elle doit le jour à une réaction contre les systèmes qui, pour expliquer dans le monde la succession des êtres et leur développement, se contentent d’invoquer les lois de la mécanique, ou les rencontres du hasard, voulant que le temps se borne à dérouler ce qui était implicitement contenu dans les premières données. A cette doctrine du « tout donné », la i)iiilosophie que nous esquissons dans cet article, oi)i)ose une évolution qui progresse dans le nouveau, dans l’imprévisible, l’irréductible aux éléments antécédents, et ainsi, d’une certaine manière, en créant : d’où son nom.

M. Henri Bergso.n. professeur au Collège de France, est le représentant le plus accrédité de cette philosophie, comme aussi le plus original. C’est son livre l’Evolution créatrice (Paris, Alcan. 1907) qui dirigera la rapide exposition que nous ferons du système, puis nos critiques.

l. Pourquoi un nouveau système ?—

En biologie, nous dit-on, il y a lieu de s’écarter des sentiers jusque là suivis, parce que les diverses écoles ont abordé la question sans donner à la durée qui s’écoule son véritable rôle, tel que ce rôle se révèle