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ÉVEQUES

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en prenant pour base la chronologie des empereurs.

« En la huitième année du règne de Néron, Anianus, 

le premier après Marc l’évangéliste, fut investi de la fonction (d’évêque) d’Alexandrie » (II E., II, xxiv) ; et ainsi de suite.

Pas plus que les Apôtres à Rome, Marc le fondateur n’est compris dans la série des évêques d’Alexandrie.

Au jugement des critiques, c’est à la Chronique de Jules l’Africain qu’Eusèbe a emprunté le catalogue. Ne devrait-on peut-être pas remonter aussi à Hégésippe et au pontiGcal d’Eleuthère ?

On ne peut contrôler l’exactitude de la liste par ailleurs, mais rien non plus ne vient en inflrmer la valeur.

Beaucoup d’indices et de témoignages font croire que jusqu’au m’siècle Alexandrie fut le seul siège épiscopal de toute l’Egypte. On peut les trouver dans ma dissertation L’Origine de l’épiscopat, p. 34^ ss.

IV. JÉRUSALEM. — C’est cucorc à EusKBE que nous sommes redevables de la conservation du catalogue épiscopal de Jérusalem.

Dans cette église, on distingue une double période bien marquée : la période judéo-chrétienne et la période grecque. La première s’étend depuis le jour de la Pentecôte jusqu’à la dispersion de la nation juive sous l’empereur Hadrien, qui, en 135, défendit absolument à tout juif l’accès du territoire de Jérusalem.

Durant la période judéo-chrétienne, il y eut. depuis et y compris Jacques, une succession de quinze évêques ; durant la période ethnico-chrétienne on compte quinze évêques depuis le premier, Marc, jusqu’à Nacisse, qui prit part à la controverse pascale (//. E., IV, v ; V, XII).

A. Eglise judéo-chrétienne. — Jacques fut, nous l’avons vu plus haut, le fondateur du siège épiscopal de Jérusalem. Qu’il ait été du nombre des Douze Apôtres, comme nous le croyons, ou non, c’est sa qualité de « frère du Seigneur », en quelque sorte successeur du Messie, aux yeux des Juifs, qiii lui a valu une grande autorité sur son peuple et l’a désigné pour gouverner l’Eglise-mère. Il souffrit le martyre avant la guerre de Judée. L’histoire lui reconnut bientôt le titre d’évêque. Hkgésippk rapporte en effet que Syméon lui succéda comme évêque.

« Après le martyre de Jacques le Juste, qui souffrit

pour la même doctrine que le Seigneur (c’est-à-dire pour la messianité de Jésus), de nouveau le fils de son oncle, Syméon (ils de Clopas, fut établi évêque : tous le prirent parce qu’il était un second cousin du Seigneur (ou bien, tous le i>rirent comme second évêque en sa qualité de cousin du Seigneur) : Uy.’/iv 6 h.

éOvjro TTavrî ; àvs’iiiv iVra rîO Kjpt^’j Szjrsoyj. » (Eusèbe,

^. ^., IV, XXII, 4.)

Syméon à son tour est mort martyr, durant le règne de Trajan, sous Atticus, proconsul de Syrie, à l’âge avancé de cent vingt ans. Ainsi l’atteste Hégésippe, cité par Eusèbe (//. E., III, xxxii, 3, 6).

Le témoignage d’Hégésippe fait foi, car il est entouré des garanties nécessaires de science et de véracité. Peu distant des faits attestés, puisqu’il entreprit son voyage à travers le monde romain dès le milieu du n* siècle, enfant de cette église judéo-chrétienne dont ses écrits révèlent une connaissance si parfaite, il fut certainement le contemporain de bien des gens qui avaient connu Syméon, mort au u* siècle seulement. Dans ces conditions, il a pu s’assurer que Jacques et Syméon furent les deux premiers évêques de Jérusalem.

A la mort de Syméon, le siège épiscopal fut occupé par un certain Justus, de race juive comme ses pré décesseurs. Des milliers de circoncis se convertirent au Christ vers cette époque (Eusèbe, ILE.. III.xxxv).

L’historien Eusèbe a consacré un chapitre très intéressant à la liste des évêques judéo-chrétiens de Jérusalem. « Nulle part, écrit-il, je n’ai trouvé conservée par écrit la chronohjgie des évêques de Jérusalem. D’après l’histoire, /syi ; /vréy-i, leur vie fut en effet extrêmement courte. Tout ce que j’ai trouvé dans des documents écrits, c’est que, jusqu’à l’extermination des Juifs sous Hadrien, il y eut une série de quinze évêques dans cette ville. Hébreux d’origine, comme on le dit, j-^^iV, tous ont embrassé sincèrement la doctrine du Christ, si bien qu’au jugement des hommes compétents, ils furent trouvés dignes de la fonction épiscopale. Car ils eurent le gouvernement de l’église entière des fidèles de race juive depuis les Apôtres jusqu’à cette guerre dans laquelle les Juifs, se croyant de force à résister, se révoltèrent de nouveau contre les Romains, mais furent complètement écrasés. Comme il n’y eut plus depuis ce moment d’évêques de la circoncision, riiv-y.-scitouv ;  ; knzy.or’MJ. il est nécessaire d’en recenser le catalogue depuis le premier. Le premier donc est Jacques, appelé le frère du Seigneur ; son successeur Syméon est le second ; le troisième Juste, le quatrième Zachée, le cinquième Tobie, le sixième Benjamin, le septième Jean, le huitième Mathias, le neuvième Philippe, le dixième Sénèque, le onzième Juste, le douzième Lévi, le treizième Ephrès, le quatorzième Joseph, enfin le quinzième Jude. Tels sont les évêques de la ville de Jérusalem depuis les Apôtres jusqu’au temps indiqué : tous appartiennent à la circoncision, i< ttkvtî ; ic rsîtrv/v^ ;.). (//. E., IV, V.)

La liste épiscopale, avec ces courtes observations qui l’accompagnent, constitue un document de très grande valeur pour l’histoire primitive de l’église de Jérusalem. Ce n’est pas Eusèbe qui l’a dressée d’abord ; il l’a trouvée dans un écrit plus ancien, qu’il nomme simplement ï-/-/pv.j.v., sans en indiquer formellement ni la nature ni l’auteur : u’ : // py.-^wj T.’/.y.ur, -.y..

Ce terme désigne habituellement chez lui des livres ou écrits ; plusieurs indices font penser qu’Eusèbe ici encore a puisé dans les Mémoires d’Hégésippe.

B. Eglise grecque. — Au lendemain de la destruction de la nation juive par Hadrien en 135, de nouveaux habitants vinrent peupler Jérusalem, et une nouvelle église s’y forma, composée de chrétiens des nations, dont le premier évêque fut Marc (Eusèbe, //. E., IV, VI, 4). Eusèbe reproduit encore la liste des évêques de cette série et en compte quinze depuis Marc jusqu’à Narcisse vers 185 (fh., V, xii).

Cette succession épiscopale, « < rw « >i$t ôty.ô’ ; -/y.t Eusèbe l’a de nouveau vraisemblablement empruntée à Hégésippe, car elle finit aussi au pontificat d’Eleuthère et l’historien se plaint de ce qu’à partir de ce moment la durée des épiscopats n’a pas été conservée (Chronique, an 21g’ ; , ou 2201). Du reste les documents ne lui ont pas manqué : outre les Mémoires d’Hégésippe il cite les Chroniques de Jules l’Africain, de Jude, de Cassien, de (dénient d’Alexandrie, toutes rédigées vers l’an 200 (//. E., VI, vi, vii, xiii, xxxi).

Concluons. L’église de Jérusalem, comme celles de Rome, d’Antioche et d’Alexandrie fut gouvernée par un évêque depuis les temps apostoliques.

S IV. — L’épiscopat au ir siècle

I. Gni’iCK. — GoiuNTiiK. — Le document très ancien connu sous le nom de Seconde épilre de Clément aux Corinthiens, et qtii n’est qu’un sermon d’un genre particulier, à savoir une exhortation générale, rappelant les grandes vérités morales, qu’on lisait à CoHiNTiiE.le dimanche, après l’Ecriture Sainte,