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EVÊQUES

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Ainsi cette tradition savait que Jean était entouré

d’évcques. I.e sigle eps est mis pour episcopis ; quelques lignes plus loin il revient pour Pie, évêque de Rome. Pourquoi les évêques sont-ils nommés «. ses évêques. episcopissuis », sinon parceque Jean les avait institués. Qu’on ne nous oppose pas que certains détails du récit semblent légendaires, car il reste toujours vrai que, dès le ii’siècle, on se représentait S. Jean entouré d’un grand nombre d’évêques au moment où il composait son Evangile.

4. Clément d’Alexandrie nous fait connaître l’Apôtre S. Jean comme organisateur et créateur de sièges épiscopaux (Quis dii-es sah-etur, ^2 ; Eusèbe, //. /i., III, XXIII, 3-4) : « C’est une tradition au sujet de Jean l’Apôtre, dont le souvenir s’est conservé. Après la mort du tyran, il revint de l’île de Palmos à Ephèse. Quand on l’y invitait, il se rendait aussi dans les pays environnants, au milieu des Gentils, pour v établir des évêques, y fonder des églises, y recruter le clergé parmi ceux que l’Esprit-Saint désignait. Un jour, dans une ville peu distante dont on cite même le nom, il recommanda spécialement un jeune homme à Vés’éque chef de cette église… »

Le témoignage de Clément est de grande valeur, car cet écrivain était très versé dans la connaissance de la tradition. Voici en quels termes il professe, dans le premier livre des Stromates, son admiration et son estime pour les maîtres dont il avait reçu sa science théologique : « Parmi les hommes dont il me fut donné d’entendre les leçons, … un premier. Ionien, originaire de la Célésyrie, hal)itait la Grèce ; un autre, d’origine égyptienne, l’Italie ; deux autres étaient d’origine orientale, soit de l’Assyrie et du fond de la Palestine… Gardant le dépôt de la vraie doctrine et la tradition reçue directement des saints Aiiôtres, Pierre et Jacques, Jean et Paul, ils arrivèrent jusqu’à nous, avec l’aide de Dieu, pour nous transmettre cette semence traditionnelle et apostolique. « (Euskbe, //. ZT., V, XI.)

Si ces maîtres de Clément ont pu lui transmettre fidèlement la doctrine traditionnelle qu’ils gardaient avec un soin jaloux, il ne leur a pas été dillicile de l’instruire de l’organisation établie par les Apôtres. L’institution des évêques par S. Jean était un fait public dont le souvenir était très facile à conserver et dont, à cette époque, l’exactitude était aisée à contrôler. D’une part, Clément comptait parmi ses maîtres un Ionien de la Célésyrie, qui pouvait le renseigner sur la tradition d’Asie Mineure ; d’autre part, Jean est cité nommément parmi les Apôtres dont il avait appris les traditions par l’intermédiaire de ses maîtres.

5. D’après Tertcllien, c’était un fait universellement reconnu de son temps que S. Jean fut le fondateur des sièges épiscopaux dans les églises qu’il dirigea :

« Nous avons encore les églises instruites par

Jean. Que Marcion rejette son Apocalypse, toujours est-il qu’en reconstituant la succession des évêques jusqu’aux origines on établit que Jean en est le fondateur. Habemus et Joannis alumnas ecclesias. Nam etsi Apocalypsin ejus Marcion respuit, ordo tamen episcoporum ad originem recensus in Joannem stabit auctorem. >< (Adv. Marc, IV. v.) Nous avons déjà allégué du même écrivain l’exemple de Smyrne, dont le premier évêque, Polycarpe, fut établi par S. Jean.

Concluons. L’apôtre S. Jean consacra les dernières années de sa vie à l’organisation ecclésiastique. II est historiquement prouvé qu’il donna un évêque à un grand nombre de villes en Asie Mineure,

On peut le considérer comme le principal auteur des siÈGBS épiscopaux.

§ III. — Les listes épiscopales

« depuis les Apôtres » 

Quatre catalogues donnent la succession des évêques sur les sièges de Rome, d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem, depuis la fondation de ces églises aux temps apostoliques. Ce sont des documents de la plus haute importance pour les origines de l’épiscopat. Il est absolument requisdeserendrecompte (le leur valeur historique. Si ces listes sont sûres, elles fournissent une preuve nouvelle et péremptoire en faveur tie l’institution apostolique de l’épiscopat.

I. Rome. — La plus ancienne liste des évêques de Rome qui nous soit parvenue, est celle de S. Irknkb. Elle se trouve insérée dans son grand ouvrage Contre les Hérésies, III, iii, écrit vers 180, sous le pontificat d’Eleuthère (i-5-18g).

Voici cette liste qui fut ensuite reprise par Eusèbe, //. E., V, VI. Elle présente la série des noms, sans données chronologiques, sans indication de la durée des épiscopats : « Après avoir fondé et organisé l’église (de Rome), les bienheureux Apôtres (Pierre et Paul) transmirent à 1° Lin la charge de l’épiscopat. C’est de ce Lin que Paul fait mention dans les épîtres àTimothée. A Lin succède 2° ^ « eHc/ef ; après celui-ci et en troisième lieu depuis les Apôtres, l’épiscopat échoit à.3° Clément, qui avait connu les Apôtres. Comme il avait vécu avec eux, leur prédication retentissait encore à ses oreilles et leurs actes étaient présents à ses yeux. Et ce n’était du reste pas le dernier (témoin de l’âge apostolique) ; car, même à cette époque, vivaient encore plusieurs disciples immédiats des Apôtres. Sous ce Clément, et à l’occasion d’une

i grave sédition parmi les lidèles de Corintlie, l’église de Rome adressa aux Corinthiens une lettre de recommandations pressantes pour les ramener à la con-I corde… A Clément succède 4° £"*’ « //. « / ?, à Evariste sucj cède 3° Alexandre. Ensuite vient G° Sixte, le sixième j successeur des Apôtres. Puis successivement 7° Télesi phore, qui souffrit glorieusement le martyre, %° Hrgin, 1 9° P/e, 10° Anicet et 11° Soter. Enfin 12’Eleuthère. actuellement régnant, qui, le douzième depuis les Apôtres, occupe le trône épiscopal. C’est en cet ordre et par cette succession que la vraie doctrine s’est transmise dans l’Eglise depuis les Apôtres, et que la prédication de la vérité est arrivée jusqu’à nous. » Mais si ce catalogue est le plus ancien conservé, il ne fut cependant pas le premier dressé.

Sous le même pontificat d’Eleuthère. parurent les Mémoires d’HiioÉsiPPE (Eus.. H. E., IV. xxii, 3). Malheureusement ce livre est perdu, et il ne nous en reste i que quelques extraits précieux cités par Eusèbe. Hé-I gésippe, au jugement de cet historien, était un chré-I tien de race juive. L’histoire de léglise de Jérusalem, qu’il connaissait dans ses détails depuis l’origine, devait prendre une large place dans ses écrits, à en juger par les extraits conservés. « Dans les cinq livres de ses Mémoires, quinous sont parvenus, écrit Eusèbe (//. E., IV, xxii), Hégésippe laissa un magnifique monument de sa science. Il y fait voir comment il vécut en société de plusieurs évêques, au cours de son voyage à Rome, et comment il trouva partout la même doctrine. Après quelques détails au sujet de la lettre de Clément aux Corinthiens, il ajoute ces paroles remarquables : L’église de Corintlie persévéra dans la vraie foi jusqu’à l’épiscopat de Primus. Parti pour Home, je m’arrêtai à Corintlie et j’y fis un séjour parmi les fidèles, nous édifiant mutuellement dans la vraie doctrine. Arrivé à Rome, je dressai la succession jusqu’à Anicet, dont Eleuthère était le diacre. Et Anicet a pour successeur Soter, auquel succède Eleuthère. En chaque succession (c’est-à-dire dans