Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/892

Cette page n’a pas encore été corrigée

1767

EVÉQUES

1768

Tychique, « fidèle ministre et coserviteur dans le Seigneur s (Col., iv, 7-8 ; Epli., vi, 21-22) remplaça Timothée à Eplièse (II Tim., ix, 12) ; le même ou Alternas aura relevé Tite de son poste (Tit.. III, 12) : encore deux délégués revêtus du pouvoir épiscopal.

Silas ou Silvain occupe une place éminente. « Prophète » de l’église de Jérusalem (Act., xv, 22, 82), il devint, en remplacement de T Apôtre Barnabe, le compagnon de Aoyage de S. Paul. Puisqu’il a coopéré à fonder les églises, il a eu le pouvoir d’organiser et d’imposer les mains (Act., xv, 40 ; xvi, 19, 26, 2g ; xA’ii, 4, 10 ; I et II Thess., i, i ; Il Cor., i, 19). Plus tard il s’est attaché à S. Pierre (IPetr., v, 12).

Lin et Clément (II Tim., iv, 21 ; Pliil., iv, 5) occupèrent successivement le siège de Rome, comme nous allons le voir. On peut bien admettre qu’ils avaient déjà reçu l’épiscopat du vivant des Apôtres.

Epapliras, ami de S. Paul, fonda les églises de Colosses, de Laodicée et d’Hiérapolis (Col., i, 7 ss. ; iv, 12-.’3) : il n’aurait pu organiser ni ordonner des prêtres s’il n’avait reçu la plénitude de l’Ordre. Archippe (Col., IV, l’j ; Philem., i) était peut-être revêtu de la même dignité.

Y a-t-il des raisons de croire qu’après le martyre de leur maître, Timothée soit devenu évêque d’Ephèse et Tite en Crète ? Ils ne l’étaient pas de son vivant, nous l’avons monti’é ; et les conjectures de l’historien EusÈBE (//. E., III, IV, 3) ne sullisent pas pour établir qu’ils l’aient été jamais. Leur histoire finit avec les Pastorales. Peut-être ont-ils continué, à l’exemple de l’Apôtre, à fonder de nouvelles chrétientés.

Un écrivain très instruit du 11’siècle, Denys, évêque deCorinthe, rapporte vers 170 que Denys l’Aréopagite fut le premier évêque d’Athènes aux temps apostoliques (Eusèbe, //. E., III, iv, 11 ; IV, xxiii, 2-3). C’est un témoignage autorisé d’un fait public et facile à constater, rendu un siècle après ; on n’y découvre aucun motif d’erreur. Il est raisonnable de l’admettre.

Disons-en autant de celui d’ORiGÈXE qui atteste, d’après une « ancienne tradition », que Caras, l’hôte de S. Paul à Rome (Rom., xvi, 28), devint le premier évêque de Thessalonique (Comment, in ep. ad Boni., X, xLi). Nous ne savons à quel moment.

F. « Apôtres, Prophètes et Docteurs ». — Ce sont des personnages très intéressants : qui sont-ils ? Lisons d’abord les textes qui les concernent. (Pour les Apôtres, voir l’article de ce Dictionnaire.)

A Antioche, tout à l’origine, on trouve des prophètes et des docteur s, Tip’j-f7, - : c/.i /.où ôtôàjzK/st, parmi lesquels Barnabe et Saul ; is célèbrent la liturgie et imposent les mains à ceux-ci, parce que l’Esprit-Saint les destine aux missions (Act., xiii, i-3 ; cf. xv, 22, 82).

S. Paul leur reconnaît une situation tout à fait éminente.

« Dieu établit dans son Eglise premièrement

des Apôtres, secondement des prophètes, troisièmement des docteurs, puis des forces, ensuite des charismes. .. » (I Cor., XII, 28.) — « Jésus-Christ a fait les uns Apôtres, les autres pro/ ?/iè/es, d’autres és’angélistes, d’autres pasteurs et docteurs… pour l’œuvre du ministère et l’édification du corps du Christ », c’est-à-dire pour l’Eglise (£/ ?/(., iv, 11). — Les fidèles sont édifiés sur le fondement « des Apôtres et prophètes » (ib., II, 10) ; la vocation des Gentils « fut révélée en esprit aux Apôtres et prophètes de Jésus » (ib., iii, 5).

Mais surtout la Didachè (x, 7), ce petit manuel du chrétien datant du premier siècle, revendique pour les prophètes la liberté de célébrer l’Eucharistie selon leur dévotion, privilège que S. Justin reconnaît au

« président des chrétiens » (I Apol., lxxvii) ; elle établit

leur grande autorité et leur droit à un entretien très large (xi, ’j-xii ; xiii) ; elle les proclame les grands

prêtres des chrétiens (xiii, 3) ; elle laisse entendre qu’ils sont estimés plus haut que les prêtres et les diacres et leur assigne les mêmes fonctions (xv, 2) : ’( Choisissez-vous donc (en vue du sacrifice eucharistique du dimanche) des prêtres, èrydzorij ; , et des diacres dignes du Seigneur, des hommes doux et désintéressés et véridiques et éprouvés ; car ils accomplissent pour vous eux aussi le ministère, tWj juTojpyiv.j, des prephètes et docteurs. Ne les méprisez pas : car ils sont vos dignitaires, avec les prophètes et docteurs. »

Distinguant ces prophètes revêtus d’un caractère sacré d’avec ceux qui sont « prophètes » simplement parce qu’ils ont le charisme de la prophétie, c’est-à-dire de la prédication (I Cor., xiv, 28 ss.), nous pensons que ces prophètes-là sont des évéques missionnaires. C’est la clef pour interpréter les divers passages cités.

Avec la. Didachè, distinguons le clergé missionnaire et le clergé local. Celui-ci comprend les iTriVjîsrit-T : p- : 718 :.T-p’yi, prêtres ou pasteurs, et les diacres. Celuilà, composé des Apôtres, des prophètes et des docteurs, s’en va non seulement fonder de nouvelles chrétientés, mais aussi visiter et édifier les communautés existantes. Les Apôtres sont notamment les Douze, auxquels il faut adjoindre Paul et Barnabe, spécialement appelés pour remplacer les deux Jacques (Act., xiii, 2-4 ; xiv, 6, 18) ; les prophètes sont évêques et les docteurs vraisemblablement prêtres.

Le « prophète » en effet vient en dignité au second rang, immédiatement après l’Apôtre ; il a le pouvoir d’ordonner, il est grand-prêtre, il jouit de la plus haute considération parmi les fidèles, étant plus estimé que les prêtres, il est même l’égal de l’Apôtre, car l’Eglise repose sur les deux à la fois.

Quant aux évangélistes, on peut croire qu’ils furent aussi des évêques missionnaires, puisqu’ils se placent entre les prophètes et les pasteurs et que Timothée fait œuvre d’évangéliste (II r/Hi., iv, 5.Cf. yic^, xxi, 8).

En confirmation de tout ceci, on peut lire le xxxvii= chapitre du 1, 11° livre de l’Histoire ecclésiastique d’EusÈBE.

CoxcLUsiox sur l’œuvre d’organisation de saint Paul. — Dès sa première mission en compagnie de Barnabe, aussi bien que dans son second voyage avec Silas et toujours dans la suite, S. Paul organisa les communautés qu’il fonda, et y établit un collège de prêtres assisté de diacres pour les besoins du culte, pour l’Eucharistie, la prédication et la direction du troupeau du Christ. Généralement il choisit le clergé parmi les premiers convertis.

Quand il dut quitter avant d’avoir pu achever l’organisation, il laissa ce soin à un de ses disciples muni des pouvoirs nécessaires.

Pour lîourvoir aux nécessités ecclésiastiques qui réclamaient l’autorité apostolique, il multipliait ses visites personnelles, ou déléguait en son lieu et place un disciple revèlu des pouvoirs épiscopaux.

Il garda ses églises sous sa juridiction immédiate (II Cor., XI, 28), n’y établissant pas d’évêques de son vivant. Pour plusieurs, cette situation se prolongea jusqu’au 11’siècle.

Néanmoins il avait pourvu à la succession du pouvoir apostolique, source du ministère chrétien. A cet effet, il avait, par l’imposition des mains, communiqué la plénitude de l’Ordre à des disciples éprouvés et illustres ; de plus, il avait statué qu’à sa mort, sa mission, son ministère leur serait dévolu. Aussi quelques-uns d’entre eux fixèrent aussitôt leur siège épiscopal, comme Denys à Athènes et Caïus à Thessalonique ; d’autres continuèrent à prêcher l’Evangile