Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/887

Cette page n’a pas encore été corrigée

175’ÉVÊQUES

1758

donc sui" vous-inêiues el sur tout le troupeau sur lequel l’Esprit-Saiiit vous a établis surveillants izinx’^zo-^ : , pour gouverner l’Eglise de Dieu. »

L’historien ne fait convoquer que les anciens de TEglise, et cependant il les fait appeler siii-ieillanls par l’Apùtre. Les deux noms sont donc synonymes et désignent les luémes personnages, quelle que soit d’ailleurs leur dignité.

Il ne suflit pas, pour éluder cet argument, d’ailirmer que l’orateur au milieu de son discours, négligeant une partie de son auditoire, s’adresse seulement à ceux des anciens qui sont en même temps surveillants. Cette hypothèse ne repose sur aucun fondement. La phrase est étroitement liée à la précédente par la conjonction oi/v, donc ; il manque même un nom au vocatif, qui serait nécessaire pour montrer que l’orateur ne parle plus que pour une partie de son auditoire, comme par exemple : k Et vous, surveillants, A’eillez… »

B. — Le texte de Vépitre à Tite est tout aussi clair, I, 5-7 : « Je t’ai laissé en Crète… pour y instituer des anciens,-ccj « ; ^t£, cî^ç, dans chaque ville… ; si quelqu’un est sans reproche… : car il importe que le san-eillant Ts> îTTiTzi-iv soit sans reproche… »

Il est manifeste que les deux termes sont synonymes dans l’idée de lécrivain. Voulant insister sur les conditions requises pour le candidat à la dignité d’ancien, il donne aussitôt les qualités du surveillant modèle, ayant soin même d’indiquer le lien logique par la particule -/dp. Si les deux titres n’étaient pas sj’nonymes, l’Apùtre ne pouvait s’exprimer ainsi. Qui s’aviserait jamais de parler de cette façon : (( Etablis partout des curés vertueux, car il importe que l’évêque soit vertueux » ? Au contraire il est juste de dire : « Etablis partout des curés irréprochables, car il importe que le pasteur soit irréprochable. » S. Paul s’est exprimé dune manière analogue.

C. — Vers le même temps et sur le même sujet, S. Paul écrit la première lettre à Timotliée : « Il importe, y est-il dit, que le surveillant, rov i-cyy.’.-’yj, soit irréprochable et qu’il sache présider à sa famille, sinon comment prendrait-il soin de l’Eglise de Dieu’.^ >-III, 2, et i)lus loin v, 17 « les anciens, oi-cî70VT£oot, qui président bien, sont dignes d’un double honneur ». Comment ne pas admettre que les premiers, chargés du soin de l’Eglise, sont les mêmes que les seconds, préposés également aux fidèles, vu surtout que la description du surveillantdans cette épitre correspond trait pour trait à celle du surveillant-ancien delà lettre à Tite ?

D. — La lettre de Pierre abonde trop clairement en notre sens pour qu’il faille insister. Les deux noms y sont étroitement unis, t : ^cTcv7£co£ izty/.o-yj-.rii, : « Je conjure les anciens qui sont parmi vous faisant les surveillants… »

L’omission du terme s-it/^îttsj^’tî ; par les codices du Sinai et du Vatican ne doit pas nous empéclier de le tenir pour authentique. Du reste l’argument garde sa valeur à défaut de ce mot : les-rpirli-^T-poi de S. Pierre, comme les J7 : <7 ; <î7rit- ; T/ ! £7-5., TtC5t des Actes, XX, sont des pasteurs chargés de gouverner le trou-I )eau du Seigneur confié à leurs soins.

E. — La lettre de S. Clément de Rome nous fournil un nouvel argument. Ecrite pour ramener l’ordre parmi les fidèles de Corinthe et pour rétablir les anciens, nps.T^-jTip’j-j-., indignement chassés de leurs fonctions (xi.iv, 6 ; Liv, 2 ; i.vii), elle prouve longuement la légitimité des ministres qui doivent être réintégrés dans leurs droits. Cette légitimité a son fondement dans l’institution apostoli<pie et divine de ces ministres. Or voici le raisonnement : « Dieu a envoyé Jésus-Christ, Jésus-Christ a eiTV’ojé les Apùlres : ceux-ci ont institué des surveillants, imzxoT-.yji el des

diacres. » Le mot ttîît^îvtîcs ; n’est pas même cité, et néanmoins ce sont eux qui ont été chassés, eux dont il faut prouver le pouvoir légitime. Cela ne s’explique que par l’identité des anciens et des surveillants.

Il y a mievix encore. Lorsque la lettre traite le point de la transmission régulière du pou oir, d’une part elle ne la prouve, encore une fois, que pour les surveillants, et d’autre part, elle emploie indifféremment, les deux noms : anciens et surveillants : « Les Apôtres, prévoyant que des contestations s’élèveraient à propos de la sur"eillancc r- :  ; i-17/.’, - ?, i, instituèrent les susdits (à savoir les siuveillants) ; … ceux donc qui furent établis par les Apôtres ou leurs successeurs. .., ne peuvent être destitués de leur fonction. Ce n’est pas une petite faute pour nous de destituer de la surveillance, t<ç irtî^z-iTrô ; , ceux qui ont bien offert les dons. » Et non sans une triste ironie, elle ajoute :

« Heureux les anciens,-piit-jzîpoi., qui ont eu une

sainte mort : ils n’ont plus à redouter d’être chassés de leur place. » Comment expliquer cette mention des anciens dans ce contexte, s’ils ne sont pas les mêmes que les surveillants ? Il est manifeste que destituer les surveillants, les chasser de la surveillance, c’est la même chose que destituer les anciens et les chasser de leurs fonctions. *> Nous voyons en effet », dit-il, finissant par dénoncer en termes exprès l’injustice commise, « nous voyons que vous en avez destitué quelques-uns de leur ollice)>. Ces quelques-uns sont é^’idemment des anciens, puisque la particule yy-p relie intimement la proposition à la précédente, où ne sont mentionnés que les anciens, et ils sont évidemment les surveillants, i)uisque tout le contexte parle de l’institution apostolique des surveillants, de leur ofiice et de leur destitution.

Concluons. Les textes du premier siècle indiquent clairement l’identité des kr.iz/.^r.oi et des-p17^j- :-p’yi,

G. Dignité des i~.i’7y.^y~oi.-~pi(jZjzîp’yi. — Mais ([ui sont-ils ? Quelles sont leurs fonctions ?

A. — Ce sont les pasteurs des coiuuiunautés, les chefs des églises, généralement établis pur les Apôtres eux-mêmes : on les voit à la tête de l’église de Jérusalem (Act., xi, 30 ; xv, 2, 4. ^, 22, 23 ; xvi, 4 ; XXI, 18), des églises instituées par S. Paul (Act., xiv, 22 ; XX, 17 ; P/iil., 1, 1 ; / Tint., iii, i ss. ; iv, i^ ; v, 17 ; Tit., I, 7 ss.), de toutes les églises d’Asie Mineure {IPetr., V, 2) ; et, au témoignage autorisé de S. Clément de Rome, les Apôtres en ont établi comme chefs dans toutes les communautés qu ils fondaient (Clein. Runt., xLii, xi.iv et liv). On les trouve partout.

Associés aux Apôtres mêmes pour juger un i)oint de doctrine (Act., xv), ils prêchent la parole de Dieu (I Tini., V, 17), sont les intendants de Dieu (1 Tim., iii, 5 ; Tit., i, 7), les luinistres de l’onction des malades {Jac, V, 14), de la liturgie, de l’oirrande, du sacrifice {Clem. Ruin., xlii ; Did., xv).

C’est le moment de citer les passages des écrits apostolicjues où il est question des -^uTra.ajvst ou présidents et des c/î^^awît ou chefs.

« Nous vous recommandons, écrit S. Paul aux chrétiens

de TItessalunique, v, 12, de considérer ceux qui peinent au milieu de vous el vous sont préposés dans le Seigneur. » Ce sont sans doute leurs pasteurs,

leurs STTlTXiTTÎt-TT^CÎTel^TÎOit.

Il ne faut pas hésiter non plus à les comprendre au moins au nombre des supérieurs que Vépitre aux J/éhreux nomme à trois reprises, xiii, 7, 17, 24 :

« Souvenez-vous de vos chefs, riv W/’ijij.hwj j ; j.ôfj, qui

vous ont prêché la parole de Dieu » ; « obéissez à vos chefs el écoutez-les. car ils veillent sur vos âmes ayant à en rendre conqtte » ; « saluez tous vos chefs ». Cf. Clkm. Rom., i, iJ ; xxi, G.