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ÉVANGILES CANONIQUES

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dans les traités de médecine anciens, connus de son temps. En particulier, rrj-jiy^ij.irr, -jpfxôi ij.t/y.’jw^ Luc, iv, 38, comparé à Marc, i, 30 ^ Mattli., viii, l T : v.pixJ.ù : jiJ.é.iOi, Luc, v, 18 ; k-~c h pj^u tîO v.ifjLv.ro : , Luc, VIII, 44 j ùSpuTTiy.oi, Luc, XIV, 2 ; kx’lùyifj, Act., , 5, 10 ; jZ01/> ; z(5e^’jjTî5, Act., XII, 28 ; /.y.Or/pvj, 6r, p(oy, Tliimpv.^Sy.i, y.y-y-ir.T-i-J, Act., XXVIII, 3-6 ; -j^ïTOf ; zai ^jis.vzipi’ji rj-jf/oij.tvw, Act., xxviii, 8 ; ^orfi-ta.^ Act., XXVII, 17 ;

« Tt-ria, Act., XXVII, 2 1 ; yziTct Starû.sTzs, Act., xxvii, 33 ; 

cf. Act., ni, 7 ; IX, 18 ; etc. — Cf. Hobart, , The médical language of saint Luke, 1882 ; Harxack, Lnkas der Arzt, p. 122-137 ; Zahx, Einleit. in das ?>’. T., t. II. p. 435 sq. ; Jacquier, LIist. des livres du N. T., t. II, p. 445 ; t. III, p. 28.

Conclusion. — La confirmation ainsi apportée par la critique interne du livre au témoignage de la tradition est si complète et si caractéristique, s’étendant à la fois au rapport personnel de l’auteur avec saint Paul et à sa qualité spéciale de médecin, que, se joignant à la preuve déjà hautement rassurante du témoignage traditionnel, elle garantit avec une véritable certitude la composition de notre troisième Evangile par le disciple et compagnon de saint Paul, nommé Luc.

114. Opinions des critiques. — Contestée par Strauss (n" SU) et bon nombre de critiques liliéraux, tels que H. Holtz.manx, A. Juelicher, P. W. ScH.MiEDEL, A. LoisY (u’^ 106), Cette authenticité parfaite est revendiquée d’une façon générale par les critiques catholiques.

Elle est également soutenue par les protestants conservateurs, comme B. Weiss, Einleitung in das y. r., p. 530 sq. ; F. Godet, Introduction au 3’. T. Les trois premiers Evangiles, p. 602-610 ; Th. Zaiix, Einleitung in das N. T., t. II, p. 426 sq. ; F. Blass, Acta Apostolorum, sive Lucæ ad Tlieophilum Liber aller, 1895 ; J. M. Bebb, art. Luke (Gospel of), dans le Dict. of ihe Bible, t. III, p. 162 sq. ; A. Plummer, Acritical and e.regetical Commentary on the Gospel accord ing ta S. Luke, 3* éd., 1900 ; IÎackham, TIte Acts of the Apostles, igoi ; V. H. Stantox, The Gospels as historical Documents, t. II, 190g, p. 240-322.

Enlin elle est admise par un certain nombre de critiques libéraux, des plus indépendants, tels que Rbnax, Les Evangiles, p. 202 ; Harxack, Lukas der Arzt, der Verfasser des dritten Evangeliums und der Apostelgeschichte, 1906 ; Die Apostelgeschichte, 1908.

113. A consulter. — Wallon, Corxely. Vigou-Roux, Bai II- lOL, Gonoal, Jacquier, Brassac, op. cit., {n" 96) ; Fillion, Evongile selon saint Luc, 1882 ; Kxabe.xb.vueh, Comment, in Evangelium secundum Lucam, 1896 ; Girodo.v, Commentaire critif/ue etmoral sur l’Evangile selon saint L.uc, 1908 ; V. Rose, Evangile selon saint L.uc, 1904.

3. — L’auteur du I^r Evangile, saint Matthieu

I. D’après la critique externe

116. I. Etat du témoigxack traditionnel. — i’Vers la fin du W siècle. — Vers la fln du second siècle, la tradition reçue dans les diverses Eglises du monde ciirétien est que notre premier Evangile est l’œuvre de l’apùtre saint Mattliieu.

Clément d’Alexandrie. — Clément d’Alexandrie le cite sous ce nom à diverses reprises, Strom., i, xxi ; l.ibcr Quis dives salvctur ? xvn.

Tertullien. — Tertullien, qui le cite fréquemmenl, introduit expressément telle ou telle de ses citations <n les présenlant comme paroles de Matthieu, Adv. ^Lardon., IV, xxxiv, xl ; LJe carne Christi, xxii.

S’adressant à Marcion, il associe le nom de Matthieu à celui de Jean, et rappelle que les Evangiles de ces deux apôtres sont le premier fondement de la foi. Adv. Marcion., IV, 11 (no 4).

S. Lrénée. — Nombreuses sont aussi les citations de saint Irénée, et c’est sous le nom du même apôtre que telle ou telle d’entre elles est présentée, Contra Hæres., III, ix, i ; IV, vi, i. L’évêque de Lyon ajoute ce renseignement que saint Matthieu publia son Evangile chez les Hébreux, et dans leur langue. Contra LLæres., III, i, 1 (no 5).

117. 2" Au milieu du w" siècle. — Papias. — Au milieu du second siècle, Papias parlait déjà de cet Evangile hébreu composé par saint Matthieu.

« Matthieu, disait-il, avait écrit en langue hébraïque

les Logia et chacun les interprétait comme il pouvait » (n" 10). — On a beaucoup discuté pour savoir si, dans la pensée de l’évêque d’Hiérapolis et dans celle des anciens de qui il tenait sans doute ce renseignement, le recueil de Logia, ainsi attribué à saint Matthieu, comprenait seulement des sentences, ou bien un ensemble de récits et de discours, comme nous le trouvons dans l’Evangile qui porte aujourd’hui son nom. Les critiques les plus en vue tendent maintenant à reconnaître que la notice de Papias vise, en réalité, notre Evangile actuel.

En effet, le mot / « /ta n’a pas chez les anciens auteurs ecclésiastiques le sens restreint de « discours », mais peut s’appliquer aussi à des récits : S. Irénée, Contra LLæres., i, viii, 1, 2 ; S. Clément de Rome, Ad Cor., LUI. Papias lui-même, à propos de l’oeuvre de saint Marc, parle de tJvtk ; u twv y.jpicf./.Civ Iv/iwj, tout en prenant soin d’observer que Marc avait écrit soit les paroles soit les actes du Christ, rà i>T.b roxi Xpi^-rcO h iiyfjijzv.’n T<py.yOi-j-y.. Renan, Les Evangiles, p. 7g, note ; Loisv, L.es Evang. svn., 1. 1, p. 27-28.

D’ailleurs, ceux qui ont eu l’ouvrage de Papias entre les mains, comme Eusèbe et saint Irénée, ont appliqué sans hésitation ce qu’il dit du premier ouvrage hébreu à notre Evangile grec : or, il est tout à fait à croire qu’ils y étaient autorisés par l’exemple même de l’évêque d’Hiérapolis. Celui-ci, en effet, ne devait pas ignorer notre premier Evangile grec, depuis longtemps en circulation à son époque. A voir sa notice, on dirait que ses lecteurs eux-mêmes sont supposés bien savoir que saint Mattiiieu a écrit un Evangile, et qu’il se contente de leur apprendre que l’apôtre a commencé par écrire en liébreu. S’il n’avait pas rapporté de quelque manière à lEvangile grec ce qu’il disait du travail hébreu de saint Matthieu, on ne s’expliquerait pas qu’aussitôt après, la tradition soit unanime à attril)ucr à rai)ôlre lEvangile grec lui-même. Il est donc tout à fait à croire que l’Evangile hébreu de saint Matthieu, dont parlait Papias, était regardé et présenté par lui, sur la foi des anciens, comme l’original de notre premier Evangile grec.

M. Loisy le reconnaît. « On admet maintenant », dit-il en parlant de cette notice sur saint Matthieu,

« que, dans la pensée de Papias (Holtzmann, Einleitung

in das N, T., p. 477) et même de ses répondants (J^ELiciiER, Einleitung in das i. T., 1906, p. 269), elle concerne notre premier Evangile. >i L.es L^vang. syn., t. I, p. 27. Cf. Harnack, Spriiche und Lieden Jesu, 1907, p. 124 ; VON Soden, Urchristliche Literaturgcschichte, p. 70 ; Tu. Zahn, Einleitung in das.. T., t. II, p. 254 sq.

118. II. Valeur de cb témoignage. — La tradition, ainsi constatée à la tin et au milieu du 11° siècle. seinl)lo bien posséder une très sérieuse valeur. — Tout d’abord, elle assure qu’il doit y avoir, au point de vue de l’origine, un i’api)ort réel entre notre Evangile et l’apôtre auquel il est attribué.