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ÉVANGILES CANONIQUES

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II, 13 sq. ; I Tliess., ii, i/5 ; Act., ii, 5 ; ix, 22 sq. ; x, 22 sq. ; XII, 3, etc. — « Juif d’origine, à ce qu’il semble, et bien au courant des choses juives, dit à ce propos M. LoisY, /.es Ks’Cing. srn, , t. I, p. 116, il n’est point judéoclirétien et il a pris décidément parti contre les Juifs. >i

93. C’est un Juif palestinien et hiérosolvmilain. — Quelle était au juste sa patrie ? — Un détail permet de conclure que, bien qu’écrivant à Rome, il était originaire de Palestine et s’était trouvé à Jérusalem lors de la mort de Jésus. Depuis longtemps les critiques ont remarque un trait particulier au second Evangile dans le récit de la Passion. Après avoir raconté la scène de l’arrestation à Getlisémani et comment tous les disciples s’enfuirent en abandonnant le Sauveur, notre évangéliste continue, xiv, 51-52 : « Et seul un jeune homme le suivait, n’ayant qu’un drap sur le corps ; ils le saisissent, mais lui, lâchant le drap, s’enfuit nu. »

94. En vain a-t-on essayé de trouvera ce petit détail une explication en dehors de l’histoire. M. LoisY y a AU « un trait conçu par ap[)lication de prophétie ».

« Justement, dit-il, il y a un texte d’Amos qui, à

propos de fuite, parle d’un homme nu. L’interpT-étation messianique de ce passage pouvait suggérer ce que Marc raconte. » Les Es’ang. syn., t. II, p. 5g 1 ; cf. S. Reixach, Orpheus, 6’éd., 1909. p. 819.

Mais cette explication est tout à fait invraisemblable. Le texte grec d’Amos, 11, 16, parle d’une poursuite :

« L’homme nu sera poursuivi ce jour-là. » Il

faudrait penser que l’évangéliste s’est inspiré du texte hébreu, où il s’agit directement d’une fuite :

« Le plus robuste parmi les vaillants s’enfuira nu ce

jour-là. » Cette supposition même ne peut se soutenir. Le trait prophétique figure dans une description du jugement de Dieu contre Israël, et tend à montrer la terreur que ce jugement inspirera aux plus braves. Or, quel rapport y a-t-il entre le jugement de Dieu contre son peuple et l’arrestation de Jésus à Getlisémani ? Quelle relation, entre le guerrier saisi d’effroi, qui n’a pas la force de revêtir son armure, ou la jette pour fuir plus aisément, et ce jeune homme qui ne paraît pas du tout venu pour combattre, et qui s’enfuit nu, simplement parce qu’on le saisit par son drap ? Les deux situations manquent d’analogie. Il semble impossible que le premier trait ait donné l’idée du second.

Le plus grand nombre des interprètes voient à bon droit dans le détail en question un petit épisode strictement iiistorique. L évangéliste doit avoir sur ce point un renseignement personnel : il semble bien connaître le jeune homme qu’il met en scène ; comme néanmoins il ne le nomme pas, les critiques en concluent que ce jeune homme ne se distingue pas de lui-même.

Mais, s’il en est ainsi, le second évangéliste se j trouvait donc à Jérusalem, au temps de la Passion, et tout donne à croire qu’il y avait sa résidence. C’est un indice très signilicatif en faveur de l’identilication de notre auteur avec ce Jean Marc dont la mère avait les lidèles de Jérusalem réunis dans sa maison, lorsque saint Pierre s’évada tle la prison d’Hérode Agrippa (n" 73, 82). Rkxax, Vie de Jésus, p. 4t » 6 ; /.es Ks’ungiles, p. ii/|, n. 2 ; 126, n. 4 ; R-Weiss, Dos Marcuse<, ’angeliuni und seine synoptisclie Purallelen, p. 228 ; Kinleitung in dus N. T., p. [^()b, Zaun, Hinleitung in dus X. T., t. II, p. 2^3 sq. ; II.-J. IIoLTZMANX, Die Synoptiker, 3éd., p. 176. Cf. J. Wkiss, qui, tout en distinguant le jeune homme de l’évangéliste, l’identifie à Jean Marc, Dus atteste Evangeliuin, 1903, p. 305 sq., 407 sq.

Conclusion. — En somme, les particularités internes du second Evangile confirment d’une manière très

caractéristique le témoignage de la tradition au sujet de l’origine de l’ouvrage. L’auteur écrit pour des Romains, il dépend de la tradition personnelle de saint Pierre, il est Juif d’origine, palestinien et même hiérosolymitain : cela s’accorde exactement avec ce que les plus anciens témoins nous disent de Marc, disciple de Pierre, rédigeant son Evangile pour les fidèles de Rome. Si l’on a égard à cette remarquable concordance, et si l’on se rappelle les garanties très spéciales qu’offre la tradition, en particulier du côté du témoignage transmis par Papias et de la qualité obscure du personnage auquel l’œuvre est attribuée, on peut, semble-t-il, proclamer avec une véritable assurance la pleine authenticité de l’Evangile de saint Marc.

93. Opinions des critiques. — Cette authenticité, niée par Strauss et, à sa suite, MM. Schmiedel et LoisY, qui estiment notre Evangile tout au plus fondé sur un écrit primitif de saint Marc (n°68), est reconnue, non seulement par les critiques catholiques, en général, mais encore par l’ensemble des protestants conservateurs, tels que R. Weish, Einleit., p. ^91 sq. ; F. Godet, introduction au A’. T. Les trois premiers Evangiles, 1897, p. 383 sq. ; Zahn, Einleit., t. II, p. 2^0 sq. ; E. GouLD, The Gospel according to St. Mark (Tlu’international critical Commentarr), 1899 ; H. B. SwETE, The Gospel according to St. Mark, 1902 ; S. D. F. Salmond, avX.Mark (Gospel of) dans le Dict. ofthe Bible, t. III, p. 256 sq. ; V.H. Stanton, The Gospels ashistorical Documents, t. ii, 1909, p. 180-203 ; etc. Bien plus, elle est admise par la grande majorité des critiques libéraux : Renan, Les Evangiles, ^. i ! i sq. ; H. HoLTZMAXN, Einleitung in das IV. T., 3° éd., 1892, p. 383 ; A. Juelicher, Einleitung in das iV. T., 5" éd., 1906, p. 274 sq. ; A. Harnack, Chronologie, t. I, 1897, p. 652 ; etc.

96. A consulter. — "Wallon, De la croyance due à l’Evangile, 2’éd.. 1866 ; Cornely, Introductio specialis in singulosy. T. lihros, 1886 ; Compendiuw, 1889 ; L. C. Fii.i.ioy, Evangile selon saint Marc, 1879 ; F. Vic. ouroux. Les JAvres saints et la critique rationaliste, IP partie, livre V ; 3*éd., t. V, 1891 ; I. Knabexbauer, Comment, in Evangelium secundum Marcum, 1894 ; P. Batiffol, Six leçons sur les Evangiles, 1897 ; L.GoNDAL, La provenance des Evangiles, iSijS ; Fouahd, Sdint Pierre et les premières années du christianisme, eh. XX ; V. Rose, Evangile selon saint Marc, 1904 ; E. Ja( : ()Uier, Histoire des livres du X. T., t. II, 1906 ; Brassac, Manuel biblique, t. III, 1910.

2. — L’auteur du III^ Evangile, saint Luc

I. D’après la critique externe

97. 1. Etat nu témoignage traditionnel. — A la fin du m" siècle, la croyance attestée par les principaux écrivains ecclésiasticjues est que le troisième Evangile est l’œuvre de saint Luc, disciple et compagnon de saint Paul, le « très cher médecin » dont celui-ci parle dans son épître aux Colossicns, iv, 14 ; cf. II Tim., IV, II.

Clément d’Alexandrie. — C’est ainsi que Clément d’Alexandrie cite notre Evangile sous le nom de Luc, Pædagogus, II, i ; Strom., i, xxi.

Saint /renée. — Saint Irénée fait de même à dierses reprises. Contra Uæres., lU, s., 1 ; xi, 7 ; xiv, 1 ; IV, VI, i.Dans sa notice sur l’origine des Evangiles, III, I, I, on lit qu’ « à son tour, Luc, compagnon de Paul » — ailleurs, III, xiv, i, il l’appelle « le collai>oraleur des apôtres, surtout de Paul », et signale que