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ANTECHRIST

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a) Puissance politique.

C’est toujours un empire ou un tj’ran païen.

1. Gog et Magog. Ces personnages apparaissent pour la première fois dans Ezéchiel, xxxviii-xxxix. Gog est un roi et Magog le pays qui lui est soumis et que le prophète semble localiser quelque part en Arménie. Ezéchiel les voit, « après des jours nombreux », 6 dans la suite des jours », qui s’avancent contre Israël, entraînant à leur suite des peuples en foule. A peine ont-ils mis les pieds sur le sol palestinien que le courroux de laln-é s’allume contre eux. Parmi les bouleversements de la nature, ils sont anéantis par lahvé. Une ère de prospérité et de gloire commence alors pour les Israélites.

Perdant ce qu’ils pouvaient avoir à l’origine d’individualité historique et passant à l'état de types, Gog et Magog feront désormais partie de la tradition apocalyptique oii ils représentent les nations hostiles au règne du Messie et au peuple messianique. C’est en cette qualité qu’ils figurent dans l’Apocalypse de S. Jean, xx, '] et ss.

2. Les quatre Bêtes de Daniel. Au ch. vu et ss. des prophéties de Daniel, le Aoyant décrit « quatre bêtes puissantes qui montaient de la mer ». On lui explique que ces bêtes sont quatre empires « qui se lèveront de la terre ». La quatrième bête est particulièrement redoutable. Elle a dix cornes, plus une petite corne sur latjuelle se concentre l’attention. On expose au long ses méfaits et ses entreprises impies contre le Très-Haut et ses Saints. La première bête parait être l’empire chaldéen de Nabuchodonosor, la seconde l’empire médo-perse, la troisième l’empire d’Alexandre, la quatrième l’empire syrien d’Antioche. La petite corne doit être Antiochus Epiphane. Formant un contraste absolu a^ec ces puissances symbolisées par des bêtes, le voyant contemple un Fils de l’homme, un être humain, symbole et chef d’un royaume meilleur, le roj^aume messianique. Ce Fils de l’homme reçoit de l’Ancien des jours puissance et mission d’enlever aux trois premiers empires la domination et de détruire le quatrième. C’est ce qui arrive et, après de dramatiques péripéties, l’arrogante petite corne est vaincue. Il est à remarquer qu' Antiochus Epiphane, malgré qu’il représente une puissance d’ordre politique, revêt en même temps certains caractères qui le constituent, à un haut degré, le type de l’ennemi de Dieu, l’impie.

3. Le tyran mystérieux du IV^ Liyre d’Esdras. Au ch. V, 6, de cet apocryphe, dans un contexte eschatologique, nous lisons ceci : « Regnabit quem non sperant… » La formule est obscure. Vaganaj' écrit :

« Il ne faut pas confondre cette conception (de l’antéchrist) avec l’idée, que l’on rencontre quelquefois

dans les apocalypses juives, d’un tyran politique qui doit, à la lin du monde, persécuter le peuple de Dieu avec plus de rage que jamais (Sib., iv, 138 ; v, 214, 22'j). C’est sans doute à ce dernier point de vue que se rattache l’indication si mystérieuse que nous trouvons au chapitre v, 6, de notre apocalypse, parmi les signes avant-coureurs du royaume messianique… » {Le Problème eschatologique dans le IV' Lire d’Esdras, 1906.)

4- La Bête qui monte de la mer, dans l’Apocalypse. Cette Bête qui paraît au ch. xiii et qui reparaît au ch. XVII et ss. symbolise la puissance romaine, adversaire irréductible du Christ et de son règne. Comme dans le cas d’Antiochus Epiphane, nous avons affaire ici à un tyran politique sans doute, mais qui incarne en même temps des idées religieuses en opposition essentielle avec la foi des Saints. C’est même sur le terrain proprement religieux que la lutte s’engage.

5. Néron « redlvivus ». En plusieurs endroits de ce recueil composite qui porte le titre d’Oracles Sibyllins

figure un personnage assez étrange où l’on reconnaît généralement le k Néron redivivus » de la légende romaine (Or. Sib., iv, 11 9 et ss. ; 1 87 et ss. ; v. 33 et ss. ; 215-220 ; viii, 146 ; 154 et ss., etc. Cf. Suétone, Nero, 57 ; Tacite, Hist., 11, 8). A l’origine Néron, censé réfugié chez les Parthes, reparaît à leur tête et marche contre Rome. Son rôle est principalement politique. Plus tard c’est des Enfers qu’il remonte sous une forme fantastique et pour remplir un rôle surtout religieux, analogue à celui de l’Antéchrist. h) Adi’ersaire religieux.

1. « L’impie)) de II Thess. Avant que se produise la parousie, un personnage doit se manifester que S. Paul appelle : « l’impie », « l’homme du péché »,

« le tîls de la perdition ». Nul trait politique n’apparaît dans le caractère de ce personnage ni dans son

rôle ; c’est un adversaire purement religieux. Il agira par séduction et non par violence. Il provoquera une grande apostasie religieuse. Il s'égalera à Dieu, se mettra au-dessus même de lui, réclamera des honneurs divins.

2. La Bête qui monte de la terre. Apocalypse, xiii. A côté de la Bête qui monte de la mer, symbole de la puissance romaine, S. Jean place une Bête qui monte de la terre. Cette seconde Bête, serviteur et fondé de pouvoirs de la première, s’emploie à promouvoir par, voie de séduction, à exiger par voie de contrainte ! morale, le culte religieux de Rome et de César. Elle remplit un office essentiellement sacerdotal. C’est un adversaire religieux des Saints et de leur Roi.

3. L’Antéchrist des Epîtres de S. Jean. Cet adversaire du Christ a pour précurseurs et serviteurs anticipés des hérétiques qui refusent de reconnaître en Jésus le Messie et le Fils de Dieu. Nous sommes fondés à le considérer lui-même comme le négateur par excellence de la Messianité de Jésus et de sa Divinité. Son hostilité vis-à-vis de Jésus et des siens estj d’ordre purement religieux.

c) Ennemi transcendant.

1. Satan. C’est Satan en personne qui, en plusieurs endroits de l’Apocalypse de S. Jean, mène le comba contre le Christ et les siens. L’assaut final, décrit ai ch. XX, nous le montre en particulier dans ce rôle.

2. Bélial. Ainsi s’appelle dans plusieurs apoca lypses juives l’adversaire du Messie lors du confli eschatologique. Bélial est un esprit de l’air, le princj des esprits mauvais. Il a pour adhérents daiîs s «  lutte contre le Messie les membres de la tribu de Dan S. Paul le connaît comme l’ennemi né du Christ et pour ainsi dire, son antithèse, II Cor., vi, 15. Ces évidemment le même que Satan.

II. L’Antéchrist. — Parmi ces conceptions à h fois diverses et solidaires ou apparentées, essayon de distinguer et d’isoler celles qui ont trait à l’Anlc christ lui-même, en tant que type particulier d’ac' versaire du Christ. v

fl) Dans l’Ecriture. Le point de départ de la rechei ; che doit être évidemment les Epîtres de S. JeaiNous avons déjà vu que l’Antéchrist dont ces Epître' nous parlent appartient à la catégorie des adve saires religieux. Ce n’est ni une puissance politic[ii ni un tyran, mais un faux prophète et un séducteu D’autre jjart, malgré qu’on lui décerne des titres, te que le Menteur, qui dans la langue de S. Jean caraf térisent ordinairement le diable ; malgré qu’on noii montre son esprit déjà présent et actif dans le moncj et que, sous cet aspect encore, il soit comme assimil à Satan ; il ne semble pas qu’il dépasse la sphè | humaine et que S. Jean veuille nous le présent} comme un être transcendant. En lui-même, ce dci être un être humain mais en qui Satan vit et agit. Il même il s’agit d’un individu plutôt que d’une eolhj