Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/801

Cette page n’a pas encore été corrigée

1585

EUCHARISTIQUE

1586

la prcsence réelle et contre la transsubstantiation ) ; G. E. Steitz (prot.), Die Abendmahlslehre der griechischen Kirc/ie in iltrer geschichtlichen Entiviclcluns ; (Jahrbilcher fiir deutsche Théologie, IX (1864), p. 409-581 ; X (1865), p. 64-152, 899463 ; XI (1866), p. 193-253 : XII (1867), p. 211-286 ; XIII (1868), p. 3-66, 649-700) ; Darwell Stone (anglican), J kistorr of tlie Doctrine of the hoir Eucharist (2 vol., London. 1909 ; l’époque patristique est étudiée, I, p. 22-1 32).

Pour l’interprétation rationnelle du dogme on peut consulter les théologiens des diverses écoles : S.Thomas, IIIs q. 73-83 ; Scot, In sentent. IV, dist. 8-1 3 ; Suarez, In III^™, dispiit. xxxix-lxxxviii ; Lugo, De Eucliaristiæ sacnnnento ; Mastrius, In sentent, Ul, disput.ui’^. de Eucliaristiæ sacramento ; Salmanticenses, In III » "’, q. 73-83, tractât, xxiii, de Eiicharistiæ sacramento : Billuart, De Eue harisliae sacramento ; Franzelin, De Eucharistiae sacramento et sacrificio (éd. 3^, Romae, 1879) ; L. Billot, De Ecclesiæ sacramentis, I (éd. 4^^ » Romae, 1907), p. 303-637.

Pour l’exposition du dogme, v. Bossuel, Exposition de la doctrine catholique sur les matières de controverse, x-xvii.

Jules Lebretox.


EUCHARISTIQUE (ÉPICLÈSE). —
I. La question. — II. Données théologiques. — III. Données liturgiques. — IV. Données de la tradition ecclésiastique. — V. Conclusion : Explication de l'épiclése. — VI. Bibliographie.

I. La question. — Epiclèse (i-(/-/r.- : it) signifie //uocation. On donne spécialement ce nom à une prière qui se trouve dans toutes les liturgies orientales, et dans un bon nombre d’anciennes liturgies d’Occident, après le récit de l’institution eucharistique. Le célébrant y demande à Dieu le Père, quelquefois au Fils, d’envoyer le Saint-Esprit (le Verbe d’après deux ou trois formules) sur le pain et le vin pour les transformer au corps et au sang de J.-C, et aussi pour faire que ce corps et ce sang précieux produisent dans les communiants leurs salutaires effets. Voici, par exemple, l’épiclèse la plus en usage aujourd’hui dans l’Eglise orientale, celle de la liturgie byzantine de S. Jean Chrysostome : « … Nous t’offrons encore ce sacrifice raisonnable et non sanglant, nous te prions, te supplions et te conjurons, envoie ton Esprit-Saint sur nous et sur ces oblations, et fais |de] ce pain le corps précieux de ton Christ. Amen. Et [de] ce qui est dans ce calice, le précieux sang de ton Christ, le transformant par ton Saint-Esprit. Amen. Amen. Amen. Ue manière qu ils soient pour les communiants purification de l’àme, rémission des péchés, accomplissement du royaume des cieux, gage de confiance devant toi, et non pas un jugement ou une condamnation. » (Brioutmax, Easlern Liturgies, p. 886-7.) La liturgie dite de s. Basile, en usage seulement à certains jours déterminés, s’exprime en termes légèrement dilférenls, qu’il nous faut citer, car la connaissance en sera nécessaire j)Our l’exposé historicpie qui suivra : « … C’est pour(pioi, tout saint Seigneur, nous aussi qui sommes (les pécheurs et tes indignes serviteurs…, nous nous approchons avec confiance de ton saint autel, et. t’otlranl les anlitypes du saint corps et du sang de ton Christ, nous te prions et te conjurons, ô Saint des saints, par une faveur de ta bonté, que ton Esprit-Saint vienne sur nous et sur ces oblations, qu’il les

bénisse, les sanctifie, et fasse [de] ce pain le corps précieux de notre Seigneur, Dieu et Sauveur J.-C, et [de] ce calice le sang précieux de notre Seigneur, Dieu et Sauveur J.-C, qui a été répandu pour la vie et le salut du monde. Amen. Amen Amen. Quant à nous, qui participons à un seul pain et à un seul calice, nous te prions de nous unir les uns aux autres dans la communion d’un seul Esprit-Saint, et de faire qu’aucun de nous ne communie pour son jugement ou sa condamnation… » (Brigutmax, op. cit., p. 405-6.)

L’exemple de ces deux liturgies byzantines suffit pour laisser voir aussitôt la ditliculté suggérée par de telles formules au sujet des paroles qui opèrent la consécration, en d’autres termes, au sujet de la forme de l’Eucharistie. A considérer la teneur de l’épiclèse et sa place dans le canon, il semblerait, à première vue, que la transsubstantiation n’a pas été accomplie par les paroles : Ceci est mon corps, ceci est mon sang, déjà prononcées, mais qu’elle doit l’être seulement au moment où se dit cette oraison. Telle est, en efl’et, la croyance actuelle de l’Eglise orientale schismatique, qui en a fait une divergence dogmatique entre elle et l’Eglise romaine. Que telle ne soit pas, au contraire, la croyance de la tradition patristique, cet article le montrera, en indiquant même le point précis à partir duquel s’est produite dans l’Eglise orientale la déviation dont sa doctrine présente est la conséquence. Une fois cette démonstration brièvement faite, il nous restera à concilier la tradition catholique avec le fait de l’épiclèse. Mais il sera utile, avant d’aborder ainsi directement la solution de la diflîculté, de rappeler tout d’abord certaines données théologiques et liturgiques.

II. Données théologiquss. — La thèse catholique est celle-ci : La forme de l’Eucharistie est constituée par les paroles de J.-C à la dernière cène : Ceci est mon corps, ceci est mon sang, paroles que le prêtre répète à l’autel au nom et en la personne de X".-S. Une fois ces paroles prononcées, la transsubstantiation est parfaitement accomplie. Bien que cette doctrine n’ait pas été solennellement définie par l’Eglise, on peut la considérer comme définie par le magistère oi’dinaire, ou tout au moins comme une vérité certaine et proche de la foi. Eugène IV s’exprime ainsi dans le décret pro Armenis. « Forma hujus sacramenli sunt verba Salvaloris, quibus hoc conficit sacramentum », Drnzinger, 698 (093). Xous sa^ons, du reste, par l’histoire du concile de Florence, que cette doctrine était unanimement proclamée en Occident à cette époque. Peu s’en fallut qu’on n’en fit une définition de foi (IIf.iele, Hist. des conc, trad. Delarc, t, XI, p. 451 seq.). Le concile de Trente (>’t’i.s-. xiii, cap. 3) suppose manifestement la même croyance :

« Semper hace fides in Ecclesia Dei fuit slatim post

consecrationem verum D. N. J. (-. corpus verum(]ue ejus sanguinem snb panis et vini specic una cum ipsius anima et divinilate exsistere ; sed corpus quidem sub specie panis et sanguinem sub vini specie e.r vi s’erhoruni. i> Dex/.., 876 (767). A ces déclarations il faut ajouter les rubriques ilu missel romain, spécialement De dcfectihus, V, n. 1 et X, n. 3. Mais on doit aussi tenir grand comi)te de deux décisions très formelles adressées au patriarche mclkilc d’Antioche, l’une par Benoît XIII le 8 juillet 1729, l’autre par Pie VII. sous forme de Bref, le S mai 1822. La première ordonne d’enseigner que la transsubstantiation s’acconii)lit non par l’invocation d S -Esprit, mais parles paroles de X.-S. ; la seconde interdit à qui que ce soit, sous les peines les plus sévères, d’enseigner ou de défendre la doctrine opposée (Coll. Lacensis,